Il était à 10% à fin mars 2010 : 103 000 emplois nets ont été créés en un an. Ils ont été, en totalité, le fait de deux secteurs : le BTP et les services. Bonne nouvelle : l'emploi non rémunéré perd du terrain au profit de l'emploi rémunéré. Rien à faire, l'emploi, c'est encore essentiellement dans le BTP et les services qu'il s'en crée le plus. L'industrie, elle, quand elle n'en perd pas, y participe faiblement. Les derniers chiffres sur le marché du travail que le Haut commissariat au plan (HCP) vient d'élaborer mettent en évidence, une fois de plus, cette réalité. Entre le premier trimestre 2010 et le premier trimestre 2011, les 103 000 emplois nets créés l'ont été, en totalité, dans deux secteurs seulement : le BTP et les services. De prime abord, cela paraît paradoxal qu'un secteur comme le BTP, frappé de plein de fouet par la crise, ait été celui qui a créé le plus d'emplois. On sait néanmoins que, d'une part, seul l'habitat a subi les effets de la crise – les travaux publics continuant de poursuivre leur dynamisme – et, d'autre part, une partie importante des créations l'ont été en milieu rural : 86 000 emplois contre 65 000 en milieu urbain. Autrement dit, c'est l'auto-construction dans les campagnes ainsi que les travaux de construction de routes et pistes rurales qui ont pour l'essentiel fourni les 86 000 emplois. Dans les services, en revanche, les 55 000 emplois nets créés, pour l'essentiel dans le commerce, l'ont été exclusivement en milieu urbain ; dans le milieu rural, on en a, au contraire, perdu 19 000. L'agriculture, avec une création de 26 000 emplois en milieu urbain et une perte de 86 000 postes en milieu rural, a dégagé un solde négatif de 60 000 emplois, ce qui représente une perte de 1,4% du volume d'emploi du secteur. Quant à l'industrie, elle n'a strictement rien créé ; elle a même perdu des emplois aussi bien dans l'urbain (- 30 000) que dans le rural (- 3 000). La crise économique a sans doute été pour quelque chose dans cette «stérilité», mais il faut bien admettre que le phénomène n'est pas récent, mais bien structurel. La faiblesse de la base industrielle du pays (d'où le Plan Emergence) et la hausse de la productivité dans ce qui existe comme industrie apparaissent comme les facteurs principaux de l'atonie de l'emploi dans ce secteur. Les 15-24 ans ont le plus profité de la baisse du chômage Les 103 000 postes nets créés en douze mois (une année glissante entre fin mars 2010 et fin mars 2011) sont donc le solde entre les créations et les destructions (ou les pertes) d'emplois : 126 000 créations nettes en milieu urbain et 23 000 pertes en milieu rural. Une tendance intéressante à signaler : l'emploi rémunéré progresse, tandis que celui qui est non rémunéré diminue. Cela explique les fortes pertes d'emplois en milieu rural où «sévit» le plus l'emploi non rémunéré, constitué principalement de ce que l'on appelle les aides familiales, c'est-à-dire, en gros, les personnes qui effectuent des travaux de champs. Ainsi, les emplois rémunérés créés s'élèvent à 133 000, dont 119 000 dans les villes et 14 000 dans les campagnes. Dans le même temps, l'emploi non rémunéré a diminué de 30 000 postes résultant de la création de 7 000 emplois non rémunérés dans les villes et la perte de 37 000 postes dans les campagnes. Dans cette configuration, le taux de chômage à la fin du premier trimestre 2011 s'est établi à 9,1% contre 10% à la même période de 2010. En volume, le nombre de chômeurs a baissé de 9 % (soit 102 000 chômeurs en moins) en passant de 1139 000 personnes au premier trimestre 2010 à 1 037 000 personnes au trimestre correspondant de 2011. La tranche d'âge qui en a le plus profité, ce sont les jeunes de 15-24 ans habitant dans les villes, dont le taux de chômage a baissé de 2,3 points, et, dans une moindre mesure, les adultes de 35-44 ans en milieu rural (-0,8 point). Et cependant, ces améliorations affichées par les statistiques de l'emploi et du chômage, il faut évidemment les relativiser. Comme le montre d'ailleurs l'enquête du HCP, elles sont obtenues au prix d'une légère détérioration des chiffres du sous-emploi. La population sous-employée (qui travaille dans un poste nécessitant des qualifications moindres par rapport à sa formation) a en effet augmenté de 2,5% à 1 245 000 personnes, soit un taux de sous-emploi de 12% au lieu de 11,8% auparavant. Même s'il a légèrement baissé de 12,9% à 12,7%, le sous-emploi frappe davantage les campagnes, où les opportunités d'emplois sont moins grandes. Mais dans les villes aussi, ce phénomène semble en progression : 11,3% contre 10,7% auparavant. Faut-il y voir un des facteurs qui ont fait baisser le taux de chômage des personnes titulaires d'un diplômé ? Dans les villes, en tout cas, cette baisse du chômage des personnes diplômées est importante (17,8% contre 19% en 2010), ce qui serait, au moins en partie, à l'origine de la hausse du sous-emploi. Au final, la structure économique du Maroc reste encore dominée par les services, où les emplois, en dehors des services financiers et de l'administration, se caractérisent par une certaine précarité. Notons néanmoins la tendance haussière de l'emploi rémunéré : 76,7% contre 76,2% au premier trimestre 2010. Cette hausse n'est pas due à l'augmentation du salariat, bien au contraire, puisque celui-ci a baissé de près de 2 points (55,9% au lieu de 57,7) mais à la hausse de l'auto-emploi (44,1% au lieu de 42,3%).