Une prime à la casse ? Késako? Il s'agit tout simplement de primes versées par l'Etat aux personnes qui désirent acheter une voiture neuve et se débarrasser de leurs véhicules anciens et vieillissants. Ce genre de prime existe déjà en Europe et vise à moderniser le parc automobile en encourageant l'acquisition de véhicules neufs. Au Maroc, la récente loi de Finances et son volet sur les primes à la casse n'ont concerné que les transporteurs de voyageurs par autocars. Les grands oubliés de la prime à la casse sont donc les taxis, qui gagneraient beaucoup aussi à en bénéficier. Un bain de jouvence très attendu Qualifiés de «tombeaux roulants» et marqués par leur vétusté, petits et grands taxis attendent toujours qu'une mesure radicale soit mise en place pour aider à leur renouvellement. Souvenez vous, on en parlait déjà en 2010. A l'époque, on annonçait que les propriétaires de petits et grands taxis pourraient changer leur ancien véhicule contre un flambant neuf, grâce à une prime à la casse qui devait entrer en vigueur au Maroc la même année. Une mesure qui était très attendue, mais qui n'est pourtant jamais arrivée. «En 2010, on parlait d'une prime de 35.000 DH pour financer l'achat d'un nouveau véhicule, dans la limite des 30% du prix, en plus d'une prime de 15.000 DH si l'ancien véhicule était réformé ou détruit», nous indique-t-on auprès du ministère du transport. Les taxis qui étaient éligibles à cette mesure devaient être âgés d'au moins 5 ans et avoir servi comme taxis durant les trois dernières années. La même source indique que ce dossier a été suspendu pour le moment pour des raisons législatives, car «attaquer de front un chantier aussi imposant nécessite des lois-cadres précises et efficaces». Un chantier qui devrait d'ailleurs être ouvert en urgence car il concerne à la fois l'image de marque du Maroc, notamment au niveau de la qualité du parc automobile national que la sécurité routière. «L'Etat est conscient qu'il perd beaucoup plus d'argent au niveau de la moins-value enregistrée pour le tourisme que pour les accidents de la route générés par des taxis vétustes. Il perd beaucoup plus que ce qu'il pourrait investir en termes de primes à la casse», affirme-t-on pourtant au niveau du ministère du transport. Les autocars oui, mais pas les taxis ! Si la loi de Finances n'a pas jugé nécessaire d'encourager le renouvellement des taxis, en revanche elle s'est attaquée de front à la vétusté ambiante des autobus et autres autocars. En effet, le ministère du transport a mis le paquet en consacrant une enveloppe budgétaire de pas moins de 520 millions de dirhams à cette fin. But avoué par les pouvoirs publics, renouveler un parc de 1.000 autocars au moins, au profit des opérateurs privés du secteur. De fait, la dernière loi de Finances a accordé de nouvelles primes pour le transport public. Une mesure qui s'étend du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2016. Ces subventions seront organisées par tranches, en fonction du nombre d'autocars candidats pour être envoyés à la casse et renouvelés. Ainsi, si un seul autocar est envoyé à la casse par l'opérateur, l'Etat versera une prime de 300.000 dirhams à l'achat d'un neuf. En revanche, si le même opérateur décide de mettre en fin de vie deux autocars, l'Etat lui accordera 400.000 dirhams l'autocar. Pour trois autocars, ce seront des primes de 500.000 dirhams qui seront attribuées. Ces subventions pourront être exceptionnellement élargies pour certains transporteurs privés qui seraient éligibles. Ces subventions resteront toutefois plafonnées à une limite de 400.000 dirhams, qu'elles ne pourraient dépasser. Le transport de marchandises non concerné Si les taxis on été «zappés» par la nouvelle loi, rien n'a été mis en place non plus cette année en ce qui concerne le transport de marchandises. N'empêche, une troisième version de l'opération de prime à la casse pour les camions et poids lourds serait actuellement en préparation. Initiée déjà en 2008 par le ministère de l'équipement et du transport pour encourager les transporteurs de marchandises à renouveler leur parc, elle n'a pas connu le succès escompté. Au moment du lancement de l'opération en 2008, une enveloppe de 150 millions de dirhams avait été allouée pour une période de deux ans, enveloppe qui avait par la suite été portée à 170 millions de dirhams en 2011, mais toujours sans succès auprès des intéressés. Selon le ministère du transport, une partie infime, soit 22% seulement de cette enveloppe, a été consommée jusqu'à ce jour. Les bénéficiaires ne dépassent guère 1300 véhicules seulement sur un parc qui pourrait se situer aux alentours de 60.000 camions, toutes catégories confondues. Dans le cadre du projet de loi de Finances 2013, le ministère du transport tente de faire adopter une nouvelle proposition qui vise encore une fois à augmenter cette prime. Mais il reste toujours aussi difficile pour les opérateurs d'un secteur.