La 9e édition du festival Mawazine a consacré quotidiennement sa programmation à des fêtes sonores authentiques et pleines d'émotion, qui ont drainé un public hétéroclite. Jeunes lycéens à la sortie des classes, curieux et festivaliers ont marché, claquant des mains, aux côtés de Fanfaraï (Maghreb France), Kocani Orkestar (Macédoine), Ostina Tono (Maroc) et Carnaval Baranquilla (Colombie). Renouant ainsi avec des traditions comme celles des formations festives ambulatoires, celles qui ont parcouru les rues de Mawazine ont exprimé la fête et le partage. Et puis il y a eu Carnaval Baranquilla. Tellement riche et coloré, ce carnaval qui s'est vu attribuer le titre d'Héritage national par le congrès colombien en 2001 a peint Rabat de toutes ses couleurs. Rouge comme la richesse du folklore, marron comme le son et vert, bleu, jaune comme toutes ses danses qui ont déhanché sur le bitume. Sans résistance, le public R'bati et même les occasionnels ont été emportés dans une folie festive ponctuée des klaxons et autres sifflements des chalands. Des esprits terre à terre s'en sont offusqués ! À compter d'aujourd'hui, mardi 24 mai, les grandes artères de Rabat continueront de s'animer mais différemment, avec Gangbe Brass Band (Bénin), Ali Aloui (Maroc –France), Aïssaoua de Meknès et Fanfare Tirana (Albanie). À retenir surtout, Ali Aloui, qui se trouve à la tête de six ensembles de musique réunissant chacun 40 musiciens et 10 danseurs et danseuses qui défileront dans les rues de Rabat au contact du public. Musiques pour tout le monde ? Et le soir viendra pour démentir ce que le jour a promis ! Quand les quatre grandes scènes du festival s'illuminent, à 21h pour la scène de Yacoub El Mansour et à 21h30 pour les autres sites, les barrières se lèvent, des voies se condamnent et la fête se voit scindée entre VIP et le reste du monde. Samedi dernier, après le concert du Caribéen Anthony Joseph à la scène OLM Souissi, c'est le Mika tant attendu, surtout par les adolescents, qui est venu enflammer les pistes et avec elles, la fougue et l'exaltation d'un public nombreux et très jeune. 26 ans à peine et Mika est déjà une vedette internationale reconnue et prisée par les festivals partout dans le monde. Auteur compositeur de pop, il décroche en 2007 le disque de diamant pour son premier album et de là, conquiert un public mondial. C'est chose confirmée, le temps de Mawazine où l'on note une présence beaucoup plus considérable si l'on veut la comparer à celle moins enthousiaste devant le grand Al Jarreau. Dimanche, il y en a eu pour plusieurs goûts. De la musique nigériane avec Seun Kuti sur la rive du Bouregreg, au genre plutôt oriental avec Elissa du Liban, sans oublier Julio Iglesias, l'Espagnol sans âge qui a affolé et ébloui jeunes mamies et adorables petits tontons. Julio Iglesias a conquis le monde tant sur le plan artistique que sur le plan commercial, avec son style particulier. Des chansons romantiques, et une voix veloutée, attachante et ponctuée de tendresse, appréciées par ses nombreux fans, venus chanter en chœur avec lui. Le meilleur est pour la fin ! Un des temps forts du week-end fût le concert du fils de Fela Kuti, celui qui a créé une nouvelle musique, l'«afro beat», qui a régné sur la scène de la musique populaire à Lagos depuis le début des années 70. Seun Kuti en est à son deuxième concert au Maroc. Avec grâce, énergie et furie du début à la fin du concert, Seun Kuti y a mis le geste, le phrasé et surtout le groove des voix d'Afrique qu'il a si bien hérité de son prédécesseur.