L'Intelligence dite artificielle semble « reconfigurer » bien de certitudes. Une toute récente étude l'OCDE zoome sur le monde de l'emploi. Entre promesses pour certains et craintes pour d'autres, elle fait le point. Scénarios. Suivez La Vie éco sur Telegram L'intelligence artificielle (IA) générative va accentuer les fractures en termes d'emploi entre les régions dans les pays de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE), selon un nouveau rapport de l'Organisation, publié ce jeudi 28 novembre. D'après ce rapport intitulé « Création d'emplois et développement économique local: La géographie de l'IA générative », cette technologie n'aura pas les mêmes répercussions sur tous les marchés du travail locaux dans les pays de l'OCDE, creusant les écarts de revenu et de productivité entre villes et campagnes ainsi que la fracture numérique entre les régions. « L'adoption rapide de l'IA générative redessine les marchés du travail locaux en apportant des solutions aux pénuries de main-d'œuvre et en stimulant la productivité. Mais elle risque en parallèle d'élargir le fossé numérique entre zones urbaines et zones rurales », a indiqué le Secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann, cité dans un communiqué de l'Organisation. « Pour exploiter le potentiel de cette technologie dans l'intérêt de tous, les responsables publics doivent donner la priorité à l'infrastructure numérique, miser sur la culture numérique et venir en aide aux PME afin que les bienfaits de l'IA générative profitent à chacun et que les pénuries de compétences au niveau local s'atténuent », a-t-il précisé. Le document révèle qu'après une décennie de croissance, le taux d'emploi était supérieur à 70% en 2023 dans plus de la moitié des régions de l'OCDE, grâce notamment à une progression de la part de femmes dans la population active qui a réduit l'écart de taux d'activité par rapport aux hommes dans 84 % des régions. La forte hausse de l'emploi a, par ailleurs, entraîné des pénuries de main-d'œuvre, en particulier dans les régions urbaines densément peuplées, comme la Lombardie (Italie) et Hambourg (Allemagne), ainsi que dans les régions confrontées à un déclin et un vieillissement démographique. Dans ce contexte, l'IA générative peut aider à remédier à ces pénuries et stimuler la productivité. Le rapport soulève toutefois que son incidence sur l'emploi est loin d'être uniforme : le pourcentage de travailleurs occupant un emploi qui lui est exposé oscille entre 45%, dans des régions urbaines comme celles de Stockholm (Suède) ou Prague (Tchéquie), et 13%, dans une région rurale comme le Cauca (Colombie). L'IA générative affectera plus volontiers les travailleurs citadins : 32% d'entre eux y sont déjà exposés contre 21% à peine des travailleurs ruraux, d'après la même source. Cette tendance, selon l'OCDE, pourrait bien creuser les écarts de revenus et de productivité entre villes et campagnes, ainsi que les fractures numériques entre les régions. Des régions considérées auparavant comme relativement peu menacées par l'automatisation figurent aujourd'hui parmi les plus exposées à l'IA générative, peut-on lire dans le rapport. En effet, si l'automatisation induite par la technologie a toujours affecté les régions non métropolitaines et les régions manufacturières, ce sont à présent les régions métropolitaines, les travailleurs très qualifiés et les femmes qui sont menacées au premier chef par l'IA générative, celle-ci excellant dans l'exécution des tâches cognitives et non répétitives, selon l'analyse de l'OCDE.