Le système adopté en 2008 et réajusté en 2011 a permis de ramener l'à¢ge moyen des véhicules de transport de marchandises de 14 ans à 12 ans et demi. Une enveloppe de 930 MDH est prévue pour récupérer les agréments non utilisés. Les transporteurs réclament avec force le gasoil professionnel. Serait-ce la véritable réforme du secteur des transports qui vient d'être enclenchée ? En tout cas, rarement un projet de Loi de finances aura été aussi riche en mesures concernant ce secteur comme l'est celui de 2014. Transport routier de marchandises, transport public, transport rural… rien n'y échappe ! Cependant, bien que l'Etat compte mettre la main à la poche pour soutenir le secteur, les opérateurs des trois segments ne partagent pas forcément la même appréciation des nouveautés introduites. Pour le transport de marchandises, les professionnels semblent être plutôt satisfaits de l'initiative prise par l'Etat de reconduire le programme de renouvellement du parc, tout en opérant des ajustements sur le système adopté auparavant. La principale réadaptation concerne l'augmentation -qualifiée de «substantielle» par la tutelle- de la prime de renouvellement de 15 000 DH à 65000 DH, selon la catégorie du véhicule. Pour ce qui est des critères d'éligibilité, les pouvoirs publics intègrent désormais une nouvelle tranche de véhicules dont le poids est compris entre 8 et 14 tonnes. Les transporteurs auront également la possibilité de bénéficier de 3 primes de renouvellement de 3 véhicules pour l'acquisition d'un seul. L'institution d'une prime à la casse des véhicules dont le poids total autorisé en charge (PTAC) est supérieur ou égal à 15 tonnes est aussi d'actualité. «Ce sont là des mesures qui impacteront positivement le secteur vu que déjà avec l'ancien système, où les primes étaient inférieures, nous avons constaté une réponse positive des opérateurs», se réjouit un transporteur de marchandises. Le système adopté en 2008 et réajusté en 2011 a permis en effet de renouveler 1 374 véhicules en cinq ans. L'âge moyen des véhicules est ramené de 14 ans à 12 ans et demi pour un coût de 145 MDH. Du côté du transport public en commun dans le milieu rural, les opérateurs pourront également bénéficier, durant les trois prochains exercices, d'une prime de renouvellement des véhicules en service calculée sur la base de l'âge du véhicule et du nombre de personnes à transporter. Le plafond de cette prime est fixé à 110 000 DH par véhicule. Le coût global des initiatives touchant ces deux segments du transport est évalué à 990 MDH sur trois ans que supportera la direction des transports routiers et de la sécurité routière. Un millier d'autocars à renouveler En revanche, là où le projet de Loi de finances 2014 ne semble pas du tout être satisfaisant, c'est au niveau du transport de voyageurs. Pourtant, force est de reconnaître que l'Etat a fait l'effort d'intégrer ce segment dans le programme de mise à niveau du parc. Une enveloppe de 1,75 milliard de DH est réservée exclusivement à ce segment. Concrètement, les mesures prévues incluent l'institution de trois nouvelles primes. La première concerne la casse des véhicules. «Cette mesure vise à permettre la démolition de 700 autocars devenus dangereux pour la sécurité des passagers et usagers de la route en raison de leur vétusté», peut-on lire dans la note de présentation du projet de Loi de finances. Dans la pratique, les opérateurs pourront bénéficier d'une prime plafonnée à 300 000 DH pour la casse d'un véhicule, 400 000 DH pour la casse de deux véhicules et à 500 000 DH pour la casse de 3 véhicules, dans la même année. «Cela reste assez proche de ce que nous demandions», affirme Abbas Khalloufi, président de la fédération des syndicats des transports routiers de voyageurs. Le montant de la prime à la casse demandée était de l'ordre de 200 000 DH par véhicule. Là où les doléances des opérateurs ne semblent pas être totalement satisfaites, c'est d'abord au niveau de la prime de renouvellement. L'encouragement du renouvellement de 1 000 autocars devra ainsi passer par l'attribution d'une prime plafonnée à 400 000 DH pour chaque véhicule, alors que la profession espérait au moins 500000 DH, ce qui compenserait 25% du prix d'achat d'un véhicule neuf. «Il s'agit là d'un élément important dans le sens où cela contribue au renforcement de la sécurité routière. C'est un investissement qui permettrait à l'Etat d'éviter les pertes colossales qu'engendrent les accidents de la route dus à la vétusté du parc», ajoute le président de la fédération. Notons qu'en tout, l'Etat compte mobiliser 520 MDH pour les primes à la casse et au renouvellement durant la période 2014-2015. Ensuite, l'autre aspect qui fait déjà jaser concerne cette prime que l'Etat compte servir pour encourager la renonciation à l'agrément au profit de l'administration. En effet, le PLF introduit une nouvelle notion consistant à octroyer une prime aux détenteurs d'agréments non utilisés ou exploités par une tierce personne et qui souhaiterait s'en défaire. Le montant maximum de cette prime est de 6000 DH/km pour les agréments relatifs à des parcours de moins de 50 km et de 1000 DH/km pour les parcours de plus de 400 km. En tout, l'Etat réserve 930 MDH à cette initiative. Ce montant n'est pas sans créer des problèmes à l'Exécutif dans sa mise en application, puisque d'autres segments du transport routier le fustigent déjà en le qualifiant d'un encouragement de la rente alors que l'Etat était censé la combattre. Chez les transporteurs de marchandises, on déplore surtout qu'il n'y a pas d'équité entre l'approche réservée à ce segment et ce qui avait été accordé lors de la libéralisation du transport de marchandises. A noter enfin que les transporteurs de voyageurs continuent à clamer haut et fort l'instauration du gasoil professionnel. Pour l'heure, rien n'est mentionné dans le PLF, le gouvernement se contentant d'annoncer des mesures à venir dans le cadre de la réforme de la compensation. «Ce que nous voulons, c'est l'application des dispositions convenues lors de la réunion de septembre dernier avec les pouvoirs publics et qui incluent, entre autres, des promesses d'instauration d'un gasoil professionnels», insistent les transporteurs de voyageurs.