La profession souhaite l'intégration de la notion de cabinet d'études dans le projet de loi sur l'urbanisme 430 cabinets sont recensés sur un marché étroit. LaFédération marocaine du conseil et de l'ingénierie (FMCI) est montée au créneau lors d'un point de presse organisé récemment. Pour cette association, les bureaux d'études, au nombre de 430 actuellement, dont une bonne partie intervient dans le bâtiment, pourraient être mis à l'écart, sachant que le projet de loi sur l'urbanisme ne prend en considération que l'ingénieur spécialisé exerçant à titre libéral alors que, jusqu'à présent, ils travaillent en tant que personne morale. Lors du dîner-débat organisé le 11 mai dernier par La Vie éco et Eventis, Taoufik Hjira, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, a toutefois expliqué qu'il est prévu un amendement pour intégrer la notion de bureau d'études dans le projet de texte. L'étude de la mise en place d'un système d'agrément pour leur intervention dans le secteur privé sera également lancée. La maîtrise d'œuvre devra relever du maître d'ouvrage Les bureaux d'études ne se limitent pas à ces points. Ils souhaitent aussi que la maîtrise d'œuvre ne soit plus le monopole de l'architecte mais relève de la responsabilité du maître d'ouvrage, qui sera libre de la déléguer «partiellement ou en totalité à une ou plusieurs personnes (physiques ou morales) de son choix». Seulement, pour M. Hjira, «ce texte ne pourra résoudre l'ensemble des problèmes du secteur» qui, notons-le, regroupe sous son pavillon une panoplie de métiers offrant des services de conception, de conseils et d'études, notamment dans le bâtiment, l'extraction minière, l'environnement et l'industrie. Le ministre, qui promet de s'attaquer au système d'agrément, montre ainsi qu'il fait ce qu'il peut. Mais l'autre risque pointé du doigt par la profession provient du redéploiement de l'offre étrangère opérant au Maroc. En effet, outre les cabinets suisses ou français historiquement assez présents dans le pays, plusieurs cabinets canadiens, espagnols, allemands et japonais jettent de plus en plus leur dévolu sur le marché marocain, à la faveur des programmes de financement de projets relevant des programmes de coopération bilatéraux ou multilatéraux. Une partie de la profession voit dans cette affluence une entrave flagrante au jeu de la concurrence, mais d'aucuns (notamment du côté de l'administration de tutelle) y trouvent une occasion de transfert de savoir-faire. Le chiffre d'affaires du secteur totalisait un milliard de DH en 2002 Au-delà de toute considération corporatiste, cette profession souhaite, par ailleurs, l'amendement du décret de passation des marchés publics, l'adoption du système de classement qui favorise les spécialisations des cabinets et la structuration du métier ainsi que le bannissement, dans le cadre des règlements des consultations, de la pratique de l'ouverture simultanée des offres techniques et financières qui ne bénéficie pas toujours au mieux-disant et, partant, à la qualité de la prestation. Si ces différentes requêtes sont satisfaites, l'on pourrait assister à un écrémage plus poussé du secteur, actuellement très encombré pour un marché relativement modeste. A fin 2002, la production annuelle est estimée à près de 1 milliard de DH, soit 0,3 % du PIB. Quelques gros cabinets s'accaparent l'essentiel des affaires. Le Centre d'ingénierie et développement, une des réussites de l'Etat qui voulait, au début des années 80, mettre fin à la dépendance du Maroc vis-à-vis de l'étranger, revendique la première place, avec un chiffre d'affaires de près de 70 MDH. De l'avis des connaisseurs, sa force réside dans son style de gestion, ancrée dans les meilleurs pratiques de gouvernance privée, ce qui en fait aussi un des acteurs les plus rentables. La SCET et la SCOM, deux filiales de la CDG, sont aussi dans le peloton de tête, avec des chiffres d'affaires respectifs de 35 MDH et 25 MDH, en 2002. Ingema, société spécialisée dans l'ingénierie hydraulique s'est aussi jetée dans la bataille. En 2003, elle a même coiffé au poteau plusieurs de ses concurrents dans l'adjudication du volet d'études techniques du marché gigantesque du port de Ras Rmel. La même année, sa production aurait avoisiné les 30 MDH. Les autres cabinets de taille importante sont constitués de filiales de grands groupes nationaux privés (Reminex, filiale de Managem, Team Maroc, du groupe Châabi, ADI, du groupe ONA, qui réalise essentiellement des études d'irrigation). Le hic est que ce genre de filiales n'a pas toujours un modèle économique pérenne. Certaines ont même dû mettre la clé sous le paillasson faute d'avoir su s'ouvrir de nouvelles perspectives