Le 20 novembre dernier, la filiale marocaine de Tribal DDB, agence internationale de marketing digitale, a organisé pour la première fois au Maroc un évènement de taille qui risque fort de s'imposer comme une référence en la matière dans les années à venir, « Media Next Morocco 2013 ». En ouverture de cette rencontre à laquelle assistent community managers de la place, directeurs marketing, rédacteurs en chefs web, et autres professionnels de la planète digitale, Amine Bennis, PDG de Tribal DDB annonce la couleur d'emblée, « demain commence aujourd'hui ». Cette annonce prophétique qui donne un coup de vieux au slogan « le changement c'est aujourd'hui » de François Hollande, se base sur des faits bien réels qui se chiffrent depuis belle lurette et dont l'impact est mesurable depuis plusieurs décennies. En effet, parmi les 4 plus grandes entreprises au monde, 50% n'existaient pas il y a 40 ans. Les deux concernées ne sont autres qu'Apple (1976) et Google (1998). Pas d'analyse nécessaire pour en tirer les conclusions qui s'imposent, le digital règne en maître depuis longtemps déjà. Internet, un nouveau levier de croissance « Parce que nous vivons un changement fondamental, la révolution digitale devient une réalité. Cette révolution va fondamentalement modifier la façon dont les industries basées sur l'information et la communication font leur business » prédit Amine Bennis. Et d'ajouter : « L'ère de l'interruption touche à sa fin, nous entrons dans un monde on demand ». Selon lui, tous les médias sont amenés à devenir on demand, sur tous les canaux et de ce fait, la publicité va elle aussi être amenée à le devenir. Un frisson parcourt les annonceurs présents dans la salle… Pour les retardataires qui mettent encore tous leurs œufs dans le même panier et misent encore et toujours sur les traditionnels canaux de diffusion, il est visiblement temps d'essayer de rattraper le train en marche. Car désormais, un message ne pourra plus être imposé comme c'est le cas à la télévision, où notre émission préférée est entrecoupée de publicités intempestives, (et dieu sait que nous en avons fait l'amère expérience pendant le mois de Ramadan…). Dans ce futur proche qui a déjà commencé hier, la publicité va devoir se faire désirable et déployer tout son charme pour donner envie aux internautes de se laisser convaincre. Objectif : être vue, lue et partagée et pouvoir ainsi bénéficier de la viralité d'internet. Comme l'explique le PDG de Tribal DDB, « nous allons passer d'un taux de conversion à un taux de multiplication. » Et pour créer cette propagation, il s'agit de créer de l'engagement. En effet, sur le web, la donne change. Rien de pire pour une marque qu'un client désabusé qui étale son mécontentement sur les réseaux sociaux et les forums de discussion. Et pour le gagner cet engagement, les marques vont devoir cesser de parler d'elles-mêmes pour s'intéresser de plus près aux besoins des consommateurs. On n'essaie donc plus de toucher le plus grand nombre en espérant qu'une petite minorité adhèrera au final, mais au contraire on emploie le chemin inverse : Conquérir le cœur d'une minorité qui fera passer le message à son entourage. En bref, le business ne peut se faire sans engagement. Et pour cause, 90% des consommateurs déclarent préférer acheter sur recommandations de personnes qu'ils connaissent et 70% se fient aux commentaires des internautes sur le web.
Le marché publicitaire on line… et en chiffres Une chose est sûre, le marché publicitaire 2.0 est en pleine croissance au Maroc. Pourtant, difficile encore de l'évaluer à sa juste mesure sans statistiques officielles. Selon Amine Bennis, « les budgets digitaux des grands annonceurs marocains tournent autour de 2% du budget communication global (…) la moyenne des budgets varie entre 1 et 6 millions de DH par an», un chiffre qui aurait quasiment doublé en un an. Tarek Nachnouchi, business development director à Ikoo Maghreb et intervenant de cette rencontre, estime quant à lui la part du budget publicitaire online en 2013 à 4,2% dans la région MENA. S'agissant des dépenses publicitaires totales, elles seraient d'environ 4,3 milliards de dollars… Un montant qui afficherait une croissance de 5 à 6% par an. Quant au budget online display, on prévoit d'atteindre les 200 millions de dollars d'ici 2014, sachant que depuis 2007, l'investissement publicitaire online a augmenté de 47%. Profil de l'internaute marocain Les marocains se digitalisent à vitesse grand V et on compte aujourd'hui plus de 17 millions d'internautes au Maroc, soit un taux de pénétration de 49%. 53% de ces internautes se connectent quotidiennement, à raison de 16h de connexion par semaine. 6 Millions de marocains ont un compte Facebook et on estime à 30 minutes la durée de connexion au réseau social par jour et par personne. On compte aujourd'hui 3 millions de Smartphones au Maroc. Du côté des achats en ligne, même croissance avec plus de 300.000 internautes ayant acheté sur le net en 2012. Selon une étude, 47% des internautes au Maroc sont des femmes, loin devant le Moyen Orient où les femmes ne représentent que 30% des internautes.
L'arabe, une langue mal aimée et sous estimée Si au Maroc on débat actuellement de l'importance ou pas de promulguer un enseignement en darija à l'école, sur le net, on se demande encore côté annonceurs, si oui ou non les arabophones ont véritablement un pouvoir d'achat. A en croire les chiffres annoncés durant la rencontre Media Next, la question ne mérite même plus de se poser : 40 Millions d'internautes sont arabophones ! Au Moyen Orient, 26 millions de personnes, soit 60% de la population, sont connectés. En Afrique du Nord, 47 millions d'internautes sont arabophones, soit 30% de la population… Autrement dit, le français que nous parlons au Maghreb, fait figure de vestige de l'époque coloniale, car d'ici 2015, l'arabe figurera en 4ème position des langues les plus parlées sur le web derrière l'anglais, le chinois et le russe.