Négociations houleuses entre les centrales syndicales et la Primature. Si certaines revendications ont été jugées un peu «avant-gardistes», d'autres ont, pourtant, été validées. Premièrement: l'IGR, le gouvernement ayant confirmé une baisse de deux points par tranche. Pour Larbi Habchi, de la Fédération démocratique du travail (FDT), ces deux points ne sont pas suffisants. «Le gouvernement ne prend pas en compte la hausse de l'Indice du coût de la vie, c'est pourquoi nous demandons une augmentation des salaires de l'ordre de 30 %». À défaut d'augmentation, les centrales ont demandé à ce que les frais de scolarité soient déduits du revenu imposable, dans l'attente de la refonte globale de l'IGR en 2011. Santé et éducation, choyées Mais il y a tout de même de bonnes nouvelles, précisément pour les fonctionnaires des ministères de la Santé et de l'Education nationale. Ceux d'entre eux qui exercent dans des zones enclavées verront leurs traitements valorisés de 700 DH. Cette mesure rétroactive est applicable depuis le 1er septembre 2009, en attendant sa généralisation. Une commis.sion mixte va être créée pour déterminer ces zones et par conséquent les bénéficiaires de cette mesure. Autre point. La suppression des échelles allant de 1 à 4 a été confirmée. La seule nouveauté concerne la date d'application, le gouvernement ayant finalement accepté la date du 1er janvier 2009, au lieu de 2010 comme initialement prévu. Concrètement, les intéressés devraient percevoir une augmentation allant de 200 à 400 DH. Mais des réserves subsistent. Miloudi Moukharik, de l'Union marocaine des travailleurs (UMT), nous confirme que «le ministère de l'Intérieur est assez réticent sur l'idée d'appliquer cette mesure». Près de 40 000 employés fonctionnaires des offices et établissements publics à caractère administratif seraient touchés par ce blocage. Diplômes et perte d'emplois Dans le même contexte, le reclassement des diplômés fait toujours l'objet de pourparlers entre la Fédération nationale des collectivités locales (FNCL) et les centrales syndicales. Sur un autre registre, l'avancée majeure de ce nouveau round du dialogue social concerne l'Indemnité pour perte d'emploi (IPE). Le gouvernement a donné son feu vert et un fond dédié à l'IPE devrait être créé en 2010. Les cotisations seront supportées à parts égales entre l'Etat, l'employeur et le salarié. Toutefois, des divergences sur le taux de cotisation subsistent. Les syndicats demandent en effet à ce que les employeurs en supportent la majeure partie, chose que rejette catégoriquement la CGEM. À ce propos, Miloudi Moukharik de l'UMT déplore «l'absence des représentants de la CGEM lors de ces discussions». Il est vrai que sans le patronat, le dialogue social risque de virer au monologue. OCP, 2M et Snoussi sur le grill L'hiver prochain risque d'être chaud, avec plusieurs conflits sociaux en perspective. D'une part, le bras de fer continue entre l'UMT et l'OCP. Les 850 employés licenciés n'ont toujours pas eu gain de cause. Pour l'Office, ces agents n'ont aucun lien juridique ou contractuel ni avec le groupe, ni avec la SMESI. Et pourtant, ces 850 personnes se déclarents employées de la filiale de l'office. D'autre part, les tensions sociales risquent aussi de s'exacerber dans le secteur de l'audiovisuel et précisément au sein de 2M. La chaîne de télévision compte procéder à une réduction de personnel et près de 200 employés seraient concernés par cette mesure. Enfin, les représentants des différentes centrales syndicales ont été très critiques à l'égard du gouvernement, en raison de la faillite du groupe Snoussi. Les syndicalistes reprochent à l'Etat de «rester dans l'expectative», alors que plus de 1 000 personnes pourraient se retrouver à la rue. Au-delà de la perte de revenu, l'impact social de ces licenciements est alarmant. Surtout quand on sait que ces employés constituent souvent l'unique source de subsistance de leur famille.