Hier mardi, une forte délégation coréenne a investi le siège de la CGEM à l'occasion du Korea-Morocco Business Forum. Objectif de la rencontre, développer la coopération bilatérale, identifier les opportunités d'affaires pour les entreprises représentées dans la délégation et surtout défendre l'idée d'un accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays amis. En fait, il y a beaucoup de points communs entre la Corée du Sud et le Maroc, et pourtant tout un monde sépare leurs deux économies. Les deux pays partagent une démographie comparable, un positionnement géographique en carrefour, un passé historique similaire en ce qui concerne la période coloniale, et surtout le peu de ressources naturelles qui les inscrit dans une obligation de développement du capital humain en tant que principal vecteur de développement. Toutefois, il va de soi que les deux économies ne sont aujourd'hui en rien comparables. Un modèle plus qu'incomparable La Corée fait partie du gotha mondial des économies développées avec des entreprises de renommée mondiale à la compétitivité prouvée, alors que le Maroc s'engage à peine sur le chemin du décollage économique. «Nous voulons partager notre expérience de réussite économique avec le Maroc et par ce biais contribuer au développement du Maroc», s'enthousiasme Kyung Won Kim, vice-ministre coréen de l'Economie et du savoir. L'intitulé de ce ministre est édifiant sur le pont créé par la Corée du Sud entre développement du savoir et de l'économie. Un travail impressionnant qui positionne l'économie du pays du Matin calme dans le peloton de tête des pays industrialisés par le truchement de l'innovation. Pour revenir à la coopération bilatérale, il convient de rappeler que celle-ci ne date pas d'hier, même si elle s'est accélérée ces dernières années. En effet, les deux pays fêteront l'année prochaine leur cinquantième anniversaire de relations diplomatiques fructueuses. Cinq décennies jalonnées d'accords dans différents domaines, tel celui de la coopération économique et scientifique ratifié dès 1976. «Chaque année, la coopération entre les deux pays est renforcée avec de nouvelles actions. À titre d'exemple, la deuxième ville de Corée, Busan, a signé un jumelage avec Casablanca», explique le ministre coréen, avant de souligner l'importance du développement des échanges bilatéraux des dernières années : «Le volume des échanges bilatéraux a été multiplié par cinq durant la dernière décennie, et cette année encore ces échanges devraient battre de nouveaux records». Ainsi, beaucoup d'entreprises coréennes se sont installées au Maroc à l'image de Kia ou encore Samsung. Aussi, une entreprise coréenne, Daewoo Engineering and Construction, a remporté le marché de la construction de la centrale électrique de Jorf Lasfar. Toutefois, ces échanges restent en deçà du niveau souhaité par les deux partenaires. La part coréenne dans les échanges marocains ne dépasse pas le 1% et celle, marocaine, dans les échanges coréens est encore moindre. Pour donner un coup de fouet à la coopération, Kyung Won Kim argue : «Nous voulons un accord de libre-échange à l'image de celui qu'a conclu le Maroc avec l'Union européenne». Le ministre coréen entend porter la voix officielle de son pays et compte d'ores et déjà signer un mémorandum d'entente avec le ministère de l'Industrie et des nouvelles technologies marocain pour baliser le terrain. Les domaines de coopération potentiels sont multiples, notamment dans le domaine industriel et de l'énergie. «Nous croyons au fort potentiel de développement du royaume et un rapprochement avec celui-ci nous donnerait accès à des marchés aussi vastes que ceux de l'Afrique, de l'Europe et du Moyen-Orient», conclut le ministre coréen de l'Economie et du savoir.