Certains parlent de malédiction quand d'autres préfèrent se concentrer sur l'esprit de Fès et ce que cela permet comme rencontres, voyages et rêves via la musique. Pas de Ben Harper, l'histoire est peu oubliée dans les couloirs des points de presse pour le festival et voilà l'annonce officielle de l'absence du grand Sabah Fakhri. L'artiste qui était attendu avec les grandes voix d'Alep est empêché pour cause de décès d'une de ses proches et l'état de santé déplorable de sa sœur ainée. Décidément, les propos de la conférence n'ont pas convaincu un parterre de journalistes restés sceptiques d'abord sur les raisons du choix de tel ou tel artiste mais surtout, quant aux versions multiples qui ne cessent de se propager tant qu'une version officielle et convaincante n'a pas été diffusée. Les langues se délient et les notes atteignent leur apogée pour ce dernier week-end de la 16e édition du festival des musiques sacrées. Sans Sabah Fakhri... C'est un répertoire s'articulant autour du sacré et mettant en valeur les plus grandes voix d'Alep qui sera présenté ce vendredi à Bab El Makina à partir de 20h30. À l'occasion, quatre grands artistes seront sur scène : le fameux munshid Sheikh Habboush, ainsi que Mustafa Hilal, Ahmad Azrak et Safwan Abid. Ces artistes alépins sont eux-mêmes les héritiers de l'inshad, chant religieux, essence du chant classique et de son esthétique émotionnelle. Malgré des carrières qui se concentrent plutôt sur le chant profane, tous conservent cette rigueur artistique et ce besoin de transcender la parole poétique révélée. Les voix du gospel En deux parties, Sista Kee et les Blind Boys of Alabama se succéderont sur les planches de Bab Makina pour ce samedi 12 juin. Au-delà des grandes chorales de gospel d'aujourd'hui, les Blind Boys of Alabama prolongent les racines d'une musique religieuse issue du monde rural du Mississipi et d'une Afrique autrefois prisonnière des champs de coton du sud. Les work songs, chants de travail et les shouts, véritables déclamations poétiques sur le modèle africain, esquisseront le negro spiritual au XVIIIe siècle. C'est cette même ferveur que l'on retrouve chez Sista Kee. Cette jeune chanteuse de San Francisco, évolue de la pure tradition gospel, au jazz, hip-hop ou blues, couvrant ainsi tout le registre d'une culture américaine noire nous renvoyant à l'Afrique.