Des cadres du FMI sont depuis quelques jours au Maroc pour évaluer l'état d'avancement des réformes promises par le gouvernement. Autant dire qu'ils n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent car les principales réformes annoncées en grande pompe paraissent stoppées nettes par des calculs politiques. Le premier chantier sur lequel les émissaires de Christine Lagarde pourraient être déçus n'est autre que la fameuse réforme de la Caisse de compensation. Ce dossier, devenu énigmatique, est tiraillé entre plusieurs scénarios sans qu'il n'y ait de concret. Le point d'orgue de ce trébuchement est intra-gouvernemental puisque la piste qui serait privilégiée par Benkirane n'arrangerait pas les affaires de Chabat. Le premier souhaite y aller progressivement sur quatre années et le second se dit contre toute répercussion directe sur les couches défavorisées. C'est dire le fossé qui sépare les deux hommes, qui développent une approche totalement opposée de la gestion de la chose publique. Maintenant, l'Exécutif se contentera-t-il de présenter aux cadres du FMI des intentions de réformes, ou dispose-t-il d'une feuille de route prête au déploiement ? En tout état de cause, rien n'empêche le cabinet Benkirane de communiquer sur l'état d'avancement de ce dossier, si vraiment une quelconque réforme est enclenchée, avant de le soumettre au roi pour approbation, comme cela nous a été confirmés par le chef de gouvernement, il y a quelques mois, car il faut en finir avec cet attentisme tueur qui décrédibilise la politique et hypothèque l'économie. De plus, c'est la meilleure façon pour l'équipe de la majorité de démontrer qu'ils détiennent toujours les rênes du pouvoir et qu'il ne s'agit pas d'un gouvernement de gestion d'affaires courantes. En attendant, les premières fuites font état de recommandations peu reluisantes de la part du FMI, quant au respect des engagements pris, mais sans aller jusqu'à renouer avec le fameux PAS ! Faudra-t-il attendre encore jusqu'à ce que nous y arrivions ? La balle est exclusivement dans le camp de Benkirane.