Facture d'eau, transport, essence, lait, fruits et légumes… la liste des produits dont les prix sont en hausse est encore longue Flambée du prix de pétrole, aléas climatiques…. Ces raisons n'expliquent pas tout. L'impression est largement partagée. La vie devient plus chère et le pouvoir d'achat a pris un coup durant les douze derniers mois (septembre 2004 à août 2005). Les données recueillies sur le terrain par La Vie éco corroborent ce constat, même si l'indice du coût de la vie semble refléter une évolution normale. Certes lorsque l'on se penche sur les augmentations dans le détail, c'est de centimes que l'on parle mais les quantités consommées et l'éventail des produits font que les ménages ressentent ces augmentations. D'abord parce que les prix de certains produits de grande consommation et services essentiels (essence, transport, eau-assainissement, fruits et légumes…) ont tendance à grimper. Ensuite, fait conjoncturel, parce que septembre coïncide avec la rentrée scolaire et que, dans quelques semaines, il faudra affronter le mois de Ramadan. Dans cette série de hausses, le pain a ouvert le bal, dès septembre dernier. Après avoir tenu pendant près d'un an face aux revendications des boulangers, le gouvernement a cédé, avalisant une augmentation de 10 centimes sur la baguette et le pain rond. La levure a suivi avec une moyenne de 50 centimes/ kg. Les produits de première nécessité sont touchés Ensuite, les consommateurs ont constaté une hausse de la facture trimestrielle de l'eau. Et pour cause, l'assainissement liquide, défiscalisé jusqu'alors, a été soumis depuis janvier 2005 à une TVA de 7% directement répercutée sur le consommateur final. L'augmentation a pesé sur le moral des ménages dont certains ont bruyamment manifesté leur désapprobation dans les agences au moment du paiement. Pour ne rien arranger, la nature a été moins clémente et les premiers mois de l'année ont été difficiles aussi bien pour le consommateur que pour l'agriculteur. Le gel et la chaleur qui ont frappé successivement ont pesé sur les cours de plusieurs fruits et légumes faisant de 2005 une année record en matière de hausse des prix. On a espéré une accalmie après la flambée de l'hiver. Elle n'est arrivée que quelques mois après, sans pour autant éliminer totalement la hausse. Les informations communiquées par le marché de gros de Casablanca en attestent. Les prix des fruits et légumes de grande consommation sont plus élevés que ceux de la même période de 2004. Désormais, le tajine, recette miracle pour faire manger le plus grand nombre de personnes au moindre coût et maintenir la paix sociale, revient plus cher. Les prix de ses ingrédients, tomate, oignon, courgette, carotte et haricot vert…., ont fait une sacrée escalade en douze mois. A titre d'exemple, la tomate est passée de 1,25 DH /kg en août 2004 à 1,65 DH en août 2005, les haricots verts de 3,50 à 4 DH/kg et les carottes de 1,40 à 1,60 DH/kg. Et ce sont là les prix de gros auxquels il faut ajouter la marge des détaillants qui, elle, n'obéit à aucun contrôle. Les produits laitiers n'ont pas échappé à la hausse même si elle est moins importante que celle des fruits et légumes. Elle frappe aussi bien le lait que les yaourts et le fromage en portions. L'augmentation moyenne a été de 10 centimes par unité (berlingot, pot, boîtes de 8 portions) pour ces trois catégories au moment où les boissons gazeuses ont maintenu leur niveau à l'exception des limonades Hawaï et Pom's (30 centimes d'augmentation) et le conditionnement Maxi (1/2 litre) dont le prix a grimpé de 50 centimes d'un seul coup. Le sucre, quant à lui a été cet été l'objet de pratiques spéculatives qui ont entraîné une hausse chez l'épicier de 30 centimes par kilo sans que le prix sortie usine varie. Autres augmentations plus spectaculaires, les détergents dont le prix du grand paquet est passé de 28 à 29 DH en épicerie. D'autres produits plus symboliques n'ont pas été non plus épargnés. C'est le cas de la farine Cérélac, aliment pour nourrisson dont la consommation est largement répandue dans les couches moyennes et pauvres. Le paquet de 350 g est passé de 16 à 17 DH. Même chose pour les shampoings. Si la tendance générale s'inscrit à la baisse, concurrence oblige, une seule marque fait l'exception: Cadum, le shampoing bas de gamme mais champion des ventes. Son prix a grimpé de 50 centimes pour la bouteille 110 ml et de 30 centimes pour celle de 55 ml. Le même niveau de hausse est enregistré du côté des rasoirs Bic et Gillette Plus (50 centimes) destinés à la classe C. Les produits cosmétiques, de façon générale, ont enregistré une hausse de 2 DH. Les analystes imputent cette hausse des prix à la flambée des prix du pétrole, notamment pour les produits dont l'emballage en plastique intervient pour une bonne part dans le coût de revient. Il faut dire que sur le marché international, le polyéthylène servant aux conditionnements a même frôlé la rupture de stock cet été. Même effet pour les produits issus de l'industrie chimique comme les ustensiles en plastique, qui, confirme-t-on chez les commerçants, ont connu des hausses substantielles. Côté biens d'équipement, la disparition des prix de référence a certes entraîné une baisse du prix des appareils électroménagers au cours de ces quatre dernières années, mais cette baisse a été compensée par l'évolution technologique. Autrement dit, aujourd'hui, une télé à écran bombé ne vaut presque rien, mais qui irait en acheter ? «Avec l'apparition des écrans plasma et autres LCD, des réfrigérateurs no-frost ainsi que de machines à laver plus évoluées, les prix ont augmenté», explique le responsable achats d'une chaîne de grande distribution. Pour corser l'addition, les prix des produits pétroliers, à l'exception du butane, ont subi deux augmentations en moins de 3 mois. La première est intervenue le 16 mai dernier. Elle a concerné tous les carburants dont les prix ont été augmentés de 50 centimes le litre, soit : + 5,1 % pour l'essence super, + 5,6 % pour l'essence ordinaire (supprimée depuis le mois de juillet), + 8,4% pour le pétrole lampant, + 8,4 % pour le gasoil et + 6,9% pour le gasoil 350. La deuxième augmentation quant à elle a été décidée le 7 août dernier en pleine période de vacances et certains estivants n'en ont été informés qu'en allant se ravitailler. Là encore, les carburants ont été augmentés de 50 centimes le litre, soit + 5,3 % pour l'essence super qui a désormais dépassé le seuil psychologique de 10 DH, atteignant 10,37 DH/l, + 7,7 % pour le pétrole lampant, 7,7 % pour le gasoil et 6,5 % pour le gasoil 350. Au total, cela fait une augmentation oscillant entre 10,4 % et 16,1 % pour les carburants (selon les produits) et atteignant 35,6 % pour le fioul industriel. Ce qui n'a pas été sans impacter les autres activités. Les premiers à avoir décidé de répercuter cette hausse ont été les compagnies de transport. Les prix des billets de transport interurbain ont en moyenne augmenté de 10 DH. C'est le cas à titre d'exemple de la ligne Casablanca-Tanger de la CTM, qui est passé de 120 à 130 DH. Les petits taxis sont quant à eux en train de négocier une révision à la hausse de leurs tarifs, au moment où les grands taxis et les bus les ont déjà augmentés de 50 centimes. Du côté des automobilistes, le mécontentement aura été accentué pour ceux qui empruntent l'autoroute. Le 15 août dernier, Autoroutes du Maroc a décidé de réviser à la hausse le ticket du péage sur les tronçons les plus fréquentés. Sur l'axe Casablanca-Rabat, le tarif a été fixé à 20 DH pour la catégorie 1 (tourisme) et 30 DH pour les catégories 2 (voiture avec caravane) et 3 (poids lourds). Pour Rabat-Kénitra, il est fixé à 12 et 18 DH. Le tronçon Kénitra nord- Sidi El Yamani coûte désormais 43 DH et 65 DH et Fès-Sidi Allal Bahraoui 45 DH et 68 DH. Au final donc, ce sont surtout les produits de grande consommation qui auront le plus pâti des augmentations depuis un an. Mais que cette augmentation soit justifiée par des raisons conjoncturelles (pétrole, climat…) ou de rentabilité, pour le consommateur, le résultat est le même. Même si elles se mesurent en centimes, les quantités consommées et l'éventail des produits font que les augmentations sont durement ressenties par les ménages.