Certains professionnels s'attendent à une baisse de 50% de leurs activités. Les agences de voyages n'ont pas anticipé et proposent les mêmes offres que les années passées. Ni l'Omra ni les Marocains résidents à l'étranger (MRE) ne pourront sauver la saison. Les professionnels du tourisme s'attendent à une saison estivale mitigée en raison de Ramadan. Beaucoup de voyagistes s'accordent à estimer que leur activité durant la saison estivale baissera de l'ordre de 50%. «Les rares demandes que nous recevons pour des réservations pour la période de l'après-Ramadan émanent de personnes seules ou de couples sans enfants, qui sont souvent des fonctionnaires», déclare un agent de voyages à Marrakech. En effet, pour les salariés du secteur privé, il est difficile de prendre ses congés en septembre qui est considéré par les entreprises comme une période de reprise de l'activité, sans oublier que la rentrée des classes a lieu durant ce mois. Le même constat est dressé par Mustapha Boucetta, président du CRT de Tanger, qui estime que la saison sera mauvaise, même si les hôtels sont surbookés en juillet. En effet, beaucoup de ceux qui veulent profiter d'un repos en compagnie de leur famille ont avancé leur congé, quand ils en ont la possibilité. A Agadir, par exemple, qui est comme on le sait l'une des destinations préférées des nationaux durant la saison estivale, il est difficile de trouver des chambres pour le mois de juillet. La ruée vers cette ville est davantage encouragée par l'ouverture de l'autoroute, gratuite de surcroît durant un mois. Résultat : les prix flambent dans les hôtels classés qui savent qu'ils vivront un mois d'août très morose. Pour sauver les meubles, les hôteliers de Tanger sont en train de réfléchir à des formules Ramadan destinées aux nationaux avec des prix «défiant toute concurrence», c'est-à-dire, précise sans grande conviction M. Boucetta, des packages en pension complète avec le prix de la chambre symbolique. Une offre inadaptée pour les voyages à l'étranger Quant aux agences, on aurait pu s'attendre à les voir réagir aussi en proposant des packages pour le mois de juillet. Or, étrangement, il n'en est rien. Les produits proposés sont pratiquement les mêmes que pour les autres années. Mais quand bien même elles auraient pris cette initiative, analyse un spécialiste, les agences auront du mal à y répondre parce que, généralement, elles ne réservent pas beaucoup de places auprès des compagnies aériennes et des hôtels, de peur de ne pouvoir les vendre. Il est quand même curieux que ces professionnels n'aient pas fait preuve d'anticipation. Ils savaient tous, depuis des années, que Ramadan coïncidera avec l'été durant les premières années de la décennie 2010. L'Omra de Ramadan ne s'annonce pas non plus fructueuse. D'ailleurs, il est constaté que la demande avait baissé l'année dernière. Cette évolution est expliquée par un voyagiste par la chaleur qui sévit dans les Lieux saints durant l'été. «La moyenne d'âge des Marocains qui accomplissent le hadj et l'Omra est supérieure à 60 ans, une population qui ne peut pas supporter de vivre à 40 degrés à l'ombre», explique-t-il. Pour les voyagistes marocains qui font du réceptif, il apparaît également que les réservations ne sont pas au rendez-vous. Certes, le Maroc est parmi les destinations qui recueillent le plus d'intentions de voyages chez les Français qui constituent la plus grande partie des visiteurs qu'accueille le Maroc. Mais la crise est passée par là, et il semble que ces clients préféreront rester dans l'Hexagone. Selon un spécialiste du réceptif, c'est surtout Ramadan que redoutent les touristes étrangers. Il est temps, pensent certains voyagistes, que le Maroc communique intelligemment pour attirer les touristes y compris durant le mois de Ramadan, surtout que dans les quatre ou cinq ans à venir, le phénomène va se répéter. L'on sait que l'Office national marocain du tourisme (ONMT) vient de lancer une étude pour se pencher sur la question, mais, pour la saison actuelle, il ne faut pas espérer grand-chose en termes de communication sur ce plan. Enfin, les MRE (Marocains Résidents à l'Etranger) ne peuvent pas sauver la saison estivale. Ceux parmi les MRE qui passent Ramadan au Maroc sont ceux de l'ancienne génération, que le mois sacré soit en été ou en hiver. Les plus jeunes ont un comportement d'un touriste normal. Autant dire que cette année, la saison estivale s'annonce plutôt avec de la grisaille !