Les taux démarrent à 2,4% pour les petits montants bloqués sur une courte durée. Avec un dépôt de plus de 1 MDH, le client peut négocier des conditions plus avantageuses. Les banques commerciales pâtissent d'un manque de liquidités grandissant. Bank Al-Maghrib a certes introduit en 2011 une nouveauté visant la réduction des besoins de refinancement des banques, en mettant en place les opérations de pension à trois mois. Mais cela n'a pas pour autant apaisé les tensions. Le déficit de liquidité a terminé l'année écoulée à plus de 38 milliards de DH contre à peine 4 milliards début 2011. Et le déficit continue de se creuser puisqu'au premier mois de cette année, les banques ont totalisé un besoin de 43,6 milliards de DH. Pour le combler, la Banque centrale sert en moyenne 40 milliards de DH au titre des avances à 7 jours et des opérations de pension livrée à 3 mois. Dans ces conditions, on pouvait croire que les banques ont eu tendance à augmenter le niveau des taux créditeurs pour attirer le maximum de dépôts, notamment pour ce qui est des comptes à terme, la rémunération des comptes sur carnet étant indexée sur les taux des bons du Trésor. Or, le relèvement des taux servis dans le cadre des DAT n'est pas systématique. Si un effort est fait pour attirer les gros déposants, les conditions restent inchangées pour le client lambda. Notons d'abord que le taux moyen pondéré des DAT, tel que relevé mensuellement par Bank Al-Maghrib, s'est établi à 3,5% pour les dépôts à 6 mois et de 4,02% pour les dépôts à 12 mois durant le mois de janvier. Ces niveaux sont en hausse respectivement de 17 et de 45 points de base sur deux ans. Donc, il y a bel et bien eu augmentation mais il s'agit là de moyennes pondérées, sensiblement affectées par les gros dépôts de certains institutionnels. Sur le terrain, des disparités existent en fonction de la banque, du montant déposé et de la nature des clients. 149 milliards de DH bloqués dans des DAT à fin janvier A titre d'exemple, selon des données obtenues auprès du réseau d'agences, Attijariwafa bank et le Crédit Agricole du Maroc appliquent un taux de base de 2,50% sur les comptes bloqués à trois mois. La Société Générale et BMCE Bank rémunèrent leurs clients plus généreusement, à 2,75% et 2,70% respectivement. A contrario, la Banque Populaire sert un taux moindre, établi à 2,40%. A partir de ces niveaux servis pour les DAT à trois mois, les banques opèrent une hausse de 25 points de base sur les taux des comptes à six mois et 25 autres pb sur ceux à douze mois, exception faite de la Société Générale. Cette banque améliore les taux de ses DAT de 15 pb à mesure que la durée de blocage augmente. Ainsi, sur 6 et 12 mois respectivement, Attijariwafa bank et le Crédit Agricole offrent un taux de 2,75% et 3%, BMCE Bank de 3% et 3,25%. La Société Générale rémunère, elle, ses dépôts à terme à 2,85% et 3% et la Banque Populaire à 2,65% et 2,90%. Et plus la durée du dépôt s'allonge, plus le taux augmente. «Les comptes à 24 mois sont également ouverts par notre banque, mais ils sont plus destinés à une clientèle exigeante en termes de rémunération», confie une responsable d'agence bancaire. Une particularité est quand même à relever chez Attijariwafa bank. En effet, cette dernière réserve un traitement privilégié aux Marocains résidant à l'étranger et leur offre une bonification de 25 pb sur chaque tranche de taux appliqué. Le Crédit Agricole, par exemple, traite les MRE sur le même piédestal que les locaux. «Nous ne voyons pas d'intérêt particulier à accorder à cette population des taux plus avantageux», explique un chargé de clientèle. Ceci étant pour les conditions standard. Cela dit, tous les banquiers consultés s'accordent à affirmer que les taux des DAT font l'objet de négociations, quelle que soit la durée de blocage. Pour Attijariwafa bank, une amélioration des taux de 0,25% commence à prendre place à partir d'une somme déposée de 1 MDH. Chez cette même banque, les taux des DAT peuvent même atteindre 4,25% pour des montants plus gros. Chez le Crédit Agricole, le taux peut franchir la barre des 4,10%. Ceci nécessite la demande d'une dérogation spéciale au profit du client, adressée à la direction générale de la banque. Par ailleurs, même si la réglementation bancaire ne précise pas un seuil à partir duquel une banque est autorisée à ouvrir un DAT, généralement elles n'acceptent pas n'importe quel montant. Si certaines, par manque de liquidités ou pour toute autre raison, ouvrent des dépôts rémunérés à partir d'un minimum de 50 000 DH, d'autres ne le font qu'à partir de 200 000 DH ou même 400 000 DH. Celles-ci jugent plus opportun pour le client de déposer une somme modeste dans un compte sur carnet, rémunéré actuellement à 2,97%, que dans un DAT à environ 2,75%. Il est à noter que l'encours des DAT totalise 149,5 milliards de DH à fin janvier 2012. Il est en baisse de 2,1% sur une année glissante, sachant que cet encours avait franchi à la hausse le seuil des 160 milliards de DH durant ces trois dernières années. Les DAT des compagnies financières sont en légère progression (+0,8%), à 12,3 milliards de DH, tandis que ceux de l'Etat et des entreprises publiques sont en baisse de 24,5%, à 14 milliards. Pour les entreprises non financières, ils sont en hausse de 12,4%, à 31,4 milliards de DH. Alors que chez les particuliers et MRE, ils sont en baisse de 3,3%, à 87,7 milliards de DH.