Les assurés se gardent de déclarer les petits sinistres. Ils sont découragés par la hausse des primes et des franchises entamée il y a deux ans. La franchise est interprétée par les assureurs comme un acte moralisateur qui responsabilise l'assuré. La parade des assureurs pour contrer la montée en flèche de la sinistralité sur les garanties complémentaires semble réussir. Deux ans après le relèvement des niveaux des primes et des franchises, intervenu en 2014, le marché se régule à grands pas. D'après les responsables des compagnies sondés, notamment les plus grandes, les déclarations de sinistres mettant en jeu les garanties annexes sont en nette baisse. Leur nombre a chuté de 30% en moyenne au niveau du secteur. Quelques opérateurs rapportent des plus importantes atteignant 45%. Visiblement, la tendance des assurés à déclarer tous azimuts les incidents même les plus anodins s'estompe. En réalité, ils n'ont plus le choix. Sentant l'abus de l'utilisation des garanties annexes sur les dernières années, la majorité des compagnies a mis à jour la grille tarifaire des garanties complémentaires en relevant le montant de la prime et le niveau de franchise. Plusieurs garanties optionnelles, notamment le dommage au véhicule, le bris de glace, la dommage tous risques et la mini-tierce (garantie dommage limitée) ont été concernées. De plus, la tous risques à été supprimée pour les véhicules de plus de cinq ans, et les montants des franchises indexées sur le nombre de sinistres. Les déclarations frauduleuses sont en baisse Les professionnels font savoir que l'effet du réaménagement des grilles tarifaires et des conditions de remboursement se fait sentir à travers trois cas de figure. Ces situations concourent à expliquer l'éviction grandissante des bénéficiaires des garanties optionnelles. Un premier lot des assurés est constitué de ceux qui ne déclarent plus du moment que le montant des dégâts à réparer est bien en deçà de la franchise, ce qui veut dire que les souscripteurs prendront en charge la totalité de la réparation. En deuxième lieu, sont exclus ceux qui ont des sinistres dont les montants sont légèrement supérieurs au niveau de la franchise. Le reliquat, quelques centaines de dirhams, remboursés par la compagnie n'incite plus les clients à perdre leur temps dans les démarches et choisissent tout simplement de supporter la totalité du sinistre. Raffermissement des primes émises au titre des garanties complémentaires Enfin, le nombre d'assurés peu scrupuleux qui abusaient des fausses déclarations a significativement baissé à la faveur des nouvelles règles du jeu. Pour une source à Wafa Assurance, un des leaders de la branche auto, cette régulation s'est imposée. Durant les dernières années, une recrudescence de la sinistralité avait été observée dans la branche auto. Elle a augmenté de 20 à 30% annuellement. Au même moment, le volume des primes ne progresse que de 10% en moyenne. «La franchise est un acte moralisateur qui responsabilise l'assuré et le pousse à surveiller son comportement de conduite, étant entendu que l'assureur ne prend pas en charge tous les dégâts», explique un assureur. Cela rejoint l'esprit même de l'assurance. «Sa mission n'est pas de faire de la maintenance, mais protéger le souscripteur lors des gros coups», ajoute-t-il. Cette baisse remarquable des déclarations de sinistres est accompagnée d'une hausse des primes émises au titre des garanties complémentaires. «Le chiffre d'affaires du sous-segment des couvertures annexes se développe très rapidement essentiellement en raison de la croissance du marché des voitures neuves», analyse une source à Saham Assurance. De plus en plus de clients achetant un véhicule neuf préfèrent prendre une assurance tous risques avec une palette étoffée de garanties optionnelles. Psychologiquement, les acquéreurs à crédit sont plus demandeurs de couvertures. Ils veulent ainsi sécuriser leur investissement durant toute la durée du crédit. Pour les assureurs, cette amélioration des primes va compenser les prestations servies au titre des garanties annexes, sachant que la rentabilité de ce sous-segment n'était pas toujours reluisante. «Le taux de couverture S/P (sinistres/ primes), qui dépassait structurellement les 100% sur les dernières années, reprend progressivement la trajectoire descendante», remarque-t-on dans le secteur.