Le laboratoire américain Mylan a déposé une demande d'importation du produit à travers son partenaire marocain Pharma Prom. Pharma 5 pourrait ne pas être le seul à commercialiser le générique du Sofosbuvir, traitement réputé contre l'hépatite C. Une demande d'autorisation d'importation a été déposée par Mylan, un laboratoire américain, via son partenaire marocain Pharma Prom. Pharma 5, qui s'est engagé à produire ce produit et à le vendre à son coût de revient, soit 3 000 DH, dit «ne pas comprendre la démarche de l'administration». Le laboratoire s'attendant en effet à obtenir rapidement l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour fabriquer localement ce médicament, comme cela s'est passé en Egypte. Il est souligné que l'octroi d'une AMM d'importation serait contraire à l'engagement pris par El Hossein Louardi de fabriquer localement le Sofosbuvir et en garantir l'accessibilité et la disponibilité. Une éventuelle autorisation serait également contraire à la loi qui conditionne l'obtention de l'AMM par l'existence d'un site industriel. Dans le secteur pharmaceutique, on explique que l'agacement tient au fait que Mylan est en passe d'être racheté par le laboratoire américain Gliead, détenteur du brevet de cette nouvelle molécule déposée par Pharmasset, petit laboratoire qu'il a pris le soin d'acquérir pour la somme de 12 milliards de dollars. L'importation du médicament au Maroc via sa future filiale n'est qu'une tentative pour vendre son médicament au prix fort au Maroc. Pas sûr de faire avaler la pilule au ministre de la santé -injoignable au moment où nous mettions sous presse- qui a bataillé pour assurer l'accessibilité du produit en vue d'une éradication de l'hépatite C à l'horizon 2020 ! L'autre crainte du laboratoire marocain est que Mylan importera le produit de l'Inde en faisant des économies d'échelle très importantes, alors qu'il a réalisé un gros investissement pour la production et la communication. Cet avis est partagé par ses confrères qui s'inquiètent pour le développement de l'industrie pharmaceutique locale et son autonomie par rapport au marché pharmaceutique mondial, particulièrement lorsqu'il s'agit d'un problème de santé publique. Et l'hépatite C en est un. Un industriel indique, à ce propos, que le ministère serait même prêt à réaliser l'étude de prévalence épidémiologique pour permettre d'évaluer l'étendue de cette pathologie et d'en assurer la prise en charge. Actuellement, le ministère de la santé prend en charge 1 000 patients sur les 650000 personnes affectées par l'hépatite C. Ce qui nécessite une enveloppe de 100000 à 120 000 DH par traitement et par an. Selon Pharma 5, il est possible, avec ce même budget, de traiter 10 à 12 personnes par an au lieu d'une seule. Il attend encore l'AMM pour entamer la fabrication de son produit qui, normalement, devrait être disponible dès la fin novembre.