Les filières de la chaussure, de la maroquinerie et vêtements ainsi que de la tannerie sont désormais organisées en écosystèmes dans le cadre du Plan d'accélération industrielle. Cette initiative donnera un nouvel élan de développement au secteur du cuir. La transformation du secteur du cuir est lancée. Le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, appelle les professionnels à «se retrousser les manches pour accompagner le développement du secteur qui a vécu des moments complexes». Aujourd'hui, trois filières du cuir (chaussure, maroquinerie et vêtements, tannerie) s'organisent en écosystèmes dans le cadre du Plan d'accélération industrielle, comme nous l'avons annoncé dans notre précédente édition. Quatre contrats de performance pour accompagner le déploiement des écosystèmes lancés ont été signés, hier à Rabat, par le ministre de tutelle, l'argentier du royaume Mohamed Boussaid et le président de la Fédération des industries du cuir (FEDIC) Hamid Ben Rhrido. Cette organisation donnera un nouvel élan de développement au secteur et permettra d'apporter des réponses concrètes aux carences auxquels se heurtent les professionnels. C'est en tout cas l'ambition aussi bien des responsables gouvernementaux que des professionnels. Bon nombre de mesures sont mises en place pour réussir la transformation du secteur du cuir. Le soutien financier arrive en tête à travers le Fonds de développement industriel et d'investissement. Les aides directes peuvent atteindre jusqu'à 30% du montant global d'investissement matériel et immatériel. L'appui aux professionnels porte aussi sur la mise à leur disposition du foncier à tarifs compétitifs. 96,7 hectares de foncier sont à mobiliser sur les 1.000 ha du foncier industriel (45,7 ha pour les chaussures, 6,7 ha pour la maroquinerie et 44,3 ha pour la tannerie). L'élaboration d'un plan de formation adapté aux besoins des opérateurs n'est pas en reste. Une cartographie précise des besoins en formation est élaborée en partenariat avec les établissements de formation professionnelle. Il s'agit de 35.000 nouveaux emplois dont 20.000 directs (25.500 pour les chaussures, 5.000 pour la maroquinerie et 4.500 pour la tannerie). L'objectif fixé est de multiplier par 2,7, à l'horizon 2020, les emplois de 2014. Intégration de l'informel Des mesures spécifiques sont prévues pour l'écosystème «Chaussures et maroquinerie» comme le développement du sourcing de grands donneurs d'ordres internationaux et le soutien à la croissance d'activités promotionnelles à l'export. Par ailleurs, pour la tannerie et la mégisserie, il est prévu de mettre en place une Bourse du cuir ainsi qu'un district dédié dans la région de Fès (réhabilitation du marché de peaux de Aïn Nokbi à Fès). La FEDIC s'engage à lancer 40 projets d'investissement de locomotives faisant partie des trois écosystèmes et à réaliser un chiffre d'affaires additionnel à l'export de 5,5 MMDH à l'horizon de 2020. Cinq enjeux sont à relever. Il s'agit en premier lieu de l'intégration des entités informelles, et leur migration pérenne vers le secteur formel. L'amélioration de la compétitivité structurelle des entreprises s'avère également nécessaire pour faciliter la substitution aux importations. Dans ce cadre, la montée en gamme des produits marocains est indispensable. La mise aux standards des PME nationales pour accompagner leur internationalisation est un autre enjeu de taille pour transformer le secteur. À cela s'ajoute la nécessité de la valorisation des matières locales dans le respect des exigences du développement durable. L'idée est de développer ce secteur, fortement pollueur, tout en respectant l'environnement. La réalisation des objectifs escomptés passe aussi par la densification du secteur à travers le développement d'investissements structurants. Dans le détail, le déploiement de l'écosystème «Chaussures en cuir» favorisera, d'après le département de Moulay Hafid Elalamy, un développement plus accéléré de la filière qui s'opérera à travers une large mutation du tissu existant et l'attraction de nouveaux investissements. L'objectif est de répondre aux défis actuels ayant trait à la perte de compétitivité sur les marchés cibles et la désarticulation entre l'offre en amont et les besoins en aval. À ce titre, il faut mettre à niveau les acteurs aux standards internationaux, attirer de nouveaux investisseurs en se basant sur des expertises particulières et saisir les opportunités sur le marché local et à l'export. Concernant la maroquinerie et les vêtements en cuir, la filière a fortement besoin de densifier le tissu d'acteurs existant et de moderniser et d'améliorer la compétitivité à l'export. Le ministre de l'Industrie se dit convaincu que cette filière dispose de suffisamment de capacités pour bien se positionner sur le plan international. S'agissant de la tannerie et mégisserie, les principaux enjeux ont trait à l'amélioration de la valorisation locale des peaux et à la mise à niveau de la filière ainsi que l'alignement sur les normes environnementales internationales. De grandes opportunités sont à saisir Le cuir est l'un des secteurs phares de l'économie mondiale. Les exportations mondiales du secteur du cuir dépassent, en effet, 160 milliards d'euros: l'Afrique ne représente que 1% de ces exportations. La Chine, qui représente près de 41% des exportations mondiales, s'est lancée dans une stratégie globale de montée en gamme: un transfert d'activités à destination de l'Afrique devrait se faire sentir durant les prochaines années. Le Maroc est appelé à saisir les opportunités qui s'offre à l'international pour réaliser ses objectifs. Les ambitions sont grandes pour le secteur qui peut atteindre 2,7 MMDH de valeur ajoutée, 7,5 MMDH en chiffre d'affaires et 5,5 MMDH d'exportations. Moulay Hafid Elalamy ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique «Je suis intimement convaincu que cette filière est en mesure de faire des merveilles. Ce ne sont pas des vœux pieux, mais les objectifs fixés sont atteignables. On n'arrivera pas à transformer ce secteur en vecteur de développement et en capteur d'opportunités internationales sans la transformation d'une partie importante des activités qui évoluent dans l'informel» Mohamed Boussaïd ministre de l'Economie et des finances «Ce métier ancestral a évolué. Nous devons absolument nous adapter pour avoir un secteur compétitif qui permette de fabriquer des produits de qualité. Ce contrat-programme a des objectifs ambitieux en matière d'investissements, d'emplois et d'exportations. On doit ainsi se retrousser les manches pour saisir toutes les opportunités. En matière d'approvisionnement, il faut penser à se tourner vers l'Afrique subsaharienne» Hamid Ben Rhrido président de la FEDIC «Ce contrat-programme est une feuille de route pour les cinq prochaines années avec des objectifs clairs et chiffrés dont la réalisation dépend des toutes les parties prenantes. Il faut accélérer le rythme pour rattraper le grand retard accusé par le secteur qui était parmi les premiers secteurs exportateurs du Maroc. Malheureusement, nous sommes dépassés par des pays qui sont venus bien après nous»