En marge de la réunion du premier marché des fabricants africains de vaccins qui se déroule actuellement à Marrakech, le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb a relevé que le continent fabrique moins de 1% des volumes de vaccins qu'elle consomme et importe environ 99% de sa consommation, ce qui rend l'Afrique dépendante de l'approvisionnement mondial. Suivez La Vie éco sur Telegram
Les travaux de la première réunion du premier marché des fabricants africains de vaccins ont démarré, vendredi à Marrakech, à l'initiative des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), de l'alliance du vaccin (GAVI) et du ministère de la Santé et de la protection sociale. Cette manifestation, qui se poursuit jusqu'au 1er octobre, a pour ambition de réunir les fabricants africains de vaccins, les ministres de la santé et des finances et les autorités nationales de régulation pharmaceutique des 13 pays africains producteurs de vaccins, afin d'identifier les meilleures stratégies pour assurer la réussite et la durabilité des projets de fabrication en cours. Elle vise, également, à créer une plateforme de concertation entre les producteurs et les acheteurs sur la manière de structurer et de construire le marché africain des vaccins et des produits biotechnologiques. Intervenant à cette occasion, Khalid Ait Taleb, a mis l'accent sur le retard accusé par l'Afrique en matière de fabrication de vaccins, notant que le continent fabrique moins de 1% des volumes de vaccins qu'elle consomme et importe environ 99% de sa consommation, ce qui rend le continent dépendant de l'approvisionnement mondial. Il a ainsi souligné que la demande africaine de vaccins pourrait doubler d'ici 2030, en raison de la croissance démographique, l'amélioration de la couverture sanitaire, et l'introduction de vaccins émergents dans de nouveaux pays, comme le HPV. Pour relever ce défi et favoriser une souveraineté vaccinale africaine, l'Union africaine (UA) s'est fixée, comme objectif audacieux de couvrir, d'ici 2040, au moins 60% de la demande en vaccins en Afrique, par des produits fabriqués localement (au lieu du 1 % actuellement), ce qui revient à fabriquer localement entre 1,5 et 1,7 milliards de doses par an d'ici 2040, a-t-il fait savoir. Afin d'atteindre cet objectif, le ministre a indiqué que l'UA a mis en place, sous l'égide du CDC Afrique, une stratégie continentale d'expansion de la fabrication de vaccins en Afrique (le PAVM), qui cible 22 maladies infectieuses prioritaires. Conformément à l'appel lancé par l'UA en faveur de l'expansion de la fabrication locale des produits de santé, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a lancé en 2021 un programme national ambitieux de développement de la fabrication locale des vaccins et produits biotechnologiques, dans le but d'assurer la souveraineté vaccinale nationale et de contribuer à celle continentale, a-t-il rappelé. La vision Royale de souveraineté vaccinale est déclinée en 3 étapes, a-t-il relevé, notant que la première étape consiste en la création de l'usine Maroc Biotechnologie (MARBIO) de production des vaccins et des produits biotechnologiques, en mode "Fil and Finish", alors que la seconde vise la construction, à moyen terme, d'une seconde usine pour la fabrication du bulk (Drug substance), qui permettra une certaine intégration du processus de fabrication. Quant à la troisième étape, elle cible la mise en place d'un consortium de recherche et développement en biotechnologies, constitué par des Instituts de recherche et universités publics et privés, avec l'objectif de développer des centres de biotechnologie et des programmes de formation pour former les talents et les capacités nationales en matière de fabrication et de contrôle de la qualité des produits biotechnologiques de la santé, a ajouté M. Ait Taleb. De son côté, le directeur de CDC Afrique, John Nkengasong, a indiqué que le continent africain doit produire ses propres vaccins, évoquant l'objectif de fabriquer au moins 60% des vaccins consommés dans le continent, dans les années à venir. Il a, par ailleurs, mis l'accent sur la nécessité du transfert des technologies et du renforcement des investissements au service du continent africain, afin d'assurer une préparation face à une future épidémie ou pandémie. M. Nkengasong a appelé, en ce sens, à encourager le partenariat entre tous les acteurs publics et privés, mais également le partage de l'expertise en faveur d'une souveraineté africaine en matière de vaccins. Cette réunion s'est déroulée en présence, notamment, des ministres de la santé de certains pays africains, des responsables des autorités nationales africaines de régulation pharmaceutiques et des représentants des organismes de coopération internationale.