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L'Administration absorbe la moitié des recettes ordinaires
Publié dans La Vie éco le 25 - 10 - 2013

La masse salariale dans la fonction publique va augmenter de 5.8%, à 103,7 milliards de DH en 2014. Le Maroc compte 27 fonctionnaires pour 1 000 habitants, contre 44 pour 1 000 en Tunisie.
Près de 104 milliards de DH, c'est le montant des dépenses de personnel de l'administration au titre de l'année 2014 ; un montant en progression de 5,8% par rapport à 2013. C'est énorme, en considération des possibilités du pays.
Quand on rapporte la masse salariale dans la fonction publique à quelques indicateurs, le résultat est saisissant : 11% du PIB, 33% des dépenses du Budget général, 52% des dépenses de fonctionnement, 52% des recettes ordinaires ! Pourtant, il est difficile de soutenir que la fonction publique marocaine est pléthorique. Selon des données publiées par le ministère des finances dans son rapport sur les ressources humaines, il y a au Maroc 27 fonctionnaires pour 1 000 habitants, alors que la Tunisie en compte 44 pour 1 000 et l'Algérie 42 pour 1 000. La Banque mondiale, il y a quelques années, avaient publié des statistiques sur le même sujet faisant ressortir les mêmes ratios.
Si l'administration n'est donc pas si engorgée que le suggère la masse salariale, le problème, s'il y en a un, résiderait alors dans cette masse salariale elle-même. Autrement dit, dans l'évolution des niveaux de salaires. Le rapport du ministère des finances indique en effet que la masse salariale entre 2007 et 2013 a augmenté en moyenne de 6,7% par an, alors que le PIB, sur la même période, n'a progressé que de 4% par an en moyenne et l'effectif des fonctionnaires de 1,6%.
Education nationale : près de 40% de la masse salariale et 51% des effectifs de la fonction publique
Il en résulte qu'aujourd'hui, le salaire moyen net dans la fonction publique atteint 7 250 DH par mois, contre 5 333 DH en 2007, soit une augmentation de 36%, selon les chiffres du ministère des finances. Ce salaire moyen au Maroc représente plus de 3 fois le PIB par habitant (sachant que le PIB en valeur devrait atteindre quelque 880 milliards en 2013 et que la population marocaine est estimée à environ 33 millions de personnes, selon l'horloge de la population du HCP), au lieu de 1,2 fois en Algérie, 1,9 fois en Turquie et 1 fois en France. Le rapport du ministère indique à juste titre que ce niveau élevé du salaire moyen s'explique à la fois par les multiples revalorisations des salaires décidées à travers les différents rounds du dialogue social ainsi que par le niveau élevé du PIB des pays cités en référence. Justement, ce qui interpelle à ce niveau, c'est que l'on distribue des rémunérations qui ne correspondent pas à la richesse produite chaque année.
Cela dit, l'amélioration du taux d'encadrement dans l'administration est certainement un facteur qui a ajouté à la hausse de la masse salariale. En 2013, le taux d'encadrement s'établit à 62%, au lieu de 48 en 2007. Mécaniquement, cette hausse du taux d'encadrement génère des dépenses supplémentaires, mais la question est de savoir si elle produit davantage d'efficacité. Le rapport du ministère se garde bien d'y répondre même si, par suggestion, il indique que le ratio relativement élevé du taux d'encadrement s'explique, outre le recrutement de cadres supérieurs, par les reclassements du personnel d'exécution et de maîtrise dans la catégorie des cadres, suite aux promotions normales et exceptionnelles décidées ces dernières années.
Autre élément à prendre en compte pour apprécier le niveau de la masse salariale: près de 40% des dépenses de personnel vont aux fonctionnaires de l'éducation nationale (non compris l'enseignement supérieur, bien entendu), lesquels représentent plus de la moitié (51%) de l'effectif civil de la fonction publique. Quand on sait ce qu'il est advenu de l'école publique… Mais la faute incombe-t-elle aux enseignants, seuls ? Pas sûr…


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