Community manager, trafic manager, social media analyst…, de nouveaux métiers du web font leur apparition. La recherche de compétences se fait généralement sur les réseaux sociaux. Avec les TIC, on a découvert de nouveaux usages, une nouvelle façon de travailler mais également de nouveaux métiers. De quoi s'agit-il ? Où trouve-t-on les profils ? Combien touchent-ils ? Jérôme Mouthon, DG de l'agence Buzzeff, spécialisée dans le web media, en dit un peu plus sur ces nouveaux métiers. Aujourd'hui, on parle de plus en plus du web en tant que média, quels sont à votre avis les nouveaux métiers qui émergent ? Avec l'internet, on a découvert de nouveaux usages impliquant une nouvelle façon de travailler, qui par conséquent requiert de nouvelles compétences et un nouveau savoir-faire. De ce fait, de nouveaux métiers ont émergé. Le métier le plus marquant est celui du community manager. C'est une personne qui prend en charge la création, la fédération et l'animation d'une communauté d'utilisateurs. Son rôle est d'assurer la promotion de la marque et de ses produits en diffusant et en orientant les messages définis par le marketing. Cette gestion doit donc se faire dans le cadre d'une charte, d'un processus et selon des directives bien précises. Bien évidemment, ce métier s'est développé pour la simple raison que les entreprises ont besoin d'informations sur leurs produits et services de la part des consommateurs, appelés communément des fans. C'est là toute la mission du community manager qui est un créateur de liens entre la marque et les fans, en étant à la fois le porte-parole des usagers en interne et celui de la marque en externe. Il faut savoir qu'il n'existe pas de formation dédiée à ce nouveau métier. Néanmoins, les candidats ayant une formation marketing ou de journalisme sont recherchés pour leurs qualités rédactionnelles. Le poste de community manager requiert une excellente connaissance des habitudes des internautes et une maîtrise des outils marketing web 2.0. On peut parler également du social media analyst qui a la charge, tout comme un analyste classique, de collecter et analyser les retours terrain afin de mieux fournir une interprétation des données qui servira de base à peaufiner la stratégie de l'entreprise. Enfin de nouveaux métiers plus techniques sont apparus comme le media planner, le trafic manager, le responsable de plate-forme et bien d'autres. Les métiers du web media comprennent également les métiers classiques de la communication comme le directeur artistique, consultant en stratégie… Comment les trouve-t-on généralement ? Ça se passe généralement sur le net ou de bouche à oreille. Ces personnes sont également présentes sur les réseaux sociaux. Pour la plupart, ce sont des profils bac+2 ou bac+3 avec des options marketing, communication ou finance. Nous trouvons également des personnes venues d'autres horizons, mais qui sont passionnées par les métiers du net. Ils n'hésitent pas à franchir le pas pour changer de métier. La moyenne d'âge pour ce genre de postes est située entre 27 et 32 ans. n Certains métiers sont relativement jeunes, quels sont les salaires pratiqués sur la place ? Les salaires sont assez disparates car tout dépend du niveau de formation, de l'expérience et de l'ancienneté mais également de la nature du travail. Un chef de projet peut démarrer à 8 000 DH nets et peut aller jusqu'à 25 000 DH nets. Le salaire d'un community manager peut varier de 7 000 à 12 000 DH nets, celui d'un consultant en stratégie de 8 000 à 25 000 DH nets. Le responsable trafic manager peut toucher entre 7 000 et 20 000 DH nets, les salaires des commerciaux sont situés entre 10 000 DH et 13 000 DH nets. Selon vous, qu'est-ce qui explique cet engouement ? Par la force du développement des technologies de l'information et des réseaux sociaux, nous sommes des pionniers dans la région en termes d'infrastructures de connexion et de réseaux sociaux. Ces outils ont pris de l'ampleur et, par la force des choses, sont devenus de véritables outils de communication, notamment, mais aussi de veille, de recrutement… Certains réseaux sociaux constituent des outils de veille RH très importants où les entreprises peuvent s'offrir des profils rares, difficilement repérables par les outils classiques. Tout le monde garde en tête le rôle de Facebook dans le déclenchement du printemps arabe, le mouvement du 20 Février au Maroc et bien d'autres. Les entreprises ont vite compris la force de frappe de ces outils qui sont devenus à la fois des canaux de communication marketing et un moyen de toucher un bon nombre de consommateurs directement. Il ne faut pas oublier que le Maroc compte près de 4,3 millions d'abonnés Facebook, 50 000 abonnés LinkedIn, environ 400 000 sur Viadeo et environ 26 000 sur Twitter. Ce sont des cibles potentielles sur le plan marketing. Une étude de l'institut TNS Sofres montre qu'un internaute marocain passe en moyenne 49% de son temps de connexion sur les réseaux sociaux, et que sur une journée de consommation média, 35% vont à l'internet contre 36% pour la télé, 17% pour la radio et 12% pour la presse. Pour les entreprises, les réseaux sociaux, plus particulièrement Facebook, constituent des plate-formes idéales pour débuter leur présence en ligne et occuper le terrain. C'est un moyen de communiquer sur le lancement d'un nouveau produit ou service, sur un événement, de faire de la publicité ciblée. C'est aussi intéressant pour doper les ventes en touchant une population jusqu'alors inaccessible, de trouver de nouveaux clients et pourquoi pas réaliser des ventes en ligne. Le réseau social permet également d'assurer une veille grâce à ce qui se dit sur les produits et services de l'entreprise. Des exemples ? Nous avons travaillé sur une campagne d'un grand éditeur de logiciel international qui consistait à axer toute la campagne de communication sur la darija. Une façon de renouer avec les utilisateurs. La campagne digitale a nécessité plusieurs étapes, avec un site web en ligne en darija, une communication sur Facebook, la mise en ligne d'articles sponsorisés, mise en ligne d'onglets sur la page fan de l'éditeur. Sur une période de deux mois, nous avons enregistré plus de 80 000 visites ainsi que près de 50 000 téléchargements du produit de l'éditeur concerné. Ce qui prouve une nouvelle fois l'importance des médias sociaux pour la communication de la marque. L'expérience des réseaux sociaux montre également que c'est un moyen de faire collaborer les utilisateurs en les impliquant dans le processus de conception d'un produit, en récoltant leurs avis, leurs suggestions, en échangeant sur les projets. Ces outils peuvent fournir de précieuses informations, si elles sont convenablement exploitées. Notamment tous les commentaires des clients (problèmes, suggestions…) qui alimenteront en interne les réflexions et les décisions d'amélioration du produit ou du service. Pour cela, il faut avoir des gens capables de gérer ces flux d'informations, de les exploiter au mieux pour créer le buzz.