* Le mois sacré devrait coïncider pendant les six années à venir avec la haute saison. * Les professionnels redoutent un désintérêt des touristes pour les sites dédiés. * La question des boissons alcoolisées est la plus cruciale à gérer, mais les opérateurs cherchent à proposer dautres formules danimations et promouvoir des offres/produits pour inciter les vacanciers. Ramadan débutera cette année à partir de la deuxième semaine du mois daoût. Une période faisant partie de la haute saison. Les professionnels du secteur, notamment les voyagistes ou les hôteliers, redoutent que le mois sacré nimpacte sensiblement leur activité. En effet, le Ramadan a toujours été synonyme de recul de rythme dans le secteur touristique, surtout pour les nationaux qui préfèrent passer le mois chez soi dans une ambiance familiale tout en observant les différents rites et coutumes. Généralement, le mois sacré est une période de répit en particulier pour les restaurateurs et les débits de boissons. Certains établissements suspendent leurs activités pour procéder aux différentes opérations dentretien des locaux et de rénovation des sites. Pour les touristes étrangers, il y a une certaine méfiance. Comment peut-on manger, boire et fumer en public à laise dans un pays musulman ? Cest la question que la plupart des voyageurs se posent. Pour éviter les mauvaises surprises, certains visiteurs optent pour dautres destinations moins contraignantes. Conscients de ce constat, les professionnels ont commencé à se préparer. Durant les six prochaines années, le Ramadan va coïncider avec la haute saison, les mois de juillet et août. De plus, il interviendra dans une période à forte demande touristique, notamment les mois de mai et de juin entre 2015 et 2018. Déjà, le secteur peine à sortir progressivement des effets de la crise. Le retour à une demande normale de la part des principaux marchés émetteurs (France, Espagne, Italie, Allemagne, Belgique) commence à se manifester progressivement, mais il reste prudent vu que les aléas de la conjoncture présentent toujours un climat défavorable. Le dernier est celui de la crise grecque et ses répercussions qui affectent sérieusement la zone Euro. De lavis de plusieurs professionnels interrogés, «le Ramadan va certainement avoir un effet sur le secteur, mais il nest pas question de baisser les bras. Cet impact se manifeste non seulement sur la demande, mais également sur le rendement du personnel, lenvironnement de lactivité, surtout pour la restauration hors site et lanimation». Lun des faits saillants de la problématique est que les touristes résidents représentent près de 25% de lactivité. Lidée est de les inciter à maintenir leur programme de vacances. Mais les nationaux ont des habitudes de réservation qui diffèrent sensiblement des touristes étrangers. Ils préfèrent le contact direct avec les hôtels et choisissent leurs propres circuits et produits sans passer par une agence de voyages et opter pour la formule package. Leurs choix ne se fait quà la dernière minute et ils négocient eux-mêmes les tarifs. Mais la question cruciale a trait aux débits de boissons alcoolisées. Comment cette question sera-t-elle gérée ? «Ce sujet est indiscutable», souligne un hôtelier à Agadir, les autorités et tout le monde sont conscients quil ne peut y avoir dexception. A défaut de choquer lopinion publique. «Nous allons, comme pour les précédents Ramadan, nous conformer strictement à la loi, à savoir que les boissons alcoolisées ne seront servies quaux non-musulmans et après vérification de lidentité du client. Nous allons également faire en sorte que ce service soit le plus discret possible», conclut-il. Labsence dalcool, ou du moins sa limitation, peut-elle avoir quelques effets sur les activités touristiques ? Les avis de plusieurs opérateurs touristiques restent mitigés, mais ils avancent toutefois un argument de taille. Cest celui des établissements hôteliers du groupe Chaâbi qui ont, dès le départ, choisi une offre/produit sans alcool. Pourtant, ces unités touristiques affichent un taux de remplissage très encourageant, dépassant la moyenne nationale dans pratiquement toutes les destinations où elles sont implantées comme Marrakech, Agadir ou Essaouira. Les opérateurs du secteur cherchent à compenser ces contraintes par dautres formules, notamment pour ce qui est de lanimation. «Ramadan est connu comme étant une période-phare de lanimation, surtout nocturne. Les professionnels du tourisme ont intérêt à travailler davantage ce créneau avec des produits innovants», souligne-t-on auprès de la Fédération nationale de lindustrie touristique (FNIH). «Le mois sacré, avec ses us et coutumes, peut servir de produit commercial sérieux, surtout pour les MRE qui désirent passer des vacances dans un climat de dépaysement total», précise-t-on.