Malgré la baisse de la dépense moyenne, les ventes sont en hausse de 10 à 15% par rapport à une période normale. Plusieurs pratiques anticoncurrentielles sont constatées. Les seules dispositions légales concernant les soldes sont intégrées dans la loi sur la protection du consommateur. Depuis le 1er janvier, les commerçants des grandes villes vivent au rythme des soldes. Si durant la première semaine les affaires ont bien marché, les gérants de certaines boutiques de prêt-à-porter signalent un tassement de la demande au cours des deux semaines suivantes. «C'est normal car les premiers jours des soldes, les personnes qui avaient déjà repéré quelques articles s'empressent de les acheter. Ce qui explique le rush du début. Par la suite, viennent les personnes qui ne cherchent rien de précis mais qui font les magasins beaucoup plus par curiosité que par volonté réelle d'achat», raconte le gérant d'une enseigne étrangère. Néanmoins, il ajoute que son enseigne qui dispose de deux points de vente a enregistré une évolution de 10% du chiffre d'affaires par rapport à un mois normal à Casablanca, alors que le magasin de Marrakech a affiché une hausse de 15%. Dans le quartier Maârif, à Casablanca, des commerçants préciseront toutefois qu'il y a une baisse de la valeur moyenne des achats, qui est de 1 500 DH contre 2 500 DH en 2012. Les dépenses les plus faibles sont enregistrées dans les enseignes de sportswear où la facture moyenne est de 1 000 DH, en stagnation par rapport à l'année dernière. Et pour cause, explique le gérant d'une boutique, «les prix sont, d'une part, réellement bas par rapport aux prix pratiqués hors soldes, et, d'autre part, dans le sportswear les enseignes font souvent des actions promotionnelles, les clients ont donc plusieurs opportunités pour acheter à bon prix durant toute l'année». Selon les commerçants, les soldes restent principalement l'affaire des femmes et des adolescents. Les premières raffolent des tailleurs, des manteaux -surtout en cette période hivernale- et des chaussures, tandis que les seconds sont portés sur les jean's et les T-shirts de grande marque. Ce qui est tout à fait compréhensible quand on sait que le prix d'un jean's fixé normalement entre 1 600 et 2 200 DH est ramené entre 600 et 890 DH. Quant aux hommes, ils se limitent aux accessoires, notamment les ceintures, caleçons et chaussettes proposés dans les grandes enseignes, étrangères en particulier. Un projet de loi datant de 2003 est toujours dans les tiroirs du ministère du commerce Les magasins de chaussures réalisent de bien meilleures ventes que les magasins d'habillement. Leurs chiffres d'affaires progressent de 20 à 25%, selon des commerçants. Et pour cause, les prix sont réellement bas et les modèles sont plutôt récents, contrairement au prêt-à-porter où le plus souvent les soldes sont l'occasion d'écouler tous les anciens modèles ou ceux qui se sont mal vendus en période normale. A bien des égards, les soldes constituent une bonne occasion pour doper le commerce mais il se pose beaucoup de problèmes d'organisation. En effet, contrairement à d'autres pays, le Maroc ne s'est toujours pas doté d'une réglementation en la matière. Un projet de loi préparé en 2003 n'a jamais été examiné et ne le sera pas de sitôt car, au ministère du commerce et de l'industrie, on indique que ce texte n'est pas du tout d'actualité. Aujourd'hui, les seules dispositions qui font référence aux soldes sont celles de la loi 31-08 relatives à la protection du consommateur (voir encadré). Les dysfonctionnements relevés concernent le plus souvent l'affichage des prix et la disponibilité des articles soldés. De plus, la progressivité des soldes (les trois périodes de première, deuxième et troisième démarque) n'est pas toujours respectée. «Parfois, certaines enseignes passent directement à la réduction de 70 ou 80% des prix. Une technique qui permet d'écouler rapidement les articles soldés qui sont le plus souvent des restes des collections vieilles d'une année ou plus. Ce qui n'est pas honnête commercialement !», dénonce le gérant d'une enseigne étrangère qui ne manque pas de spécifier que les dépassements sont le plus souvent le fait de marques locales. Une accusation réfutée par le responsable d'une marque nationale qui souligne que «les enseignes marocaines sont au fait de ce qui se passe ailleurs et connaissent les diverses pratiques commerciales». Il n'hésite pas à renvoyer la balle à l'enseigne étrangère en disant que «la plupart de ces marques ne mettent en soldes que les articles qui ne se vendent pas ou très mal». Difficile de départager les deux parties mais cette polémique prouve en tout cas la nécessité d'une réglementation spécifique pour mieux organiser les opérations de soldes.