Rarement, les reportages radiophoniques se révèlent bouleversants. Celui dédié aux pensionnaires des hospices, par Radio Casa, dimanche dernier, a ému aux larmes. Rarement, les reportages radiophoniques se révèlent bouleversants. Celui dédié aux pensionnaires des hospices, par Radio Casa, dimanche dernier, a ému aux larmes. On imaginait ces lieux comme des mouroirs, peuplés de morts en sursis, attendant, avec résignation, le moment où ils quitteraient cette vallée de larmes ; on se rend compte qu'ils sont gorgés de vie. Loin des clichés présentant les êtres chargés d'ans comme des croulants qui retombent en enfance, les vieux du reportage en remontreraient à bien des jeunes au chapitre de la propreté sur soi, de l'élégance sans ostentation et de la joie de vivre. Ils passent le plus clair de leurs jours comptés à se rendre utiles, à égayer ingénieusement leur désormais lieu de vie et, parfois, à se faire beaux pour se montrer à leur avantage devant les âmes charitables qui viennent les «visiter». Mais là où l'émission est devenue insoutenable, au point de tirer des larmes aux auditeurs les moins disposés à la sensiblerie, c'est lorsqu'elle a cherché à savoir la raison pour laquelle ces personnes ont «chu» dans un hospice. Certains parce qu'ils se sont retrouvés seuls au monde et sans ressources ; la plupart, cela paraît incroyable, parce que leurs proches s'en sont débarrassés. Naguère, on était pleins d'égards pour nos vieux, aujourd'hui on les met au rebut. A croire que notre société, vieille d'au moins trente siècles, immole une de ses précieuses valeurs, au nom d'un jeunisme mal assumé.