La huitième édition des Journées du patrimoine a eu lieu du 28 mars au 3 avril. Organisées par l'association Casamémoire, lesdites journées ont amené les Casablancais à découvrir leur ville à travers une programmation culturelle de qualité. Du 28 mars au 3 avril, une huitième édition particulièrement riche des Journées du patrimoine a été organisée par l'association Casamémoire. A la clé, une programmation culturelle intense, mettant en exergue toute la beauté et la diversité des sites de la ville, en sus de la richesse culturelle qui l'habite. Des visites guidées gratuites ont été encadrées par quelque 250 guides bénévoles formés par l'association, afin de faire découvrir autrement un trésor patrimonial sur lequel on s'attarde rarement au quotidien. Un grand nombre de visiteurs s'est inscrit pour bénéficier de la même formation et devenir ambassadeurs de la ville blanche aux prochaines éditions. La culture habite Casa La riche programmation culturelle, proposée gratuitement lors de cette édition, force le respect. Tant par sa richesse que par sa diversité, elle s'est inscrite dans l'espace public, en rendant hommage à des lieux et places mythiques, d'habitude confinés à l'oubli. Photographie, cirque, graffiti, littérature, tables rondes, danse, dessin, art culinaire, hip hop et bien d'autres disciplines permirent ainsi de découvrir autrement l'architecture et l'urbanisme de la ville. A titre d'exemple, les anciens abattoirs ont accueilli l'exposition «Displacement» de la photographe Asmaa Akhannouch, ainsi que les ateliers du Théâtre nomade. Casaprojecta, l'événement ciné court-métrage, a déposé ses projecteurs à la Cigale. L'artiste Jamal Nouman a inauguré les journées par un concert à l'Ecole des beaux arts, pendant qu'une soirée andalouse avait lieu au Musée Dar Al Ala. L'institut Cervantès a accueilli quant à lui l'exposition des dessins de Casablanca réalisés lors d'un atelier de dessin en octobre 2015. Des guides très volontaires Dans le même cadre, Casamémoire et Casa/docks se sont unis pour un cycle mensuel «Architectures dans la vi(ll)e» afin de projeter cinq films documentaires, pour la plupart inédits au Maroc, au cinéma ABC. Même la cuisine a été au rendez-vous à travers un atelier pâtisserie à la maison Bennis au quartier des Habous. Au total, chaque journée proposait une vingtaine de rendez-vous culturels, de quoi assouvir l'appétit insatiable d'une mégapole comme Casablanca. Lorsqu'en 2012, Samba Soumbounou intégra Casamémoire en tant que guide bénévole, c'était par curiosité et par volonté de briser la carapace défensive dans laquelle se recroqueville la plupart des étrangers qui viennent s'installer au Maroc. Fort d'une maîtrise en sociologie et philosophie en Mauritanie, ainsi que de son cursus en ingénierie culturelle au Maroc, il va à la conquête de la ville blanche sous les yeux incrédules des locaux. «Quand j'ai su qu'il y avait une église, une synagogue et une mosquée dans la médina, j'ai voulu absolument faire ce circuit. Dans les rues de la vieille cité, on s'exclamait souvent de me voir faire le guide. "Parce que tu penses connaître notre ville mieux que nous ?", me disait-on», raconte Samba Soumbounou, aujourd'hui chef de projet de la formation des guides à Casamémoire. Pourtant, depuis le début des Journées du patrimoine, ce sont souvent les étrangers, européens pour la plupart, qui s'intéressent à la formation. Avec deux cycles par an, quelque 300 personnes sont impliquées chaque année. Certains pour leur propre culture générale, d'autres avec la réelle intention de servir de guide bénévole pour la ville de Casablanca. «Cette année, nous avons plus de Marocains que d'étrangers. Cela veut dire que l'on s'intéresse de plus en plus au patrimoine. Mais il y a aussi la beauté de la médiation culturelle qui y est pour quelque chose», explique Samba. Autre élément intéressant: «Il y a de plus en plus de femmes qui s'inscrivent à la formation des guides», se félicite Nezha Sebti qui en est à sa sixième édition des Journées du patrimoine, en tant que guide bénévole. En effet, 70% des guides aujourd'hui sont femmes. Retraitées, jeunes femmes actives et même lycéennes, suivent la formation pour s'approprier un espace public qui leur est souvent hostile. La 8e édition a connu également la participation des établissements scolaires comme le lycée Lyautey, avec ses élèves âgés de 14 à 16 ans, ou ceux encore de l'école Alexandre, âgés de 11 à 13 ans, qui ont joué aux guides lors des visites des écoles et dont certains ont participé aux journées avec les adultes. «Ce sont les Casablancais de demain. Casamémoire tient à les impliquer dans la protection du patrimoine», explique Samba. Ladite formation porte sur des connaissances historiques, techniques et culturelles, mais dépend essentiellement de la bonne volonté des participants. «La formation dispense 80% des éléments. Mais c'est au guide de parfaire son enseignement. Il y a également sa disposition à rencontrer des gens nouveaux et à vouloir partager et échanger avec eux», explique Samba. Une volonté qui semble animer les guides qui restent disponibles tout au long de l'année, que ce soit pour des balades urbaines, comme pour les visites privées. «Casamémoire nous contacte souvent pour faire visiter des sites à des groupes demandeurs. Les guides y répondent toujours avec plaisir. Il y en a même qui viennent de Rabat et d'El Jadida pour cela», assure Nezha Sebti. Cette activité génère quelques confrontations avec les guides officiels, mais «on essaie de leur expliquer que les guides bénévoles s'adressent à une autre cible qui n'est pas forcément celle qui aura recours à un guide payant pour découvrir la ville, notamment les Casablancais curieux de connaître leur patrimoine», assure Samba Soumbounou.