Après la publication des résultats 2011 des sociétés cotées, le marché a effacé ses gains et affiche désormais une baisse de près de 6%. Les grands investisseurs s'orientent vers les marchés monétaire, obligataire et de la dette privée. Techniquement, 2012 marque la fin du cycle baissier, selon les analystes. La Bourse de Casablanca se porte de plus en plus mal. Comme l'attestent l'ensemble des indicateurs de la place, le marché poursuit son trend baissier entamé depuis la troisième semaine du mois de mars. En effet, après avoir effacé sa performance de plus de 5% et clôturé le premier trimestre sur une note légèrement négative (-0,7%), le Masi, indice de toutes les valeurs cotées, a enchaîné les séances de baisse. Sa contre-performance depuis le début de l'année a atteint un plus bas de 7,2% le 13 avril, avant d'être ramenée 10 jours plus tard à -5,4%. Au 23 avril de l'année précédente, le marché évoluait sur la même tendance. Il avait réalisé une baisse du même ordre, soit -5,5%. Du côté des volumes, la place est toujours qualifiée d'anémique par les professionnels. Depuis le début de l'année, les échanges sur le marché central ont totalisé près de 8 milliards de DH. A la même période en 2011, les transactions étaient plus importantes, à près de 21 milliards de DH. Ainsi, sur une année glissante, la chute des volumes s'élève à 61%. Et d'une manière globale, le volume du marché, tous segments confondus (marché de blocs, apports de titres, augmentations de capital, offres publiques et transferts), s'est élevé à 13,8 milliards de DH, en recul de 62% par rapport à 2011. Il faut dire que le contexte du marché était déjà morose, caractérisé par une perte de confiance des investisseurs et un manque de visibilité quant aux perspectives de l'économie nationale. Pour ne rien arranger, la publication par les sociétés cotées de résultats 2011 décevants a accéléré la baisse, et même les entreprises ayant affiché de bonnes performances n'ont pas échappé à la tendance. Un analyste de la place le confirme : «La récente chute du marché est due surtout au niveau de résultats décevants des grandes capitalisations, notamment Maroc Telecom. Les résultats de l'opérateur étaient, certes, attendus en baisse, mais pas d'une aussi grande ampleur». En effet, Maroc Telecom a dégagé un résultat net en retrait de 14,2% par rapport à 2010 à 8 milliards de DH. A rappeler que l'ensemble des sociétés cotées a réalisé une capacité bénéficiaire en baisse de 0,8%, à 29,9 milliards de DH. Hormis Maroc Telecom qui représente près de 27% de la masse bénéficiaire de la cote, celle-ci se serait améliorée de 5,25%. En plus de la baisse des résultats, le niveau de distribution de dividendes de cet année a déçu nombre d'intervenants sur le marché. Seulement 57 sociétés cotées ont rémunéré leurs actionnaires, contre 60 une année auparavant, dont 21 ayant annoncé des dividendes en baisse. «La rémunération des investisseurs a diminué et, partant, cela a pesé sur leur moral, surtout les institutionnels (compagnies d'assurance et caisses de retraite) et les OPCVM. Ils ont, de ce fait, préféré alléger leurs positions sur le marché actions dans l'attente d'une reprise pour se repositionner», ajoute cet analyste. Hormis ces facteurs, la liquidité du marché pose toujours problème. Celle-ci manque de plus en plus et les professionnels, ayant besoin de cash, dirigent leurs placements vers le marché monétaire et obligataire plus liquides. «L'essentiel des transactions s'effectue actuellement sur les valeurs les plus liquides du marché, à savoir les grandes capitalisations dont Maroc Télécom, Attijariwafa bank et Addoha», précise un gestionnaire de portefeuille. Et encore, les transactions sur ces valeurs ne portent pas sur des volumes importants, comme en atteste la moyenne quotidienne des transactions sur le mois d'avril qui avoisine à peine 125 MDH. De ce fait, «il ne s'agit pas d'un désengagement massif des investisseurs de ces valeurs, mais d'un repositionnement en attendant des jours meilleurs», conclut notre analyste. Par ailleurs, l'augmentation de capital attendue de Maroc Telecom tire le marché vers le bas. Les investisseurs, anticipant cette opération à un prix plus avantageux que le cours actuel, sont en train de liquider leurs positions sur cette valeur pour ensuite s'y repositionner. La baisse se poursuivra au moins jusqu'à septembre En somme, les facteurs défavorables ne manquent pas. Dans ces conditions les perspectives d'évolution du marché boursier sur les prochains mois sont loin d'être prometteuses. Les analystes de la place s'accordent à dire que la tendance baissière se maintiendra au moins jusqu'à la publication des résultats du premier semestre en septembre. Ceux d'Upline Group avancent : «Nous restons indécis quant à l'évolution du marché cette année. Ceci dit, on devrait s'acheminer vers une autre année baissière surtout au vu des différents indicateurs économiques qui ne sont pas encourageants». Aussi, le marché de la dette privée demeurerait plus attractif que le marché actions, non seulement pour les sociétés qui font appel public à l'épargne, mais aussi pour les investisseurs, puisqu'il offre des rendements plus intéressants. Néanmoins, plusieurs signaux plaident pour une reprise en 2013. D'un point de vue technique, un gestionnaire de portefeuille se veut plus confiant : «Le marché boursier est actuellement dans sa quatrième année de baisse (mis à part l'année 2010 qui a connu une performance positive en raison de l'opération Ona-Sni). Cycliquement, cette année serait la dernière où le marché connaîtrait une baisse puisque, techniquement, une crise boursière a généralement une durée de vie de 5 ans». Les analystes d'Upline Group sont du même avis : «On assistera en 2013 aux prémices d'une reprise».