Avec une répercussion pouvant atteindre une hausse de 1,80 DH sur le litre de gasoil, l'indexation est à écarter dans l'immédiat, apprend-on du côté ministère des Finances. Peut-on vraiment parler d'une indexation des prix du pétrole au Maroc sur les cours à l'international ? Et si tel est le cas, quel serait son impact sur les consommateurs, industries comme citoyens ? Pour un responsable au ministère des Finances, ayant requis l'anonymat, on ne peut pas parler actuellement d'indexation, dans la mesure où politiquement, cette décision serait difficile à assumer. Si répercussion il y a, les prix du pétrole devront significativement augmenter. Celui du gazoil, à titre d'exemple, et selon la même source, devrait être revu à une hausse estimée à 1,80 DH. « Un retour à l'indexation suppose un retour des prix du pétrole à l'international à de meilleurs sentiments ». Ce qui n'est pas pour demain. Les facteurs ayant entraîné la hausse record enregistrée actuellement ne sont pas prêts d'être atténués. La demande de pays comme l'Inde et la Chine, en pleine croissance, est toujours forte. La situation du secteur du raffinage est toujours en dégradation. Ces deux éléments combinés prédisent un statuquo de la hausse pour au moins deux autres années. Sans oublier les éléments conjoncturels. «Katrina» oblige, c'est maintenant l'Europe qui approvisionne, mais jusqu'à quand ? C'est dire qu'une autre flambée est à prévoir. L'effort de l'Etat, qui a déjà débloqué près de 4 milliards DH à fin août, devrait dans ce cas se poursuivre. Il atteindrait, nous précise la même source, quelque 7 milliards DH à la fin de l'année 2005. Les industriels, eux, devraient également continuer à supporter une part de la hausse des prix. Les opérateurs dans le secteur des transports tant des biens que des personnes étaient dans ce sens les premiers à monter au créneau, demandant une répercussion des hausses des prix du pétrole sur la facture de leurs services. «Une telle attitude est quelque peu exagérée. L'impact actuel de cette hausse sur la rentabilité de ces secteurs est loin d'être aussi grave que certains opérateurs tentent de nous le faire croire ». Une simulation s'impose. Si un bus consomme en moyenne journalière 100 litres de gazoil, la hausse de 50 centimes le litre opérée récemment se traduit par une hausse de 50 DH seulement de frais de carburant par jour. La marge bénéficiaire n'est que légèrement rétrécie. « Certains cherchent à répercuter uniquement les hausses. Quand des baisses de prix sont enregistrées, personne ne songe à en faire profiter ses clients ». Les citoyens devraient également suivre en supportant une part du poids de la hausse, notamment en réduisant leur consommation. La crise est mondiale, au même titre que les récentes hausses. A titre d'exemple, et en Tunisie, les prix des produits pétroliers ont augmenté hier dimanche, pour la troisième fois cette année. L'essence augmente de plus de 5,5%, pour passer de 0,900 dinar à 0,950 dinar le litre à la pompe (1 dinar = 0,62 euro), alors que des ajustements similaires étaient effectués pour le pétrole lampant, le gasoil, le fuel et le gaz de pétrole liquéfié (GPL). La solution est à trouver dans la recherche d'économies. En France, 40% des automobilistes déclarent avoir déjà réduit leur consommation de carburant, face à la hausse du prix de l'essence, selon un sondage Ifop paru dimanche. Tout le monde devra peut-être faire de même.