Les hôtels proposent des remises ou une formule spéciale famille comprenant un package adapté avec séjour+ftour+soirée. Les voyagistes sont très pénalisés par le quota imposé pour El Omra de Ramadan. Les traiteurs sont impactés par l'absence des mariages qui sont différés après le mois sacré. Ramadan a démarré cette année à partir de la deuxième semaine du mois de juillet, une période relevant de la haute saison. Certaines activités sont pénalisées par l'arrivée du mois sacré comme les restaurants, les lieux de loisirs et de divertissement, les traiteurs ou le secteur touristique. Certains opérateurs comme les voyagistes ou les hôteliers en ressentent l'impact. En effet, Ramadan était toujours synonyme de baisse de rythme dans le secteur touristique, surtout pour les nationaux qui préfèrent passer le mois chez eux dans un climat familial tout en menant à bien les différents rites et coutumes. Généralement, le mois sacré est une période de répit, en particulier pour les restaurateurs et les débits de boissons. Certains établissements ferment pratiquement pour procéder aux différentes opérations d'entretien des locaux et de rénovation des sites. Chez les touristes étrangers, il y a une certaine méfiance. Comment peut-on manger, boire et fumer en public à l'aise dans un pays musulman ? C'est la question que se posent la plupart des voyageurs sur Internet. Pour éviter les mauvaises surprises, certains visiteurs optent pour d'autres destinations. Déjà, le secteur arrive à peine à sortir progressivement des effets de la crise. Le retour à une demande normale de la part des principaux marchés émetteurs (France, Espagne, Italie, Allemagne, Belgique) commence à se manifester progressivement, mais il reste fragile vu que les aléas de la conjoncture présentent toujours un climat défavorable. Ramadan va certainement avoir un effet sur le secteur, mais il n'est pas question de baisser les bras. Cet impact se manifeste non seulement sur la demande, mais également sur le rendement du personnel, l'environnement de l'activité, surtout au niveau de la restauration hors site et l'animation. Conscients de ce constat, les professionnels se sont préparés à cette situation. L'un des faits saillants de la problématique, c'est que les touristes résidents représentent près de 25% de l'activité. Un taux qui reste faible. Les opérateurs du secteur cherchent à compenser ces contraintes par d'autres formules comme les packages, les remises au niveau de l'animation. Le groupe Accor annonce des réductions pouvant atteindre les 50% sur un réseau de 22 hôtels. D'autres groupes hôteliers lancent des offres dédiées, comme la chaîne Mogador qui propose une formule spéciale famille comprenant un package adapté avec séjour+ftour+soirée. Pronostic mitigé Au niveau du ministère du Tourisme, on explique que «le niveau des réservations et les nuitées dans les principales destinations touristiques est assez appréciable en ce début de Ramadan même s'il est encore tôt pour se prononcer en l'absence de chi ffres définitifs». Durant six années, Ramadan coïncide avec la haute saison, les mois de juillet et août. Et encore, il devrait toujours passer durant une période à forte demande touristique, notamment les mois de mai et de juin entre 2015 et 2018. «Cette année, nous sommes pénalisés davantage du fait que nous réalisons une bonne partie de notre chiffre d'affaires lors d'El Omra de Ramadan. Avec l'extension d'El Haram à la Mecque, les autorités saoudiennes ont décrété un quota à tous les pays musulmans. Au Maroc, une moyenne de 45.000 pèlerins se rendaient aux Lieux Saints durant le Ramadan. Ce nombre a été limité à 15.000 seulement, cette saison», souligne Abderrahim Mourajid, voyagiste à Casablanca. Ramadan est également connu comme étant une période phare de l'animation, surtout nocturne. Les professionnels du tourisme ont intérêt à travailler davantage ce créneau à travers des produits innovants. Le mois sacré avec ses us et coutumes peut servir d'un bon produit commercial surtout pour les MRE qui désirent passer des vacances dans un climat de dépaysement total. «Une bonne partie des voyageurs nationaux ont programmé leurs vacances soit avant Ramadan, soit après, surtout pour les familles. Les nationaux ont des habitudes de réservation qui diffèrent sensiblement de celles des touristes étrangers. Ils préfèrent le contact direct avec les hôtels et ils choisissent leurs propres circuits et produits, sans passer par une agence de voyages, ou optent pour la formule package. Leurs choix ne se fait qu'à la dernière minute et ils négocient eux mêmes les tarifs», explique un voyagiste à Marrakech. Les opérateurs du secteur ont cherché à innover en lançant une offre-produit spéciale Ramadan mais qui reste peu attractive surtout pour les familles. Chez les traiteurs, Ramadan est synonyme de basse saison. «L'essentiel de notre activé se fait durant la période estivale surtout lors des mariages où nous réalisons plus de marge. Nous avons connu une période d'intense activité durant le mois de juin et le début de juillet. Avec Ramadan, il y a un creux et la plupart de notre personnel est en congé durant cette période. Par ailleurs, il faut noter que nous avons un carnet de commandes bien garni pour la deuxième quinzaine d'août et de septembre», explique Najib Haddaoui, traiteur à Casablanca Les restaurateurs, eux notent un changement d'habitude chez la clientèle. «Le mois sacré est un peu spécial. Les menus et les cartes diffèrent, mais nous avons remarqué ces derniers temps que les gens préfèrent de plus en plus prendre leur ftour en dehors de la maison ou les diners avec animation», a affirmé Abdessamad Benjelloun, restaurateur à Casablanca. Il est clair que le Ramadan a impacté directement certaines activités mais les opérateurs du secteur ont pu cohabiter avec la situation surtout que le mois sacré devrait encore coïncider quelques années avec la haute saison.