Les assurés pourront directement recevoir leurs médicaments coûteux des pharmacies qui ont accepté d'adhérer au système du tiers payant. L'alignement sur le PPV devrait entraîner une charge additionnelle de 52 MDH pour la caisse. Elle veut s'entendre avec les laboratoires sur le prix d'une trentaine de médicaments coûteux. Depuis le 3 juin, la pharmacie de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) est définitivement fermée conformément aux dispositions de l'article 44 de la Loi 65-00 portant code de la couverture médicale de base. Article, rappelons-le, qui interdit aux gestionnaires de l'AMO d'être en même temps prestataires de soins. Juridiquement, tout est donc rentré dans l'ordre. Par contre, la caisse sera confrontée à l'augmentation des dépenses médicaments. En effet, elle est désormais obligée de s'aligner sur le Prix public de vente (PPV), deux à trois fois plus cher que ceux de sa pharmacie. Explications... Une trentaine de pharmacies ont déjà décidé de coopérer Cette fermeture marque le démarrage du tiers payant, système sur lequel se sont mis d'accord, à travers une convention signée le 29 mars dernier, les organismes gestionnaires de l'AMO et la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) et le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOP). Le mécanisme doit, selon la convention, entrer en vigueur le 17 juillet prochain. Mais la CNOPS a été en quelque sorte forcée de démarrer plutôt en raison de la décision de la CNOP d'interdire les laboratoires d'approvisionner sa pharmacie. Pourtant, celle-ci n'offrait plus qu'une trentaine de médicaments coûteux relatifs aux hépatites, à la néphrologie, la sclérose en plaque, etc. Le reste ayant déjà été externalisé aux centres privés d'oncologie et aux pharmacies hospitalières en vertu d'un avenant signé avec l'ANCP en janvier 2008. Comme les patients ne pouvaient plus disposer de leurs médicaments, faute de stock, la CNOPS a donc décidé d'anticiper l'application de la convention. Son directeur Abdelaziz Adnane a pris soin d'avertir l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), le ministère de la santé et la CNOP, en mettant en avant la situation d'urgence, l'éventuelle non assistance à personne en danger et surtout la permanence des droits acquis. L'ANAM réagit le 2 juin pour rappeler la nécessité de se conformer au délai légal, soit le 17 juillet. Le temps restant à courir devait être mis à profit pour diffuser au sein des pharmaciens le contenu de la convention nationale et les documents normalisés ainsi que pour instruire les demandes de codes INPE (Identifiant national des professionnels de santé et des établissements de soins). Selon la caisse, «des pharmaciens disposent déjà du code INPE et la CNOPS a lancé, à partir du 3 juin, une campagne de communication de proximité pour inciter les pharmaciens à souscrire à son tiers payant». On annonce qu'«en une semaine, une trentaine de pharmaciens de Rabat, Casablanca, Agadir, Settat et Tanger, y compris des responsables du CNOP et de la FNSPM, ont formulé leur demande d'adhésion». Les assurés pourront présenter leurs demandes de prise en charge de 86 médicaments coûteux aux pharmaciens qui remplissent les conditions requises. Il faut qu'ils aient le code INPE et soient agréés par la CNOPS. Si le volet organisationnel est réglé, la direction de la CNOPS s'attaque au volet financier. Le tiers payant implique que la CNOPS, dont la pharmacie a toujours distribué ces médicaments avec un décrochage de prix intéressant par rapport au prix des officines, va s'aligner sur le PPV. D'où une charge additionnelle estimée à 52 MDH annuellement. Par conséquent, M.Adnane souhaite se réunir, sous la supervision du ministère de la santé, avec 10 laboratoires de la place afin de discuter du prix d'une trentaine de médicaments coûteux.