Maroc-Slovénie :Volonté partagée de renforcer le partenariat    BMCI: AGR maintient sa recommandation d'achat du titre    Propriété intellectuelle. Le Maroc en tête du classement africain    Réassurance : La SCR devient Atlantic Re    CRI Tanger-Tétouan-Al Hoceima : 85 MMDH d'investissements approuvés en 2024    Il est temps d'en finir avec le terrorisme frériste au Maroc    CAN 2025 : le Maroc active plus de 120 projets    Procédure pénale et violence contre les femmes : Ce que cache l'article 41-1    Jazzablanca 2025 dévoile son line-up d'envergure internationale    Mawazine 2025 : Lojay enflammera la scène de l'OLM Souissi aux côtés de Wizkid    Omar Hilale : Le retour au Sahara marocain conditionné par le recensement espagnol de 1974    Polisario : Sans salaires, les enseignants sont en grève    Fraises congelées : le Maroc rafle la mise au Japon    Tourisme : Fès-Meknès vise le million de visiteurs en 2026    Conjoncture : la demande intérieure sauve la mise    MAVA organise la 3e édition du Forum africain sur l'investissement dans les chaines de valeur agricoles    ODT appelle à un dialogue social urgent pour réformer la SNRT et protéger les droits des employés    Un centre de recherche américain : des appels croissants pour classer le Polisario comme organisation terroriste en raison du soutien de l'Iran et de l'Algérie et de ses liens avec des groupes extrémistes    En crise avec l'Algérie, le Mali accueille une réunion militaire de l'Alliance du Sahel    Casablanca : Mobilisation contre l'arrivée d'un navire chargé d'armes pour Israël    UE-USA : la guerre commerciale de Trump bouscule les plans de la BCE    TikTok lance une fonctionnalité de vérification communautaire pour lutter contre la désinformation    Trump suspend l'accord TikTok en attendant une issue au conflit commercial avec la Chine    Signature d'un accord stratégique entre la Banque Centrale de Mauritanie et la Bourse de Casablanca    High Atlas Ultra Trail 2025 : Le sport au service du développement territorial    Football : les agents des joueurs du continent préparent leur conclave à Rabat    Real Sociedad : Nayef Aguerd toujours absent pour cause de blessure    Abdellah Birouaine restera à la tête du Raja jusqu'à la fin de la saison    Olympique Khouribga dément toute tentative de suicide d'un joueur et évoque des pressions pour sa naturalisation    Le Maroc améliore ses stades et ses villes en vue de la CAN 2025    Droits des personnes handicapées : une charte politique signée    El enfado de Bourita contra los aliados del Polisario en España    Le temps qu'il fera ce vendredi 18 avril 2025    Moroccan FM Bourita slams Polisario allies in Spain    DONGFENG MAROC entrega el primer minibús 100 % eléctrico en el Reino    Dislog Group and Morocco's 40 Under 40: a strategic alliance for Morocco's future    Santé et nutrition : L'UNICEF décortique ses initiatives au Maroc pour 2024    Les températures attendues ce vendredi 18 avril 2025    Nasser Bourita : un éclat diplomatique lors d'une tournée européenne ayant couvert six pays en une seule semaine    Xi Jinping et Hun Manet s'accordent sur le renforcement du partenariat stratégique global    Festival : les "Renaissances" des musiques sacrées    Expositions : We Arty conjugue la création artistique à Marrakech    Tous chemins mènent au SIEL : navettes gratuites depuis quatre points stratégiques    Mawazine 2025 : Becky G enflammera la scène de l'OLM Souissi le 22 juin    De Tanger à Casablanca, Leïla Slimani en tournée pour présenter le dernier opus de sa trilogie    SIEL 2025 : Le prince Moulay Rachid préside l'ouverture de la 30e édition    Le ministre des Affaires étrangères espagnol salue la solidité des relations avec le Maroc et les qualifie de "meilleures de l'histoire"    La Chine appelle Washington à cesser les pressions et réaffirme sa volonté de coopérer sans renoncer à ses intérêts    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Court métrage : Aïta, la note juste
Publié dans La Vie éco le 11 - 11 - 2024

Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji signent « Chikha », un court-métrage primé au Film Africa de Londres qui explore l'émancipation d'une jeune femme à travers l'art de l'aïta. Rencontre.
Suivez La Vie éco sur Telegram
L'aïta, joyau patrimonial marocain, résonne depuis des siècles comme la voix des plaines, s'élevant tantôt en cri de résistance – «hazo laalam, zido bina el godam» –, tantôt pour célébrer l'amour – «Ah ya lasmar» – ou encore pour magnifier la beauté – «awinatek bhira, miha safia». Cet art populaire et poétique atteint même des dimensions spirituelles, comme en témoigne l'invocation : «moulay Abdellah el lwali, rahna jina nzorok». Préserver cet héritage vivant est essentiel pour éviter qu'il ne tombe dans l'oubli.
Une diversité d'initiatives témoigne de cette volonté de transmission, notamment l'étude de Hassan Najmi, Ghinaa al aïta (Al-Aïta poésie orale et musique traditionnelle au Maroc, éditions Toubkal, 2007), ou le feuilleton Oujaâ Trab, réalisé par Chafiq Shimi et Noureddine Kacimi, vibrant hommage à cet art ancestral. Plus récemment, l'anthologie Chikhates et Chioukhs de l'Aïta, produite en 2017 par l'association marocaine Atlas Azawan sous la direction de Brahim El Mazned, est venue compléter le puzzle. Dans cette même dynamique s'inscrit Chikha, le court-métrage d'Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji, qui apporte une nouvelle pierre à l'édifice de cette mosaïque.
«Chikha» : Entre deux mondes
Chikha, réalisé par Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji, a récemment été honoré du prix Baobab du meilleur court-métrage au Festival Film Africa de Londres. Cette récompense consacre une œuvre qui conjugue engagement et célébration culturelle avec finesse.
En 25 minutes, le film plonge dans le parcours de Fatine, une jeune fille de 17 ans déchirée entre son amour pour Youssef, qui rejette son héritage familial, et son attachement profond à l'Aïta, chant traditionnel incarné par les chikhates. Ce dilemme identitaire, exacerbé par un ultimatum inattendu, pousse Fatine à se frayer un chemin avec détermination, imprimant ainsi une marque puissante sur l'ensemble du film.
Une scène du film.
Les réalisateurs, portés par des influences cinématographiques ancrées dans le réalisme social, adoptent un style empreint d'authenticité. Ayoub Layoussifi, inspiré par le cinéma iranien d'Abbas Kiarostami, puise dans cette esthétique pour illustrer l'identité culturelle. Marqué également par les cinéastes sud-coréens Park Chan-wook et Bong Joon-ho, il déclare : «J'aime un cinéma en mouvement, un style d'auteur qui reflète mon identité, ma culture et mon parcours». Layoussifi, comédien de formation, a également enrichi sa mise en scène en observant des réalisateurs comme Werner Herzog et Mohamed Mouftakir.
Zahoua Raji, de son côté, trouve une affinité dans le cinéma social de Ken Loach, où l'authenticité flirte avec le documentaire. Cette empreinte réaliste se retrouve dans Chikha, renforcée par son amour du cinéma iranien et coréen, apprécié pour le rythme et la profondeur des dialogues.

Une scène du film.
Le personnage de Fatine est interprété par Rita L'Oujdia, découverte par les réalisateurs sur les réseaux sociaux un an avant le casting. Rita, qualifiée par Layoussifi de «forte, audacieuse, intelligente», a incarné d'emblée cette jeune femme prise entre deux mondes. Le processus de sélection a impliqué un véritable effort collectif, réunissant directeurs de casting et proches des réalisateurs pour trouver cette perle rare.
L'univers des chikhates est traité avec une sensibilité qui transparaît à chaque scène. Les réalisateurs, ayant grandi avec ces figures emblématiques lors des mariages et festivités, ont été fascinés par leur paradoxale marginalisation dans les années 90. «Nous voulions montrer ces femmes fortes et libres, souvent sous-estimées. Tout le monde veut leur compagnie, mais leur réputation reste entachée», confie Layoussifi. Pour Raji, les chikhates symbolisent la résilience d'un peuple et la permanence de leur art dans l'imaginaire collectif.
Au cœur du film, Fatine, issue d'une lignée d'artistes, doit choisir son propre chemin. Layoussifi souligne l'importance de cette perspective féminine : «C'est avant tout le point de vue d'une femme, une jeune fille qui refuse qu'on lui dicte les règles... Devenir chikha est une fierté, non une honte». Chikha devient ainsi un portrait d'émancipation, célébrant un art encore stigmatisé.
Pour créer des dialogues authentiques, les auteurs Yamina Zarou, Zahoua Raji et Layoussifi ont collaboré étroitement, élaborant le texte initial en français avant de confier la traduction à Hatim Seddiki. Layoussifi explique que l'approche privilégiée laissait aux comédiens une liberté d'adaptation, permettant à chaque personnage de s'approprier les dialogues de manière naturelle. Ce procédé a renforcé l'authenticité du discours, donnant aux échanges une profondeur et une certaine résonance.
Avec Chikha, Ayoub Layoussifi et Zahoua Raji livrent une œuvre intense qui marie engagement social et exploration intime, questionnant les choix de vie à l'intersection entre tradition et modernité. À travers le portrait d'une héroïne en quête de liberté, le court-métrage célèbre l'Aïta tout en interrogeant les normes qui pèsent sur l'expression des identités multiples au Maroc.

Consécrations !
En octobre 2024, Chikha a entamé son parcours international en étant sélectionné en compétition officielle au prestigieux Film Africa de Londres, où il a fait une entrée remarquée en tant que Première mondiale et a été couronné du Baobab Award du Meilleur court métrage. Cette distinction a marqué le début d'une série de participations dans plusieurs festivals à travers le monde. Aux Etats-Unis, le court-métrage a été projeté pour la première fois lors de l'Arab Film Festival de San Francisco, où il a été nommé pour le prix du Meilleur film narratif. En Amérique latine, Chikha a également été présenté en compétition au Festival international du court métrage de Belo Horizonte, au Brésil, où il a bénéficié d'une première locale.
En novembre, Chikha fait son entrée aux Etats-Unis en compétition au Miami Short Film Festival, où il est nommé pour le prix du Meilleur film étranger. En France, le film est présenté hors compétition au Festival européen du film court de Brest, dans le cadre du programme de France TV. Toujours en novembre, Chikha est en sélection officielle au Ale Kino! International Young Audience Film Festival de Pöznań, en Pologne.
Enfin, en décembre 2024, le film est attendu dans deux festivals de premier plan dans le monde arabe : il sera projeté en compétition au Red Sea International Film Festival en Arabie Saoudite, puis aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) en Tunisie, un événement emblématique du cinéma arabe et africain.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.