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L'opposition a-t-elle encore un sens ?
Publié dans La Vie éco le 03 - 05 - 2010

PAM, PJD et UC, ces trois plus importants acteurs ont des intérêts politiques divergents quand ils ne sont pas dans une opposition au sein de l'opposition.
L'alliance de l'UC avec le RNI est en contradiction avec son rôle de parti non intégré à la majorité gouvernementale.
Les autres formations de l'opposition vivent leur statut par défaut et sont inaudibles.
Depuis la reprise des travaux du Parlement, à l'occasion de la session de printemps, le Parti authenticité et modernité (PAM) multiplie les sorties virulentes contre le gouvernement : motion de censure, affaire Annajat, déclaration de patrimoine, rapport de la Cour des comptes… En quelques jours seulement, le parti dirigé par Mohamed Cheikh Biadillah a interpellé le gouvernement sur une multitude de questions. Non sans provoquer une vive polémique, à tel point que les rapports du PAM se sont envenimés avec le parti du Premier ministre qui se sent visé par ces «attaques».
A l'inverse, un autre acteur majeur de l'opposition, en terme de poids numérique, lui, semble loin de ces préoccupations et joue plutôt la carte de la majorité. L'Union constitutionnelle (UC) adopte une démarche de rapprochement avec un membre influent de la majorité. Ce parti a en effet conclu avec le Rassemblement national des indépendants (RNI) un accord qui a débouché sur la fusion de leurs groupes parlementaires.
Le PAM chamboule la majorité et l'opposition
Dans ce jeu, le Parti de la justice et du développement (PJD) se fait de plus en plus discret au sein de l'opposition. Lui, qui y était omniprésent et virulent ces dernières années, a visiblement cédé la place d'acteur majeur à la formation de Biadillah depuis que cette dernière a retiré son soutien à la majorité gouvernementale fin mai 2009. Le PAM y a renforcé ses positions même si le Mouvement populaire (MP) a rejoint, deux mois plus tard, les rangs de la majorité en contrepartie de deux postes ministériels. Toutes ces tractations suscitent en fait plusieurs interrogations quant au rôle de l'opposition dans l'échiquier politique et quant à sa capacité à remplir sa mission de contrepoids constructif vis-à-vis de la majorité et du pouvoir exécutif.
Le constat n'est pas difficile à établir : l'opposition actuelle est loin de constituer un bloc politique fort qui pourrait faire le poids devant la majorité. Certes, celle-ci «n'est pas non plus homogène mais elle reste quand même regroupée au sein du gouvernement», souligne Bassima El Hakkaoui, députée du PJD.
Aujourd'hui, l'opposition est dispersée. Malgré l'activisme intense du PAM, les divergences de ce bloc, censé redynamiser le champ politique et assurer un équilibre des pouvoirs vis-à-vis du gouvernement, sont tellement visibles qu'elles l'empêchent de remplir convenablement une partie importante de sa mission, celle de pouvoir regrouper numériquement ses forces pour s'opposer à un projet de loi ou changer une décision gouvernementale. Ses composantes se retrouvent réunies sous la même bannière sans partager les mêmes affinités idéologiques et sans avoir le même objectif en commun.
Pilier de cette opposition, le PAM occupe la scène politique par le biais d'un discours critique vis-à-vis de toutes les actions «qui vont à l'encontre de son projet de société», indique Ahmed Touhami, chef du groupe parlementaire PAM à la Chambre des représentants.
Pour ce parti, la dichotomie opposition/majorité a moins d'importance que les grandes questions qui touchent la Nation. C'est pour cela que son action ne fait pas la distinction entre les deux. «Il défend les questions fondamentales et les choix stratégiques de l'Etat, et c'est au nom de cela qu'il remplit sa mission dans l'opposition quel que soit l'adversaire qu'il a en face de lui», explique Hassan Tariq, politologue. C'est dans ce sens qu'il n'hésite pas à mener des luttes contre diverses parties à la fois, que ce soit dans la majorité ou dans l'opposition. Il en est ainsi de ses combats vis-à-vis du PJD, voire du PI récemment.
PJD : pour une opposition «conseillère»
Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'il adresse des critiques acerbes au gouvernement mais tout en se gardant de franchir la limite de la critique des grands choix stratégiques de l'Etat. Dans ce sens, le gouvernement devient, comme tous les autres acteurs, un instrument d'exécution des orientations générales de l'Etat et qui, en cas de défaillance, est passible de remontrances.
Le parti de Biadillah a ainsi ressuscité les discours d'antan d'une partie de cette majorité gouvernementale pour l'appeler, une fois au pouvoir, à mettre en exécution ses propres revendications. Exercice délicat et embarrassant quand on soulève des dossiers comme la moralisation de la vie publique ou la rationalisation des dépenses publiques… Le champ des remarques du PAM n'épargne pas non plus d'autres institutions qui relèvent plus de l'Etat que du gouvernement, tout comme il s'en prend aux walis et aux élus locaux.
Autant dire que, comme le reconnaissent même ses adversaires, «le PAM a bouleversé la donne aussi bien au sein de la majorité que de l'opposition», souligne Bassima El Hakkaoui. Mais au passage, il a chamboulé tous les plans du parti islamiste, son principal concurrent idéologique.
Durant des années, depuis le lancement de l'expérience de l'alternance jusqu'à l'avènement du PAM, le PJD jouait les premiers rôles dans l'opposition après que la Koutla a accepté de jouer la partition gouvernementale. Mais en même temps, le parti de la lampe a eu beau se montrer critique et virulent, son discours n'a jamais pu traduire sa force populaire et électorale en résultats tangibles au sein de l'opposition. Peut-être en raison du fait que «son action s'était focalisée sur des questions sociales peu importantes et qu'il s'est éloigné des sujets fondamentaux…», tente d'analyser ce dirigeant du RNI. Pour d'autres observateurs, cette approche n'est pas anodine. «Le choix de ne traiter que des questions superficielles ayant trait à la morale et à la religion fait partie de la tactique de ce parti qui, dans sa course permanente pour une réhabilitation de son image vis-à-vis du pouvoir, vise à donner l'apparence d'un parti ordinaire et ne présentant aucun danger pour le système», analyse M. Tariq. C'est pour cette raison que le PJD «évite de soulever les sujets touchant aux grands choix de l'Etat et propose rarement des alternatives aux grands problèmes du pays, ce qui affaiblit son image dans la société», conclut Said Khomri, professeur de sciences politiques .
Du côté des responsables de la formation menée par Abdelilah Benkirane, on insiste sur le fait que le PJD joue pleinement son rôle de véritable acteur de l'opposition. «Notre action répond à notre volonté d'assurer un équilibre entre les deux pôles que sont la majorité gouvernementale et l'opposition de manière à garantir les intérêts des citoyens et de la Nation», explique Mme El Hakkaoui. Depuis sa «naissance» en juin 1996, le PJD n'a jamais quitté les rangs de l'opposition. Il avait cependant soutenu le gouvernement Youssoufi, au début, pour «contribuer à la réussite de l'expérience inédite de l'alternance». Mais quelques années plus tard, il a adopté «un soutien critique vis-à-vis de ce même gouvernement lorsque celui-ci n'a pas respecté ses engagements», rappelle un responsable du parti. Aujourd'hui, le PJD revendique «une opposition conseillère qui n'empêche pas le parti de soutenir les décisions qui sont bénéfiques à la Nation même si elles sont proposées par le gouvernement», ajoute Mme El Hakkaoui.
Union constitutionnelle : la nostalgie du pouvoir
A côté du PJD et du PAM, acteurs majeurs, l'UC, avec une représentation électorale assez respectable, tente de faire sa mue au sein de l'opposition après une longue traversée du désert. Taxée auparavant de parti administratif, l'UC, présent dans tous les gouvernements depuis sa création en 1983 jusqu'en 1997. Et depuis cette date, l'UC s'emploie au dur exercice de l'opposition. Pour son secrétaire général, Mohamed Abied, «cette mission est accomplie selon un programme et une conception qui ne laissent pas de place à la surenchère. Nous ne sommes pas systématiquement contre le gouvernement rien que pour faire de l'opposition».
Mais cela n'est pas pour autant synonyme de soutien inconditionnel à la majorité gouvernementale. En attestent les interventions virulentes de leur chef du groupe parlementaire (à la deuxième Chambre), Driss Radi, à l'égard du gouvernement. Quid de l'alliance avec le RNI ? Ce n'est pas, selon le parti, la conclusion d'un accord avec le RNI, un des piliers de cette majorité, qui changera cette position. «C'est un accord stratégique avec le RNI et non pas avec la majorité gouvernementale», tient à préciser M. Abied, avant d'ajouter que l'alliance «vise à mettre en place trois commissions qui se pencheront sur l'avenir des deux partis dans la perspective de créer un pôle de libéraux».
L'UC qui compte 38 parlementaires, dont 24 à la Chambre des représentants et 14 à la Chambre des conseillers, garderait-elle la nostalgie de l'exercice du pouvoir ? En tout cas, le parti ne cache pas son souhait de cueillir les fruits de son accord avec le RNI à partir de 2012. «Nous avons opté avec nos alliés idéologiques pour un rapprochement qui pourrait déboucher sur une forme avancée de coordination, en présentant un programme commun voire des candidatures communes pour les prochaines législatives», indique M. Abied. Cette alliance ne risque-t-elle pas d'étouffer le rôle du parti en tant que formation d'opposition ? Logiquement oui. Mais laissons le bénéfice du doute…
Avec ces trois partis au sein de l'opposition siège un groupe de petites formations de gauche (PADS, CNI, PSU) dont le discours politique, même quand il sonne juste, se trouve en déphasage avec une faible représentation électorale. A ceux-là s'ajoutent de petits partis (Ahd, PDN, PED, PRE) qui n'ont pas forcément choisi ce positionnement. S'ils y sont c'est parce qu'ils n'ont pas trouvé de place au sein du gouvernement. En quelque sorte par fatalisme. En fait, leur existence dans l'opposition n'est pas le résultat d'élections qui ont dégagé une carte politique qui les a mis en minorité. D'ailleurs, le constat s'applique à la scène politique marocaine en général. Aussi, le champ politique est-il marqué par une confusion qui fait que les alliances et les regroupements ne répondent à aucune logique. Le jeu est biaisé aussi bien dans la majorité que dans l'opposition. «Comment se fait-il qu'on retrouve côte à côte des partis d'obédience islamiste, libérale et progressiste?», s'interroge Mohamed Abied. La récente élection du président de la Chambre des représentants en est une illustration supplémentaire. Il a fallu au candidat de la majorité, Abdelouahed Radi, deux tours pour être élu alors qu'il avait le soutien de formations politiques. Autrement dit, le candidat du PJD, Saâdeddine El Othmani, avait pu bénéficier de certaines voix de la majorité comme M. Radi a pu obtenir celles de certains députés de l'opposition…
Cette situation est d'autant plus intrigante que des rapprochements sont en gestation entre des partis appartenant à la majorité et d'autres à l'opposition. Outre l'UC et le RNI, le PAM lui-même poursuit ses négociations avec l'USFP et ce dernier n'a pas suspendu ses concertations avec le PJD. Mardi dernier, les responsables des deux partis devaient se rencontrer pour parler des moyens de renforcer leur coopération. Autant dire que la politique au Maroc a ses raisons que la raison ignore. Vous avez dit opposition ?


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