Seulement 17% des actifs occupés sont affiliés à un système de couverture médicale et dans le milieu rural le taux ne dépasse pas 5%. Un quart du volume global de l'emploi est constitué de postes de travail non rémunéré. En moyenne, les hommes travaillent 13 heures de plus que les femmes par semaine. Quand on se penche sur le marché de l'emploi, pratiquement tout le monde ne s'intéresse qu'à un seul indicateur : le taux de chômage. Celui-ci a été de 9,1% en 2009 contre 9,6% en 2008, et dans quelques jours l'évolution de cet indicateur pour le premier trimestre 2010 sera publiée par le Haut commissariat au plan (HCP). Aussi important qu'il soit, cet indicateur mérite cependant d'être corrigé par d'autres variables ayant trait à la qualité de l'emploi exercé. Si l'on met de côté le sous-emploi (10 % de la population active aujourd'hui) qui renseigne sur les principales formes de sous-utilisation des actifs occupés (voir les détails dans La Vie éco du 15 janvier 2010, www.lavieeco.com), la qualité de l'emploi, elle, est relative notamment à la proportion de l'emploi rémunéré dans l'emploi total, au type de contrat de travail, à la couverture médicale, à la durée de travail… Ainsi, en matière de sécurité et de stabilité dans l'emploi, les statistiques du Plan révèlent que près de 70% des salariés (69,4% exactement) travaillent aujourd'hui sans contrat, 2% ont un simple engagement verbal, et seulement 28,2% ont un contrat de travail, dont 24,4% à durée indéterminée et 3,8 % à durée déterminée ! Ceux qui, régulièrement, appellent à plus de flexibilité dans le travail, connaissent-ils seulement ces chiffres ! Certes, on peut relativiser ces statistiques du HCP par le fait que, dans les faits, un salarié en litige avec son employeur, par exemple, peut toujours produire à la place du contrat de travail d'autres documents (carte professionnelle, bulletin de paie et même témoignages de collègues…) pour justifier sa relation avec l'entreprise qui l'a employé. Il reste que la forte proportion des salariés sans contrat de travail renseigne malgré tout sur l'état de relations professionnelles encore largement dominées par la culture de l'oralité ! La durée hebdomadaire moyenne de travail est de 45,4 heures Davantage que la quasi-absence de relations formelles (donc contractuelles) de travail, la faiblesse de la couverture médicale des salariés et, plus généralement, des actifs occupés, est certainement l'élément qui «dégrade» le plus la qualité des emplois exercés. Car il faut savoir que seulement 17% des actifs occupés, soit 1,75 million de personnes sur les 10,3 millions, sont affiliés à un système de couverture sanitaire, dont 31,4% en milieu urbain et seulement 3,5% en milieu rural. Encore heureux que pour les salariés ce taux monte à 37,5%, dont 45,7% dans les villes contre 14,7% dans les campagnes. Le problème est que le salariat ne représente encore que 44,4% de l'emploi total. A cette précision près que la stagnation de la part du salariat dans l'emploi global (44,9% en 2007, 43,8% en 2008 et 44,4% en 2009) est légèrement compensée par la progression du statut d'indépendant : 24,9% en 2007 et 27,6% en 2009. Ce qui demeure en revanche une source de vulnérabilité pour certaines catégories de la population, c'est la persistance du phénomène de l'emploi non rémunéré, quoiqu'en légère baisse d'une année à l'autre : 23,6% en 2009, contre 24% en 2008 et 26% en 2007 ; les statisticiens du HCP qui travaillent sur ces sujets admettant toutefois qu'il s'agit là de phénomènes structurels dont les évolutions s'inscrivent, par conséquent, dans la durée. S'agissant de la durée de travail, en revanche, les actifs occupés travaillent en moyenne 45 heures par semaine. Cette valeur varie néanmoins selon le sexe, l'âge et le milieu de résidence. Par exemple, chez les jeunes de 25 à 34 ans, cette durée est de 46,6 heures par semaine, elle est de 41 heures pour les 60 ans et plus. En milieu urbain, ce sont les jeunes âgés de 15 à 24 ans qui enregistrent le plus grand nombre d'heures travaillées avec 50,8 heures, alors qu'en milieu rural ce sont les adultes de 35 à 44 ans qui travaillent le plus : 43,7 heures en moyenne par semaine. Par genre, les hommes travaillent en moyenne 13,3 heures de plus que les femmes. Mais cet écart se réduit ou augmente selon l'âge et le diplôme. Exemple : entre hommes et femmes non diplômés, l'écart monte à 15,2 heures, alors qu'il n'est plus que de 4,9 heures entre hommes et femmes détenteurs de diplômes de niveau supérieur. Au total, le chômage, au sens du Bureau international du travail (BIT), est certes contenu dans une proportion assez correcte, mais la qualité de l'emploi gagnerait à être améliorée –sans parler du sous-emploi évidemment.