Tant que le nouveau système voulu par la Constitution n'est pas opérationnel, un consensus semble s'être installé. Les syndicats et la société civile sont plus virulents que les partis de l'opposition. La situation qui prévaut sur la scène politique est loin d'être productive. D'un côté, un gouvernement omniprésent dans les médias et sur la place publique et d'un autre une opposition parlementaire quasi absente. L'une des raisons avancées par les analystes pour justifier cette situation est que le Maroc passe par une période de transition. D'abord, il y a eu des élections anticipées suivies d'une période assez longue de formation et d'investiture de gouvernement. Ensuite un projet de Loi de finances présenté en session extraordinaire qui n'a toujours pas été adopté alors que la première moitié de l'année est presque écoulée. Une situation inédite, donc. Mais combien va-t-elle durer ? «Il est clair que pour le gouvernement, tant que certaines lois organiques ne sont pas encore adoptées (celle relative au Conseil supérieur de l'autorité judiciaire ou à la Cour constitutionnelle ou à la régionalisation, pour ne citer que ces deux exemples), nous restons dans une période de transition. Une phase où opposition et gouvernement doivent enterrer la hache de guerre», explique le politologue Mohamed Darif. Pour une partie de l'opposition, comme l'USFP, cette période ne saurait durer. «Après que les 100 premiers jours de trêve se soient écoulés, nous allons changer d'attitude», affirme Ahmed Zaidi, président du groupe parlementaire de l'USFP. Les formations de l'opposition attendent d'ailleurs le 14 mai prochain, date de passage du chef du gouvernement devant le Parlement, pour le bombarder de questions relatives à la politique générale de son équipe. Après, «les prochains mois seront riches en débat politique entre opposition et majorité», affirme Salaheddine Mezouar, président du RNI Il était temps, puisque la situation d'apathie politique «n'est pas saine. Elle n'est pas tolérable en cette conjoncture que traverse le pays», affirme le politologue Tarik Tlaty. Ce vide laissé par l'opposition parlementaire sera vite comblé. Aujourd'hui, ce sont les syndicats et la société civile qui assument, chacun à sa manière et à des degrés différents, la mission de l'opposition et canalisent la contestation des masses populaires. Si, demain, l'opposition ne joue pas pleinement son rôle, prévient le politologue Tarik Tlaty, cela ouvrira la porte à certaines forces qui s'expriment de plus en plus dans la société et qui exercent une opposition, non pas politique, mais d'ordre religieux.