L'été sera chaud cette année et pour l'industrie touristique, cela n'a rien d'un euphémisme. La période estivale, par excellence celle de l'explosion du chiffre d'affaires, s'annonce des plus incertaines et engendre, de ce fait, toutes les inquiétudes. En plus du Ramadan qui coïncide cette année encore avec les vacances d'été, la conjoncture économique qui persiste en Europe est venue s'ajouter à la liste des risques pour les arrivées touristiques. Pour les opérateurs pourtant, l'heure n'est pas à l'expectative. En prélude à cette période, c'est la grande mobilisation de concert avec la tutelle afin de parer à toutes les éventualités, et pour ce faire, aucune piste n'est écartée. Cette année, c'est particulièrement sur le tourisme interne que les opérateurs misent en grande partie pour atténuer l'impact de la crise européenne, qui risque de se traduire par des baisses d'arrivées touristiques et des nuitées. À cela s'ajoute le fait qu' il faudrait également compter avec le budget des touristes qui se rétrécit pour les mêmes raisons. Ainsi, pour promouvoir le tourisme interne, les acteurs institutionnels et privés se préparent au lancement de l'édition 2013 de l'opération «Kounouz Biladi», qui démarre cette semaine à travers une large campagne de promotion. Selon le président de la Fédération nationale du tourisme (FNT), Ali Ghannam, les opérateurs touristiques avec l'appui du ministère et de l'Office national marocain du tourisme (ONMT), s'activent à améliorer l'offre destinée aux touristes locaux à travers plusieurs nouveaux produits. «Nous préparons des packages destinés à la clientèle marocaine et particulièrement à la frange musulmane», relève le président de la FNT, qui cite entre autres l'organisation des ftours ainsi que des navettes entre les points touristiques et les mosquées. Nouveau souffle Cette année donc les opérateurs espèrent bien tirer pleinement profit de l'opération «Kounouz Biladi» qui peinait jusque-là à prendre ses marques. La montée en puissance du tourisme interne constitue une véritable niche pour accompagner ce développement. De moins de 30%, aujourd'hui, le ministère de tutelle espère porter d'ici quelques années la part du tourisme interne à plus de 40%. Il va sans dire qu'il faudrait plus d'initiatives et de nouvelles infrastructures dédiées, surtout que désormais la période pour l'opération ne sera plus limitée à la période estivale. Avec le lancement de la station d'Ifrane, qui a nécessité plus de 300MDH et l'entrée en service de nouvelles stations comme celle de Taghazout ou de Saïdia, les choses semblent se préciser davantage. Il ne reste que le côté mobilisation et le ministère entend signer plusieurs conventions de partenariats avec différentes institutions pour donner un nouveau souffle à cette opération. Il sera toutefois difficile d'atteindre les objectifs fixés à court terme, mais pour le ministère et les opérateurs, l'enjeu est multiple. Il s'agit de parvenir à compenser la perte que peut engendrer la situation économique au niveau européen, notamment en matière d'arrivées et de nuitées touristiques. L'objectif à ce niveau est de confirmer la tendance, pour cette année, avec une certaine reprise constatée dans le secteur, en dépit de la persistance de la conjoncture économique. Ce qui permettra de rester dans le cadre de la Vision 2020. Ce qui est sûr et contrairement à la tendance régionale, c'est que le Maroc continue à tirer son épingle du jeu. Selon les statistiques officielles, la bonne orientation des indicateurs de l'activité touristique au début de l'année en cours s'est confirmée ainsi que pour l'entame du second trimestre. Au terme du premier trimestre de l'année en cours, le nombre des arrivées touristiques a en effet atteint 1,8 million de touristes, en amélioration de 3% en glissement annuel, après un recul de 5% un an auparavant. Selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui a compilé les statistiques de l'Office des changes, cette hausse a été tirée principalement par le bon comportement des arrivées des touristes étrangers (+5%), accompagné d'une augmentation des arrivées des MRE de 1%. Ainsi par marché émetteur, le nombre des arrivées du marché espagnol, premier contributeur à cette progression, s'est consolidé de 5%, alors que celui du marché britannique, deuxième contributeur, s'est raffermi de 9%, suivi du marché américain (+13%), du marché allemand (+3%) et du marché italien (+2%). En revanche, les statistiques portant sur les arrivées des touristes français et des touristes hollandais ont révélé de légères baisses de 1% et de 2%, respectivement, par rapport à fin mars 2012. Ce tableau donne une vision d'ensemble sur les marchés émetteurs et permet d'anticiper sur les prévisions pour la période estivale, qui permettra de confirmer la tendance. Point de vue Mohamed Saïd Benazouz DG de l'agence de voyage Super Tours et membre de l'Association régionale des agences de voyage Casablanca (AVC) «Il va falloir nous adapter» Nous avons déjà vécu cette situation l'année dernière et celle d'avant, puisque le mois de ramadan coïncide depuis deux ans avec la saison estivale. Il est vrai que le mois de ramadan pose un petit problème pour le tourisme à l'import, comme pour les marocains qui vont à l'étranger. Certains touristes étrangers évitent de venir au Maroc, et il est vrai que les marocains évitent de se déplacer durant le mois sacré. Nous essayons donc de nous adapter à cette situation. Nous commercialisons une première tranche juste avant le mois de ramadan, entre la deuxième ou la troisième semaine du mois de juin et la première semaine de juillet. La plupart des agences proposent des produits pour cette période (Turquie, Thaïlande, Malaisie, Indonésie ou Espagne). Nous essayons d'avoir des allotements durant cette période à des tarifs attractifs. Il y a un produit spécifique pour le mois de ramadan. Nous avons aussi pris des allotements pour le mois d'août et de septembre vers les mêmes destinations, notamment du balnéaire. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le tourisme en interne, qui commence à bien marcher. Il y a une clientèle d'affaires au Maroc, des voyages organisés, ou encore les voyages familiaux. Notons que cette clientèle commence de plus en plus à accepter des propositions d'hôtels si l'agence a pu décrocher de bons tarifs, en attendant des offres convenables dédiées à la clientèle nationale. Le ministère du Tourisme planche actuellement sur le renforcement du programme Kounouz Biladi à travers la conception de villages touristiques dotés de véritables infrastructures, de manière à séduire les touristes locaux.