« La Damnée », le premier long-métrage d'Abel Danan, un huis clos angoissant qui mêle légendes marocaines et santé mentale. Sa sortie en salles est prévue pour le 30 octobre. Critique. Suivez La Vie éco sur Telegram La Damnée, premier long-métrage d'Abel Danan, est un film d'horreur psychologique centré sur Yara, une jeune Marocaine agoraphobe confinée dans un appartement parisien durant une pandémie. D'une durée de 1h20, le film s'efforce de capturer l'angoisse d'une génération perdue. Cependant, malgré ses ambitions, il peine à s'élever au-dessus des références qui l'ombragent. Tout d'abord, l'interprétation de Lina El Arabi constitue sans conteste le point culminant du film. Son incarnation de Yara, tour à tour vulnérable et terrifiée, parvient à transmettre la gravité de son isolement et de ses angoisses. Sa performance intense donne vie à un personnage complexe, engagé dans une lutte intérieure. Danan puise son inspiration dans le pays d'origine de ses parents, le Maroc. En grandissant, il a été immergé dans un univers peuplé de récits effrayants, transmis par sa grand-mère. Les légendes de sorcières et de djinns, ainsi que les histoires terrifiantes provenant de son village dans la région du Souss-Massa-Drâa, ont nourri son imaginaire, offrant un terreau fertile pour le développement de son récit. Cette influence marocaine s'étend également à la peinture. Les œuvres de Goya, et plus particulièrement «Le Sabbat des sorcières», se sont révélées inspirantes pour le choix des couleurs et des textures. Ces références picturales ont été présentées au D.O.P. et à l'équipe, avec l'intention de faire ressentir à travers le film les mêmes peurs et horreurs que celles capturées dans lesdits tableaux. En outre, le film se distingue par son ambiance oppressante, renforcée par un découpage soigné et une direction artistique efficace. Le huis clos est bien exploité, contribuant à l'anxiété ambiante, et les quelques flashbacks au Maroc ajoutent une dimension au passé de Yara, ancrant son trauma dans un contexte culturel riche et nuancé. Un film qui hante sans convaincre Cependant, malgré ces points positifs, le film souffre d'un scénario qui s'épuise rapidement. L'intrigue, bien que prometteuse, ne parvient pas à maintenir la tension sur la durée. Les rebondissements et les effets de surprise, souvent prévisibles, nuisent à l'impact émotionnel que le réalisateur souhaite transmettre. Les comparaisons inévitables avec des œuvres classiques comme Repulsion ou Rosemary's Baby mettent, par ailleurs, en lumière la difficulté d'Abel Danan à se réapproprier les codes du genre. En effet, le film joue sur des thèmes déjà explorés sans apporter de nouvelles perspectives ou innovations, ce qui peut donner l'impression d'un manque d'originalité, rendant l'expérience quelque peu redondante. Enfin, le film ambitionne d'aborder plusieurs thèmes en parallèle, mais cela se traduit souvent par une surcharge narrative qui dilue l'impact de chaque élément. L'équilibre entre le réalisme psychologique et l'horreur se trouve parfois compromis, laissant le spectateur perplexe quant à l'orientation du récit. Bien qu'il soit porté par une performance remarquable de Lina El Arabi et une atmosphère visuellement captivante, La Damnée se heurte à des faiblesses structurelles et scénaristiques qui limitent son efficacité. Abel Danan montre un potentiel prometteur en tant que jeune cinéaste, mais il devra explorer de nouvelles voies narratives pour véritablement se démarquer dans un genre aussi exigeant. Ainsi, le film laisse l'impression d'un effort sincère, mais également d'une opportunité manquée d'explorer en profondeur les angoisses de son héroïne.