La filiale de SNI rafle la mise en termes de collecte de ressources sur les 5 premiers mois de l'année grà¢ce à une augmentation de plus de 92% des dépôts rémunérés des entreprises. L'écart avec la Banque Populaire, leader sur le marché des dépôts, se réduit à un point de part de marché. La BP contre-attaque sur les crédits grà¢ce à une montée sur les financements de trésorerie et est tout près de détrôner AWB. La concurrence bat son plein dans le secteur bancaire, notamment en matière de collecte de ressources auprès de la clientèle. Sur les cinq premiers mois de l'année, la majorité des banques de la place a fait des efforts marqués sur les taux d'intérêt des dépôts rémunérés des entreprises. La barre est montée jusqu'à 4,75%, rémunération offerte sur les dépôts à terme (DAT) des grands comptes, selon les directeurs de réseaux. Un maximum bien au-dessus du taux moyen pondéré des comptes et bons de caisse à 12 mois, calculé par Bank Al-Maghrib qui ressort à 4,02% pour le mois de mai. Selon les professionnels, les banques jouent autant des coudes pour la collecte des ressources des entreprises car il s'agit du segment qui leur offre le plus de possibilités d'accroître leurs encours dans la situation actuelle du marché, caractérisée par une croissance très timide des dépôts de manière générale. Certains avancent même que si les dépôts des grandes banques commerciales -y compris Al Barid Bank- se sont orientés à la hausse (+1,3%, à 727 milliards de DH) sur les 5 premiers mois de l'année, c'est principalement le fait d'une croissance des seuls dépôts rémunérés de l'OCP. «L'office a en effet contracté un emprunt international de 1,55 milliard de dollars en avril dernier et cherche à placer ces capitaux en attendant de les employer sachant qu'il dispose constamment de disponibilités à placer», justifie un directeur de clientèle entreprise au sein d'une banque de la place. Dans cette bataille engagée sur les dépôts rémunérés, Attijariwafa bank a pris le dessus sur l'ensemble du marché. Selon les statistiques diffusées de manière restreinte par le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), récapitulant l'évolution des encours et des parts de marché des grands établissements commerciaux en termes de dépôts et de crédits, AWB a fait croître ses dépôts rémunérés des entreprises de plus de 92% sur les 5 premiers mois de l'année, à 22,2 milliards de DH, soit un additionnel de 10,7 milliards de DH dont, il faut le préciser, 6,6 milliards de DH consistent en valeurs données en pension. La course aux dépôts rémunérés pèse sur la profitabilité Cela propulse la part de marché d'AWB sur les dépôts des entreprises de 4,21 points, à 27,35%. Il en ressort plus globalement une progression notable des dépôts d'AWB, tous types confondus, de 7%, à 184,8 milliards de DH avec une part de marché qui se hisse de 1,27 point, à 25,4%. Ce faisant, AWB continue de réduire l'écart avec la Banque Populaire, leader historique en matière de collecte de dépôts. Il faut dire que la banque du cheval fait quasiment du surplace en termes de ressources captées sur les 5 premiers mois de l'année en se maintenant autour d'un encours de 192,9 milliards de DH, soit une part de marché de 26,5%. Pourtant, la banque enregistre une croissance de 3,3% au niveau des dépôts des particuliers résidents, à 77, 2 milliards de DH, presque autant que l'encours des ressources collectées auprès des MRE. Mais la BP régresse de 7% sur les dépôts des entreprises, à 38,2 milliards de DH, notamment en raison d'une dégringolade de 82% des dépôts rémunérés. Cela est imputé au choix de la banque, décliné depuis trois ans, de ne pas suivre la concurrence sur la rémunération des dépôts des entreprises, comme le rappellent les spécialistes du secteur. Il est vrai après tout que la course aux dépôts rémunérés pèse immanquablement sur les indicateurs de profitabilité. Notons à ce titre qu'à l'échelle de tout le secteur bancaire, la part rémunérée avoisine 41,8% sur les ressources collectées auprès des MRE, 44,2% sur la clientèle des particuliers résidents et 31,9% sur les dépôts des entreprises. Bonne progression de la BP sur les crédits immobiliers Le rapport de force entre Attijariwafa Bank et la Banque Populaire tourne en faveur de cette dernière lorsque l'on s'intéresse aux crédits. Alors que les grandes banques commerciales affichent dans l'ensemble une baisse de 1,2% de l'encours des crédits à l'économie, à 739,4 milliards de DH, la BP réussit une progression de 2,1%, à 185,1 milliards de DH. Il faut dire que la banque réalise une bonne croissance sur le crédit immobilier, notamment celui destiné aux acquéreurs dont l'encours croît de près de 4%, à 39,2 milliards de DH. Mais surtout, la banque du cheval semble le seul établissement du secteur à continuer de financer de manière soutenue la trésorerie des entreprises. L'encours de ces crédits a en effet crû de 5,3%, à 43,5 milliards de DH. «Dans la conjoncture actuelle, la demande des entreprises sur les financements de trésorerie reste importante, mais n'est pas toujours accompagnée par les banques. Cela a laissé manifestement le champ libre à la BP pour se renforcer sur le segment», commente un spécialiste. Attijariwafa bank se montre en revanche des plus prudentes sur les lignes de trésorerie. Son encours en la matière baisse de près de 9% sur les 5 premiers mois de l'année, à 37,1 milliards de DH. Les financements à l'économie de la banque baissent dans l'ensemble de près de 2%, à 188,7 milliards de DH. En plus de la décélération des financements de trésorerie, la filiale de SNI enregistre une importante baisse sur sa rubrique «Autres crédits» qui fond de moitié. Un recul que les spécialistes expliquent par un retour de manivelle des opérations d'embellissement de compte réalisées par la banque en fin d'année passée, pratique par ailleurs généralisée à tout le secteur. En bout de course, AWB garde le leadership sur le segment du crédit avec une part de marché de 25,5%. Mais la Banque Populaire se rapproche de plus en plus avec un poids de 25,04%, l'établissement ayant grappillé 0,75 point de part de marché sur les 5 premiers mois de l'année.