Six grands axes sont arrêtés : la création de zones industrielles, la formation, l'accompagnement, la promotion, l'amélioration de la compétitivité et la restructuration des petits ateliers. Réclamé par la profession depuis mai 2012, le contrat programme pour le secteur du cuir sera bientôt finalisé. Il sera présenté au ministère du commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies (Mcinet) avant la fin de l'année, dit-on à la Fédération des industries du cuir (Fédic). L'objectif des industriels est d'améliorer, via des mesures précises, la compétitivité du secteur à l'étranger et sur le marché local. Les détails du contrat programme ne sont pas encore tout à fait ficelés, mais les responsables de la fédération précisent que le projet s'articule autour de six grands axes qui seront bien sûr déclinés en dispositions spécifiques. Premièrement, ce contrat programme répondra au besoin récurrent des industriels, à savoir la mise en place de zones industrielles. Vieille revendication du secteur, si elle est cette fois-ci satisfaite, la création d'une zone spécifique pour les tanneries permettra une mise à niveau de l'amont du secteur du cuir ainsi qu'une amélioration de l'offre marocaine. Deuxièmement, le contrat programme réactivera les divers outils d'accompagnement mis en place par les pouvoirs publics et visant le renforcement de la compétitivité des entreprises. Parmi ces outils, on retiendra principalement le dispositif Inmaa, qui a permis à certaines entreprises d'augmenter de 30% leur productivité, ainsi que le programme de l'efficacité énergétique, qui vise une maîtrise des dépenses et donc a un impact sur les coûts de production. Le troisième axe est relatif à la formation. L'idée est d'optimiser le partenariat entre public et privé afin d'aboutir à une adéquation entre la formation et les besoins des industriels. Ces derniers disent qu'aujourd'hui les noyaux durs des équipes ont été formés par les entreprises. «Nous avons même pu mettre en place un schéma de coopération avec des organismes étrangers afin de former notre main-d'œuvre selon les standards internationaux», précisent-ils. Comme pour la formation, la Fédic souhaite développer, en quatrième lieu, la création. Le contrat programme prévoit des mesures en ce sens afin de permettre au secteur de développer des collections et de se positionner, même si c'est difficile, sur le créneau du produit fini. Aujourd'hui, il importe de le signaler, le secteur s'active essentiellement dans la sous-traitance. Le cinquième axe du contrat programme porte sur la promotion qui permettra une plus grande présence du Royaume dans les grands salons du monde et l'introduction de marques marocaines aussi bien dans la filière maroquinerie, chaussures que pour le vêtement cuir. Les industriels réclament une protection contre la chaussure asiatique Enfin, et c'est un point essentiel, selon les professionnels, le contrat comporte des mesures destinées à la promotion de petites et moyennes entreprises. Le secteur du cuir compte, selon la Fédic, un grand nombre d'unités, dont une bonne part travaille dans l'informel, avec une forte concentration dans la région de Fès où l'on compte 6 000 petites unités et également dans la région de Casablanca où leur nombre varie entre 2 500 et 3 000. Employant en moyenne une vingtaine de personnes, ces ateliers fabriquent, selon la Fédic, près de 80% des articles chaussants et de maroquinerie destinés au marché local. Les mesures prévues dans le contrat programme devront permettre à ces petits ateliers de devenir des PME structurées. Globalement, le contrat programme vise l'amélioration de la compétitivité du secteur du cuir aussi bien sur le marché local que sur les marchés étrangers. Une compétitivité dont il a bien besoin vu la conjoncture actuelle. L'année 2012 a été difficile pour le secteur qui a enregistré à fin septembre une baisse de 17% de ses exportations par rapport à la même période de l'année 2011 durant laquelle il avait exporté 4 milliards de DH. La chaussure, qui représente 70% des exportations de l'industrie du cuir, a baissé de 20%. Ce recul est dû, selon les professionnels, à la baisse de la consommation sur les marchés traditionnels, notamment la France, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie. Sur le marché local, la production marocaine est en perte de vitesse en raison de la concurrence des importations en provenance des pays asiatiques. Et c'est la filière chaussure qui est la plus touchée puisque aujourd'hui 45 millions de paires sont importées de l'Asie sur un marché global estimé à 60 millions de paires par an. Réagissant à l'ampleur des importations, les industriels estiment qu'il est urgent de renforcer le contrôle des importations de chaussures en provenance de Chine et de réviser à la hausse le prix plancher mis en place en 2011. Ce prix d'alerte fixé à 80 DH devrait aujourd'hui être porté, de l'avis des professionnels, à 130 DH, en raison de la hausse du coût de revient.