Les primes émises sont passées de 90,5 MDH en 2013 à 126,2 millions à fin 2015. Les banques sont plus ouvertes aux entreprises qui ont souscrit une police d'assurance crédit. Le réflexe de se couvrir contre le risque d'impayés s'installe chez un nombre grandissant d'entreprises. Selon les chiffres de la Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance (FMSAR), les primes émises de l'assurance crédit ont crû de 40% en trois ans. De 90,5 MDH en 2013, elles ont atteint 126,2 millions à fin 2015. Pour les opérateurs du marché, cette tendance s'explique par la forte hausse des retards de paiement et des défaillances. «En observant leur environnement, de plus en plus d'entreprises, notamment des PME, ont pris conscience qu'un impayé peut sceller leur sort et essaient de s'en prémunir en assurant leur poste clients», explique un spécialiste. Aujourd'hui, les créances clients représentent 35% de l'actif du bilan des entreprises au Maroc et une bonne partie des PME dépendent d'un cercle de clients réduit. Dès lors, un impayé qui pèse directement sur les marges peut précipiter le dépôt de bilan. La facilitation de l'accès au financement constitue un autre facteur déterminant dans le choix des patrons. Les banquiers sont en effet plus enthousiastes à suivre une entreprise dont les créances sont garanties et le risque d'impayés neutralisé. «Plusieurs de nos clients cherchent aussi l'accompagnement et l'expertise de l'assureur-crédit en souscrivant une police d'assurance pour développer leur activité sereinement», explique un acteur du marché. En plus de l'assurance du poste client, les assureurs-crédit proposent des prestations d'analyse de marché, d'évaluation des risques et des études sectorielles pour la prévention des impayés, en plus des services de recouvrement. «Cet accompagnement permet à l'entreprise de mieux connaître ses clients, découvrir de nouveaux marchés, mesurer les tendances du secteur d'activité, d'identifier clients et fournisseurs, de prendre les bonnes décisions de crédit et surveiller les concurrents», ajoute un professionnel. Une seule facture non recouvrée constitue un fardeau Malgré le changement de comportement, la pénétration de l'assurance-crédit reste encore très timide. Les primes émises représentent à peine 0,5% du chiffre d'affaires de l'assurance. Les assureurs présents sur le marché affirment que les managers des PME structurées qui raisonnent en termes de concentration des créances, de marge et de résultat sont très demandeurs. A l'opposé, les propriétaires des affaires familiales sont plus réticents. Les commerciaux ont beau énumérer les avantages d'assurer ces créances mais leur argumentaire ne convainc pas à tous les coups. «Ces chefs d'entreprises sont peu perméables par nature aux produits novateurs, encore moins à des produits dont les effets ne sont pas perceptibles sur le champ», confie une source du secteur. La durée moyenne de concrétisation d'une police d'assurance renseigne clairement sur les difficultés que rencontrent les acteurs du marché dans leur démarche de prospection des PME non structurées : elle est rarement inférieure à trois mois. Pour sensibiliser les entreprises au coût des impayés, Coface propose sur son portail internet un simulateur qui calcule le chiffre d'affaires additionnel pour compenser un impayé. Par exemple, pour une facture non honorée de 50 000 DH, en retenant un taux de marge de 4% (moyenne des PME), l'entreprise doit réaliser 1,25 MDH de chiffre supplémentaire pour rattraper la perte. Pour se prémunir contre ce risque, les deux opérateurs du marché, en l'occurence Euler Hermès Acmar qui contrôle 85% de l'activité et Coface qui détient les 15%, proposent un large éventail de contrats d'assurance-crédit selon les spécificités de chaque entreprise. En général, les polices couvrent le risque de non-paiement lié aux crédits clients à court terme accordés lors de ventes de marchandises ou de prestations de services. En contrepartie, l'entreprise s'acquitte d'un taux de prime, exprimé en «pour mille», applicable au chiffre d'affaires assurable. En moyenne, les indemnités sont à hauteur de 75% du montant de la facture TTC L'assurance concerne tous les clients, qu'ils soient situés au Maroc ou à l'étranger, à l'exception notamment des particuliers et des entreprises liées à l'assuré. Les clients sont classés en deux catégories : les «non-dénommés» sur lesquels l'entreprise est garantie sans demande d'agrément préalable jusqu'à un seuil de découvert prévu dans le contrat et les «dénommés» dont le niveau de garantie est fixé individuellement en fonction des besoins du souscripteur et des éléments d'appréciation de l'assureur. Le délai maximum de paiement (à partir duquel l'impayé se déclare) est déterminé à la signature du contrat et dépend des usages du secteur. Une fois ce délai atteint pour une facture donnée, l'entreprise doit envoyer une demande d'intervention contentieuse à l'assureur-crédit. Dès réception de cette demande, elle est indemnisée le mois suivant le délai de carence (généralement de 3 à 6 mois). Pour les clients en procédure collective, l'indemnisation a lieu dans le mois qui suit le jugement de redressement ou de liquidation judiciaire. En moyenne, les indemnités sont à hauteur de 75% du montant de la facture TTC ou 85% du montant HT garanti s'il s'agit d'un client dénommé et à hauteur de 50% du montant HT s'il s'agit d'un client non dénommé. Le montant maximum pouvant être versé à un assuré au titre d'un exercice d'assurance ne peut dépasser 20 fois la prime annuelle.