Le Maroc récolte les fruits de la stratégie Halieutis. Le secteur a connu une évolution globalement favorable avec une production atteignant 1,56 MT pour une valeur de 13,25 MMDH en 2022. Agadir et sa région ont vécu, depuis le 1er février, et durant cinq jours, au rythme du secteur de la pêche. Cette 6e édition du Salon Halieutis rassemble, du 1er au 5 février, tous les acteurs, institutionnels et professionnels, dans l'objectif de faire le point sur les retombées de la stratégie Halieutis. Lancé en 2009, le plan de développement et de modernisation du secteur de la pêche maritime nationale a fortement contribué à l'évolution de l'activité tant au niveau de la production qu'au niveau de l'exportation et de l'investissement. Le Maroc récolte aujourd'hui les fruits de cette ambitieuse stratégie. 1,5 milliard de subventions et d'aides «Les nombreux projets lancés se sont traduits par la génération de forts impacts macro-économiques et sociaux», avance Zakia Driouich, secrétaire générale du département ministériel de la Pêche maritime. La haute responsable s'enthousiasme en énumérant les chiffres flatteurs : doublement de la valeur ajoutée sectorielle et du CA à l'export, création de près de 48.000 nouveaux emplois directs à terre, hausse annuelle moyenne de 15% des investissements dans les industries de la pêche… «En termes d'investissements, un budget global de plus de 8 MMDH a été consacré au financement de l'ensemble des projets inscrits dans le cadre de la stratégie Halieutis, dont près de 1,5 MMDH octroyés sous forme de subventions et d'aides», poursuit Zakia Driouich. Le plan Halieutis a été structuré autour de trois axes majeurs. Le premier est la durabilité de la ressource visant à assurer sa pérennité, le deuxième repose sur la performance de sorte à assurer une qualité optimale des produits de la pêche, du débarquement à la commercialisation, le troisième, enfin, est axé sur la compétitivité ciblant une meilleure valorisation des produits, pour accroître leur présence sur les marchés porteurs. Un volet transversal qui cible l'adaptation du cadre juridique, le contrôle, la formation et la gouvernance. En matière de durabilité notamment, un investissement total de 1,55 MMDH a été consacré sur les dix années de la stratégie au renforcement de la recherche halieutique. Vingt plans d'aménagement mis en œuvre Toujours pour la durabilité, des plans d'aménagement, couvrant les principaux stocks commerciaux sur la base des évaluations scientifiques conduites par l'Institut national de recherche halieutique (INRH), ont été élaborés. Ce sont ainsi vingt plans d'aménagement qui ont été mis en place. «96% des espèces commercialisées sont exploitées dans le cadre de ces plans d'aménagement et de mesures de gestion instaurées par le Département», précise Zakia Driouich. De nombreuses autres mesures ont été développées pour la gestion durable et la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Parmi celles-ci, le programme d'élimination des filets maillants dérivants, le plan national du contrôle des activités de pêche et surveillance en mer mis en œuvre et décliné en 18 plans régionaux, sans oublier l'équipement des navires de pêche en balises de géolocalisation par satellite (VMS). Généralisation des contenants normalisés Pour ce qui est de l'amélioration de la performance, d'importants investissements ont aussi été réalisés. Dans ce contexte, un large programme de renforcement des infrastructures de débarquement et du réseau de commercialisation des produits de la mer a été mis en œuvre par l'Office national des pêches. Le programme d'acquisition des caissons isothermes est un des investissements qui contribuent aujourd'hui à améliorer les conditions de préservation, de manutention et d'hygiène des captures. L'investissement total de ce projet est de 93,5 MDH et a visé l'équipement de 15.764 barques artisanales avec 47.292 caissons. Une démarche qui s'accompagne d'une volonté d'éradication de l'utilisation des caisses en bois et la réduction des volumes débarqués en vrac, à travers le programme d'équipement en contenants normalisés et en matériel de manutention pour la préservation de la qualité des captures. La généralisation des contenants normalisés a permis de couvrir les différents segments de navires à l'échelle nationale. Ce projet a consisté en la mise à disposition notamment d'un parc d'environ 6 millions de caisses en plastique au profit des armateurs et mareyeurs. L'investissement s'est traduit par le renforcement de la compétitivité du secteur. Les choix réalisés en amont à travers notamment les plans d'aménagement ont permis aux unités industrielles à l'échelle nationale d'améliorer leur approvisionnement en poissons. Selon les informations recueillies auprès du département ministériel de la Pêche, en 2022, la production halieutique nationale a enregistré un volume de 1,56 million de tonnes, soit une hausse en volume de 10%, comparé à 2021. En valeur, ces performances ont atteint 13,6 MMDH, soit une baisse de 10%, comparé à l'année 2021. Cette baisse en valeur s'explique probablement par le long repos biologique observé durant huit mois par le segment céphalopodier. La stratégie Halieutis a ainsi posé les bases du secteur marocain de la pêche maritime. «Aujourd'hui, la consolidation des acquis vise à faire du Maroc une référence mondiale de la croissance bleue tout en donnant la priorité à l'élément humain», souligne Zakia Driouich. Autant d'ambitions qui ouvrent la voie à de nouvelles orientations stratégiques. Promotion de l'aquaculture C'est une enveloppe globale de 286,5 MDH qui a été investie dans l'aquaculture, comprenant notamment les réalisations d'infrastructures aquacoles, la promotion, la mise en place de fermes pédagogiques, ainsi que l'octroi d'appui aux projets aquacoles. A fin 2021, la production aquacole s'élève à 1.133 tonnes, enregistrant un taux de croissance moyen de plus de 9% sur la période 2013-2021. Rappelons que l'ANDA (Agence nationale pour le développement de l'aquaculture) a été créée en 2011. Des études ont été réalisées dans ce contexte au niveau de 8 régions côtières sur 2.343 km, afin d'identifier les zones propices à l'aquaculture pour les différentes espèces marines et ainsi orienter l'investissement. Les cinq plans d'aménagement élaborés à ce jour permettent d'estimer un potentiel de production aquacole de plus de 380.000 tonnes par an.