Les exportations de chaussures ont augmenté de +7% pour les 11 premiers mois de 2009 Environ 80% des entreprises du secteur ont travaillé à 50% de leur capacité de production Les commandes de réassort ont permis à quelques-unes de se relancer en fin d'année. Les industries du cuir n'ont pas été épargnées par la crise. C'est ce qui ressort d'une analyse de la Fédération des industries du cuir (Fédic) qui se base sur la remontée d'informations provenant des membres ainsi que les visites effectuées dans les unités de production. Environ 80% des entreprises ont, durant les neuf premiers mois de 2009, réduit leur capacité de 50% en raison du recul des commandes dans les pays de l'Union européenne. Certaines unités ont, en revanche, connu, selon la fédération, une petite reprise les derniers mois de l'année puisqu'elles ont tourné à 70% de leur capacité en octobre et novembre en raison des commandes de réassort. Cette reprise a aussi été possible grâce à la mise en place des mesures de soutien, notamment la prise en charge par l'Etat des cotisations sociales, dans le cadre du plan d'urgence lancé en février 2009. Cela a permis aux entreprises de réduire leurs prix de revient et de décrocher des marchés intéressants. La restructuration de l'amont en chantier… Cela dit, les branches du secteur n'ont pas été touchées au même degré. Ainsi, sur les 11 premiers mois de 2009, les exportations de chaussures ont progressé de 7% à 2,16 milliards de DH, alors que le volume a baissé de 5,4%, à 10 500 tonnes. «Cela s'explique par le fait que les prix marocains restent élevés et n'ont pas été compétitifs sur les marchés européens. Ce qui a poussé les donneurs d'ordre à placer uniquement les commandes rapides au Maroc alors que les grosses commandes sont plutôt allées vers des pays concurrents», expliquent des industriels de la chaussure, activité qui représente 60% du chiffre d'affaires de la filière cuir. Certains d'entre eux signalent que si la branche a pu quelque peu résister à la crise, c'est grâce à l'arrivée, dans le nord (Tanger), de chausseurs espagnols et portugais qui ont réalisé d'importantes commandes. Les autres branches, vêtements, maroquinerie, accessoires et peaux, entre autres, ont par contre enregistré un recul de leurs exportations, variant de 5 à 10%, selon la Fédic. En poids, les peaux sont en recul de 5%. Les industriels justifient cette évolution par un décalage de la qualité par rapport aux exigences des donneurs d'ordre étrangers. Une contrainte que la profession tente de surmonter par le biais d'une restructuration de l'amont du secteur, notamment l'élevage, l'abattage et la tannerie. Le projet est mené conjointement par la Fédic, l'Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME), le ministère de l'industrie et celui de l'agriculture. «Nous sommes à la deuxième phase du projet puisque nous devons valider le rapport rédigé suite à l'étude menée par les experts. Ce rapport comporte des conclusions relatives à l'état des lieux du secteur et des propositions d'un plan de restructuration visant l'amélioration des conditions de travail des tanneurs. Il n'y a certes pas de délai fixé pour le démarrage de la réorganisation mais nous pensons que le projet sera bouclé à la fin du premier trimestre 2010», dit-on à la Fédic. Il est ajouté que la restructuration aura un impact direct sur l'approvisionnement en matières premières dont 60 à 70% sont actuellement importées en admission temporaire d'Italie et d'Espagne, alors que les tanneries nationales peuvent, grâce à une mise à niveau, produire des intrants de qualité. Outre cette considération technique et qualitative, la restructuration de la tannerie permettra de réduire le coût de revient et donc d'améliorer la compétitivité du Maroc. Et le pays pourra aussi accueillir plusieurs investisseurs étrangers puisque le chantier de zone industrielle spécifique à la tannerie implantée à Fès sera accéléré.