Il a eu droit à un accueil de star. Lundi dernier, c'est à Casablanca qu'il fallait se trouver pour assister au séminaire donné par Thami Kabbaj, ancien trader vedette à Londres, aujourd'hui professeur agrégé d'économie, spécialiste de la finance comportementale à Dauphine. De bout en bout, le professionnel a captivé une audience de professionnels et de curieux, venus en grand nombre. Coup de chapeau au passage pour l'Association professionnelle des sociétés de bourse (APSB), organisatrice de l'évènement, qui est parvenue à caser Casablanca dans l'agenda surbooké de l'ancien trader. Mais qu'est ce qui accroche chez Thami Kabbaj ? Sans conteste, son approche du trading essentiellement inspirée de la finance comportementale. Kabbaj met le trader en herbe ou confirmé face à ses limites. «Dans 90% des cas les traders n'acceptent pas la perte», avertit Kabbaj. Ce qui fait que les individus en situation perdante, dans le but de se refaire, deviennent de plus en plus preneurs de risque, et s'engagent davantage dans leur position perdante au lieu d'y mettre simplement fin. «Et il ne s'agit pas que d'une erreur de débutants, l'affaire Kerviel, c'était ça», illustre Kabbaj. Tout ceci alors qu'en situation gagnante on opte généralement pour une attitude conservatrice dans la mesure où l'on cherche à empocher le plus rapidement possible le moindre gain. Au final, «il faut laisser courir ses profits et couper ses pertes», recommande Kabbaj. Et l'on n'est pas à ce piège près. En général, «les marchés financiers ont la capacité de brouiller l'esprit d'un trader et vont le pousser à prendre des décisions irréfléchies». Pour s'en prémunir, il ne faut pas chercher à prévaloir sa propre vision sur la tendance du marché sous peine de tomber dans l'excès d'égo. «Victor Niederhoffer, une star du trading à qui le milliardaire George Soros avait confié l'éducation de son fils, a écrit en 1997, L'Education d'un spéculateur. La même année, il a fait faillite. Un bon trader est une personne humble», raconte Kabbaj. En fait, si l'on est un être suractif en termes de transactions, on pourrait bien être déjà atteint. Et la spirale va plus loin. On cherche à justifier son échec, en évoquant de multiples excuses : la théorie du complot, l'insuffisance du capital, la volatilité du marché trop ou pas assez affirmée. «Alors que l'échec provient réellement de l'absence d'un système de trading, et d'un manque de préparation psychologique», dévoile Kabbaj. D'où un état optimal que recommande le spécialiste. Dans un premier temps, il faut apprendre, s'éduquer, structurer son esprit et assimiler les bases du trading. L'objectif in finé étant de limiter l'impact négatif des émotions et de tendre vers plus d'objectivité. En règle générale, «en cas d'évolution marquée du marché, la réponse émotionnelle est plus intense chez le trader novice que chez le trader expérimenté», fait savoir Kabbaj. Et il n'y a pas de secret pour y arriver juste de l'entraînement. «Après tout, l'idée n'est pas d'éliminer l'effet de ses émotions, qui demeurent essentielles pour prendre toute décision, mais de les canaliser», résume l'expert. Avec tout ça une bonne dose d'autocritique reste essentielle.