Pour les professionnels de la logistique, l'édition 2010 de Logima est un rendez-vous qu'il ne fallait surtout pas rater. Et pour cause : ce salon s'est tenu quelques semaines après la signature du contrat-programme de la logistique le 20 avril dernier. Un événement très attendu à marquer et dont les enjeux sont de taille pour l'ensemble des parties concernées. Bien évidemment, ce contrat-programme a été le thème majeur abordé dans les couloirs du salon, d'autant plus que la nouvelle feuille de route «logistique» prévoit un lourd investissement de l'ordre de 73 milliards de DH. Un sacré record, par rapport aux enveloppes budgétaires consacrées aux autres stratégies sectorielles. Cette édition a donc été une occasion privilégiée pour informer, sensibiliser et faire adhérer les professionnels aux grandes orientations de ce contrat-programme. Pas de doute, il y a un avant et un après Logima 2010.De l'avis des opérateurs, ce salon a tenu toutes ses promesses, pour ne citer que le taux de fréquentation en hausse de 53% par rapport à l'édition précédente. Pas moins de 3.800 visiteurs professionnels ont fait le déplacement, avancent les organisateurs. Toujours côté chiffres, les 5.000 m2 d'espace d'exposition ont accueilli 91 exposants, dont huit entreprises représentant la France, l'Espagne et la Turquie, avec un taux de participation en hausse de 24%. «Nous sommes convaincus de l'utilité d'une gestion logistique efficiente comme avantage compétitif pour notre structure», admettent des visiteurs professionnels opérant dans le secteur de la distribution. Temps forts Le Salon a été marqué par plusieurs temps forts. Karim Ghellab, lors de l'inauguration du salon, a donné un signal clair aux opérateurs. «La stratégie nationale de développement de la compétitivité de la logistique intervient après l'achèvement de deux pré-requis, qui sont l'infrastructure et la libéralisation du système de transport de marchandises. Tous les maillons sont là pour réussir un déploiement en cohérence avec les autres plans sectoriels enclenchés par le Maroc», a souligné le ministre du Transport de l'Equipement. Les rencontres d'experts ayant ponctué les trois jours du salon ont permis de lancer des réflexions sur l'avenir et l'évolution des métiers, des bonnes pratiques et des tendances lourdes du secteur de la logistique. Autre moment fort du Logima 2010, la remise des trophées récompensant «les entreprises ayant amélioré significativement leur performance et leur compétitivité à travers la mise en place de solutions logistiques. Ces trophées ont été programmés afin d'instaurer un climat de compétitivité sain entre les différents acteurs du secteur», précise Mohamed Talal, directeur général de La Voie Express, entreprise qui a décroché le trophée de la prestation logistique. Les trois autres entreprises primées sont Acciona pour la catégorie Transport, Sanofi-Aventis Maroc pour la catégorie Industrie, et Kitea pour la catégorie commerce moderne. Peu d'annonces ont été faites autour de contrats conclus durant le salon, règles du business obligent. «Même s'il y en a eu beaucoup», assure un exposant prestataire en transport. Rendez-vous est pris pour Logima 2011. Des maillons manquants ? L'énorme buzz autour de l'externalisation et la mutualisation des flux nous l'aurait presque fait oublier «Les entreprises marocaines doivent d'abord quantifier le coût de leurs activités logistiques avant de penser à les externaliser», précise Philippe Pillaud, intégrateur de solutions logistiques à Casablanca. En effet, si logistique apparaît aujourd'hui comme l'approche appropriée de la gestion intégrée, la mise à niveau des entreprises en gestion logistique est un passage obligé. «Il ne suffit pas d'une présentation Powerpoint pour concevoir une stratégie logistique au sein d'une entreprise, il faut en assurer la mise en œuvre», ajoute Pillaud. De plus, il faudra tenir compte des réalités logistiques marocaines. Prenons la distribution par exemple, Si en France, 90% des clients sont des grandes surfaces ; au Maroc, ce sont les épiceries qui représentent 80% du volume de distribution. La mise en œuvre revêt à ce titre une importance capitale. Mais à aujourd'hui, les spécialistes pour la réaliser, le Maroc n'en a pas! «Le contrat-programme est un déclic»Philippe Pillaud : Consultant et associé au cabinet Optima Logistique Les Echos quotidien : Le contrat-programme de la logistique est enfin validé, qu'en pensez-vous ? Philippe Pillaud : Le contrat-programme a le mérite d'exister. J'estime qu'il était indispensable d'optimiser les flux par exemple sur Casablanca et de développer l'immobilier logistique au Maroc. Pour le consommateur, c'est important. Maintenant, l'amélioration de la compétitivité logistique du Maroc coule de source, avec ce déploiement et ces perspectives de partenariat public-privé. Le Maroc va rattraper son retard de 15 ans par rapport à l'UE en logistique. Les industriels marocains sont-ils sensibles aux enjeux économiques de la logistique ? À part un certain nombre d'entreprises et de prestataires, la plupart des opérateurs du tissu industriel n'ont pas encore intégré le volet logistique dans leurs stratégies. Mais à force d'en parler ces cinq dernières années, les choses commencent à évoluer. Aujourd'hui, un industriel qui n'a pas de fonction logistique au sein de sa structure perd entre 30 et 40% de surface de stockage, jusqu'à 20% en productivité et entre 20 et 30% en termes de transport. La logistique permet aux entreprises de maîtriser les coûts de mise à disposition, en maintenant qualité et service aux meilleurs standards. Que pensez-vous du choix des sites où doivent être implantées les ZLMF ? Le choix des sites est judicieux. Il n'y a pas de possibilités de les implanter ailleurs aussi. Pour un industriel de Casablanca, le fait d'avoir un entrepôt dégagé de la ville lui permet de faire des tournées tangentielles, alors qu'avant les tournées étaient circulaires. Les gains sont énormes pour l'entreprise. Quand une ville est saturée, on ne raisonne plus en kilomètres, mais en temps. De plus, l'accès facilité aux autoroutes dispensera les industriels et les prestataires logistiques d'investir en entrepôts dans les villes avoisinantes.