Les ventes à l'étranger sont passées de 96 MDH à plus de 500 MDH. Derrière cette performance, une huile de meilleure qualité et des investissements dans les grands projets. Les Etats-Unis, premier client du Maroc, renforce le contrôle sur les importations. Le secteur oléicole a vécu une campagne 2009-2010 exceptionnelle aussi bien au niveau de la production que des exportations. La production d'huile d'olive a atteint 150 000 tonnes contre 65 000 tonnes en moyenne, au cours des cinq dernières années, soit une hausse de 131%. Mieux, en 2010, 24 655 tonnes d'huile d'olive brute et raffinée ont été exportées, contre 4 249 tonnes un an auparavant, soit une amélioration de 480%. La valeur totale de ces transactions s'est élevée à un peu plus de 503 MDH au lieu de 96 millions en 2009. Il s'agit là d'un bon résultat pour le secteur, mais qui est à nuancer. Et pour cause : les expéditions à l'étranger n'incluent pas que l'huile d'olive. Elles englobent également celles de l'huile de grignon, un dérivé ou plutôt un sous-produit de la première. Les volumes exportés ont été réalisés presque à parts égales entre ces deux variétés. Deuxième facteur qui relativise cette performance : en 2004, les exportations du Maroc en huile d'olive seulement avaient totalisé 30 000 tonnes. Il n'empêche que cela reste quand même une performance. Il faut dire que la filière oléicole est en train d'opérer une grande opération de modernisation de sa capacité de production. La moitié des exportations composée d'huile de grignon «Cette amélioration est due principalement à la sensibilisation des opérateurs sur l'importance de la qualité de l'huile d'olive notamment les exportateurs qui adoptent de bonnes pratiques de fabrication et d'hygiène et à ce titre certains professionnels ont créé des exploitations intégrées où la chaîne de valeur est totalement maîtrisée», explique-t-on du côté de la Direction de développement des filières de production au ministère de l'agriculture. Les dispositions encourageantes du Plan vert y sont également pour quelque chose. Les aides de l'Etat à cette filière ont été revues à la hausse. «En plus du soutien accordé pour l'irrigation, le matériel agricole, l'aménagement foncier et les plantations, l'agrégation (une prime de 450 DH/ha pour le bour et de 1 100 DH/ha pour l'irrigué), le soutien en aval prévoit 10% du montant de l'investissement pour les unités de trituration, des complexes intégrant des unités de mise en bouteille et des conserveries d'olives», rappelle la même source. Résultat : de grandes unités de trituration basées dans la région de Meknès ont nettement développé leur capacité de production. Aujourd'hui, elles parviennent à produire 6 000 tonnes par jour et certaines se sont spécialisées dans l'huile de grignon. En outre, les opérateurs ont mis en place des plateformes de commercialisation destinées au marché américain. Celui-ci, d'ailleurs, est le premier client de l'huile d'olive (les deux composantes) marocaine. Il est suivi de l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, le Canada et la France. Mais depuis octobre dernier, les USA ont mis en place un nouveau dispositif de contrôle des normes sur ses importations de l'huile d'olive. Désormais, «la qualité de l'huile extra vierge sera inspectée sur la base du mode de la dégustation également et non pas seulement de celui de l'analyse chimique», souligne le Pr Nouredine Ouazzani, responsable de l'Agropole olivier de Meknès. Le passage par le contrôle sensoriel se révèle être plus exigeant et surtout plus subjectif pour le déclassement de certaines importations. Ce qui risque de se poser comme un obstacle devant le produit marocain. C'est pourquoi, recommande M. Ouazzani, «les professionnels marocains doivent redoubler d'efforts pour moderniser leurs outils de production et pour axer sur l'amélioration de la qualité de leurs produits» .
Consommation locale faible : 2 litres par personne et par an Mais le secteur oléicole n'est pas orienté uniquement vers les marchés étrangers. Le marché local offre des perspectives importantes de développement. Pour le moment, le niveau de consommation du Marocain est très faible. Il est de 2 litres par habitant et par an. On est donc loin de la moyenne des pays méditerranéens, notamment l'Italie (117 l), la Grèce (21 l) et l'Espagne (13 l). La marge de croissance de notre consommation est incertaine, d'autant que les changements de comportement au niveau de la consommation des nouvelles générations marocaines se font au détriment de ce produit. D'où, plaide M. Ouazzani, «la nécessité de campagnes de sensibilisation pour inculquer aux consommateurs marocains une culture nutritionnelle de l'huile d'olive». Autre débouché pour le secteur : l'industrie locale de l'huile de table. Chaque année, celle-ci importe 400 000 tonnes d'huiles végétales. «Si seulement on arrivait à fournir à cette branche agroalimentaire 50% de ses besoins en cette matière première, toutes les unités de production du secteur tourneraient à fond», estime M. Ouazzani. Et, en même temps, cela épargnerait à l'Etat beaucoup de sorties de devises. Il reste que le potentiel en matière d'exportation est loin d'être négligeable, au cours des trois dernières années, une montée en gamme s'est fait ressentir et des investissements colossaux sont consentis dans le secteur par des groupes industriels et des fonds d'investissement. C'est l'exemple d'Olea Capital, créé par le Crédit agricole du Maroc et la Société Générale Asset Management Alternative Investments, filiale du groupe français éponyme et qui a créé une des plus grandes exploitations intégrées de production d'huile d'olive au monde. Et c'est loin d'être la seule initiative…