Infrastructures portuaires, zones logistiques, gouvernance, logistique urbaine, formation : des avancées sont annoncées dans plusieurs domaines. De nombreux projets de zones logistiques émergent, notamment les «truck centers», les ports secs, les entrepôts classés A et les silos céréaliers. Al'approche des élections législatives, beaucoup de ministres sont en train de faire l'inventaire de leurs actions ou s'y préparent. Celui de l'équipement, du transport et de la logistique, Aziz Rabbah, s'est plié, mercredi 22 juin, à cet exercice. Cette sortie était cependant uniquement consacrée à la stratégie nationale logistique 2010-2030. Malgré une conjoncture économique internationale difficile, des contraintes budgétaires de l'Etat et un retard de mise en place de l'Agence marocaine de développement logistique (AMDL) qui prend en charge la stratégie logistique, les premiers résultats sont satisfaisants, se félicite le ministre. Une feuille de route globale a été établie, avec pour objectif l'agrégation des flux, le développement d'infrastructures logistiques, la présentation d'une meilleure offre de transport, la facilitation des opérations logistiques aux frontières et l'amélioration de la sécurité et l'intégrité des marchandises. Cela a été suivi par un déploiement à grande échelle. Le guichet unique Portnet est dès lors étendu. Une zone spécifique dédiée à l'export au port de Tanger Med est en cours de réalisation. A Med Hub, une capacité de stockage frigorifique est créée pour les exportateurs. Et pour accompagner ce développement, la force de travail dans les ports marocains se renforce et s'organise. Les horaires de travail passent en mode 3 shifts (24h/24). Enfin, un observatoire de la compétitivité des ports marocains est désormais opérationnel. Côté compétences, une offre de formation est développée pour des profils tels que les opérateurs spécialisés en logistique et les conducteurs routiers. Nouvelle infrastructure dédiée, recherche appliquée en logistique, financement et processus de labellisation des filières et organismes de formation dans le secteur : tout cela a permis de tripler l'offre de formation en nombre d'établissements et de filières entre 2010 et 2014. Et pour mieux développer les compétences, les autorités de tutelle ont décidé de créer un cadre de coordination de la formation en logistique. L'objectif est de mener des actions de communication et de sensibilisation vis-à-vis des institutions de formation et des employeurs du secteur. De plus, une enquête annuelle pour estimer les besoins triennaux en compétences logistiques est prévue. Les structures de gestion et d'accompagnement sont en place Dans le même ordre, l'offre en immobilier logistique est désormais plus moderne et à prix plus compétitif. Selon Aziz Rabbah, près de 2750 ha ont été identifiés, soit 83% des besoins en assiette foncière. Des terrains ont été aménagés pour accueillir de nouvelles zones logistiques. On peut en citer Zenata et Mita aux environs de Casablanca et Med Hub. Tanger Automotive city, Tétouan Parc ou encore la Technopole d'Oujda figurent également parmi les zones modernes développées. A juste titre, la surface logistique aménagée est passée de 80 hectares en 2010 à 550 en 2015. A Casablanca seulement, l'offre d'immobilier logistique moderne est triplée. Le secteur privé a contribué pour 74% de la surface aménagée. Côté opérateurs, prestataires, freight forwarders et ceux de la messagerie se bousculent au portillon. Le ministère s'est également attelé à mettre de l'ordre dans les structures d'accompagnement. C'est ainsi que des comités logistiques ont vu le jour au sein des fédérations membres de la CGEM que sont l'automobile, l'agroalimentaire, l'aéronautique et autres, une fois que les instances de renforcement, à savoir l'AMDL, l'Observatoire de la compétitivité logistique (OMCL), le Board national de coordination de la formation en logistique (BNCFL), la Commission nationale de normalisation logistique (CNNL) ont été constituées. Le club des logisticiens qui est aussi mis sur pied à Casablanca et Agadir compte désormais un cluster dédié. Sur le volet réglementaire, la loi sur la logistique est en cours de préparation avec l'appui d'experts de la Banque mondiale. L'objectif est de doter le secteur d'un cadre réglementaire spécifique du métier incitant à la bonne pratique. En termes de normalisation, une commission nationale chargée de couvrir par des normes marocaines des domaines tels que l'immobilier logistique, les équipements de stockage, la manutention et le transport a été créée. Intégration plus poussée des PME grâce à l'externalisation Dans cet environnement de plus en plus favorable, le marché de la logistique a progressé annuellement en moyenne de 5,2%, à 23 milliards de DH durant la période 2010-2014. L'investissement des entreprises logistiques et de transport a également connu une embellie sur la même période. Avec une croissance de 29%, le total a atteint 27,73 milliards de DH entre 2010-2014 au lieu de 21,42 milliards pendant la période 2005-2009. Le marché attire même de nouvelles entreprises. Entre 2010 et 2013, plus de 5 000 entreprises de transport et de logistique ont été accueillies alors que durant la période 2006-2009, elles n'étaient que 2 398 entreprises. Le développement de tous ces paramètres a eu un impact positif sur les coûts logistiques. Une baisse a été enregistrée dans la valeur locative des entrepôts, dans le coût d'entreposage et celui de la traversée Tanger Med-Algesiras. Au regard des emplois, le métier a créé, entre 2009 et 2014, plus de 11 800 emplois se classant ainsi 4e secteur pourvoyeur de postes de travail. Il reste malgré tout des gaps à combler. A titre d'exemple, le taux d'externalisation demeure encore faible. L'informel gangrène le secteur sans compter l'usage limité de bonnes pratiques logistiques. Le prix des terrains aménagés dans certaines régions demeure élevé à cause de leur rareté. Pour y remédier, de nombreux projets de zones logistiques émergent, dont les «truck centers», les ports secs, les entrepôts classés A et les silos céréaliers. Le chantier de la logistique urbaine (solutions de circulation, stockage, adaptation des infrastructures...) est aussi ouvert à Casablanca. Les investissements attendus sont évalués à plus de 700 MDH. Un programme spécifique pour les PME visant à rehausser le niveau des pratiques logistiques est mis en œuvre. Le budget alloué à ce projet est de 15 MDH. Concernant l'offre, il est prévu de développer le tissu des acteurs. Et ce, par le biais de l'externalisation en l'accompagnant de mesures fiscales.