Une opération qui ne passera certainement pas inaperçue. Fipar International, la filiale offshore de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) qui loge les participations à l'international du groupe, vient de se désengager en partie du capital de l'opérateur touristique français Club Med. De fait, Fipar cède, conjointement avec un autre actionnaire de Club Med, le fonds anglo-saxon GLG Partners, 7,1% du capital de l'opérateur au conglomérat chinois Fosun. Ni le montant déboursé pour cette acquisition ni le pourcentage exact des participations cédées par Fipar n'ont été dévoilées. Mais l'on sait néanmoins que les parts qui ont changé de main ont été valorisées en Bourse à environ 25 millions d'euros (275 millions de dirhams). L'enjeu de cette opération est de taille. Faut-il le rappeler, d'aucuns ont soutenu que c'est la prise de participation de CDG dans le capital de Club Med (du reste l'une des participations à l'international les plus controversées de la Caisse) qui a coûté cher à l'ex-directeur de la CDG Mustapha Bakkoury. Mais passons sur la légende, cette transaction amène plusieurs implications. D'abord la question est de savoir ce qui ressort en net pour la CDG de cette transaction? «A priori une moins value», soutient un analyste financier. On serait effectivement tenté de le croire. En effet, les 10% du capital de Club Med que détenait la CDG jusqu'à maintenant, ont été acquis en 2006, soit au plus haut des cycles boursiers de l'opérateur. Il en avait d'ailleurs coûté à la CDG un milliard de dirhams à l'époque, ce qui correspond à un prix d'achat unitaire par action de 44,9 euros. Seulement, l'action Club Med a déçu depuis, à cause de résultats en-deçà des attentes. Conséquence logique son cours a dégringolé et pas qu'un peu : il avoisinait 32,75 euros début 2008, ce qui occasionnait déjà à l'époque une moins-value latente pour la CDG de plus de 220 millions de dirhams. Qu'en serait-il maintenant que le cours s'est enfoncé à 13,65 euros. L'on voit donc mal comment la CDG pourrait réaliser un profit sur sa récente cession de parts du Club Med. Mais pour perdante qu'elle soit, cette opération se devait d'être faite. D'abord, les moins values latentes engendrées par la dégringolade du cours de Club Med ont grevé les comptes de la Caisse, puisque des provisions se devaient d'être constatées. Qui plus est, Club Med s'est avérée être une entreprise très exigeante financièrement. En effet, quelques semaines avant le limogeage de Bakkoury en juin dernier la CDG avait été appelée à mettre la main à la poche pour suivre une augmentation de capital et un emprunt obligataire décidés par le management de Club : coût de l'opération 32 millions d'euros.Mais plus que ces considérations financières, c'est la présence même de CDG dans le tour de table du Club Med qui est de moins en moins justifiée en termes stratégiques. «La Caisse avait investi dans le Club dans l'optique de générer des externalités positives sur l'économie nationale en termes de tourisme. En raison de ses déboires, la chaîne n'est plus tellement en position de drainer les flux touristiques espérés», relativise un analyste financier. Le Club Med a-t-il définitivement raté le coche ? Ça reste à voir. En effet, la société a renoué avec les bénéfices au premier semestre (novembre 2009 à fin avril 2010). Le spécialiste du tout compris a ainsi dégagé un résultat net de 3 millions d'euros contre une perte de 22 millions sur la même période il y a un an. Même si le chiffre d'affaires est en retrait de 5,5 %, à 679 millions, et le nombre de clients en baisse de 4,5 %, le Club Med a donc montré une certaine capacité de résistance face à une conjoncture chahutée.