Il fut un temps où le Maroc souhaitait se doter de sous-marins. Ses dernières acquisitions sont destinées, en gros, au renseignement et à la lutte contre des submersibles. Changement de vision ? Selon le dernier classement des armées les plus puissantes, au titre de l'année 2023, établi par l'institut Global Firepower, le Maroc occupe la 61e position sur un total de 145 pays. En termes de forces navales, il culmine à la 25e place. La Marine Royale (MR) dispose de 121 navires militaires dont 1 corvette, 6 frégates et 22 patrouilleurs. La marine continue de s'équiper, mais tout en ayant changé de cap depuis ces dernières années. La nouvelle option, c'est des armes de plus en plus sophistiquées embarquant une technologie de pointe. Selon la page Facebook FAR-Maroc, devenue une référence en la matière, la Marine Royale a ainsi réceptionné, vers la fin de l'année dernière, un premier lot d'hélicoptères américains Bell 412EPI, équipés de missiles anti-sous-marins. En novembre 2021, plusieurs sources avaient déjà révélé que le Maroc envisageait d'acquérir 36 hélicoptères polyvalents. La société américaine Bell Textron Inc. était «le candidat le mieux positionné» pour cette acquisition. Les hélicoptères reçus «opèrent actuellement sur les frégates multi-missions de la Marine Royale», est-il précisé. Un peu avant, à la suite de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara, en décembre 2020, l'agence de presse Reuters a révélé que les Etats-Unis et le Maroc négociaient l'achat d'au moins quatre drones SeaGuardian MQ-9B avancés. Selon le site Maghreb Intelligence, qui cite des «sources informées», c'est un grand tournant en matière d'armement et de défense au Maroc. Pour les années 2022 et 2023, une priorité absolue est donnée aux forces maritimes des FAR. Cela a déjà commencé par le renforcement de l'arsenal de la Marine avec la négociation d'un contrat pour acquérir 10 patrouilleurs turcs rapides ARES 35 FPB et de 5 bateaux de type ARES 80 SAT. Aucune source n'a pu confirmer si le contrat a réellement été exécuté. Par contre, le contrat signé avec l'espagnole Navantia pour la construction d'un navire de la classe Avante 1800, spécialisé dans la surveillance, est, lui, confirmé. Lutte anti-sous-marins Le Royaume vient d'ailleurs de décrocher un financement de la banque espagnole Santander pour finaliser ce contrat. Le patrouilleur de 1.500 tonnes et de 80 mètres de longueur, avec 80 membres d'équipage, doté d'une autonomie de 4.000 milles, sera livré avant la fin de l'année prochaine. Par ailleurs, un probable contrat d'achat auprès du groupe industriel Fincantieri, pour deux frégates multi-missions furtives type FREMM, a également été évoqué. «Le renforcement de l'arsenal de la Marine Royale vise à lui donner les moyens de lutter plus efficacement contre l'immigration clandestine et les trafics de drogue, selon les engagements du Maroc envers ses partenaires. Mais aussi et surtout à renforcer la sécurité de ses eaux nationales, particulièrement pour une meilleure protection des explorations pétrolières qui se font en offshore», souligne le site. Le Royaume prévoit aussi d'acquérir deux MPA (Maritime Patrol Aircraft) qui seront directement mis en service par la «Royal Navy». Ces aéronefs sont principalement spécialisés dans la lutte anti-sous-marine, le renseignement, la surveillance et la reconnaissance maritimes, ainsi que la recherche et le sauvetage en mer et les éventuelles contre-mesures électroniques pour répondre à une éventuelle attaque. Depuis plusieurs années, de nombreux médias nationaux et étrangers évoquaient également le souhait du Maroc de se doter, à terme, de sous-marins. Il aurait déjà consulté les principaux constructeurs comme TKMS, Navantia et Naval Group. Le Maroc qui était partant, au début, pour un sous-marin russe de quatrième génération à propulsion diesel-électrique aurait fini par porter son choix sur le sous-marin de type Scorpène proposé par le français Kership. A une certaine période, l'acquisition de sous-marins type 209/1200 allemand ou S1000 russo-italien était même envisagée. Ces informations remontent à 2013. Depuis, aucune information sur un éventuel aboutissement de ces démarches. Ce que l'on a noté, par contre, c'est que les commandes d'achat faites par le Royaume portent essentiellement sur des dispositifs anti-sous-marins. Rappelons à cet égard une vieille stratégie adoptée par la Russie. Se voyant dans l'incapacité, matérielle et par faute de temps, de se lancer dans une course à l'équipement en porte-avions, les Russes se sont focalisés sur le développement de missiles avancés de lutte contre les porte-avions. Le Royaume en fait de même. En tout cas pour le moment. Dans tous les cas, il reste le mieux loti, dans la région, en matière de défense maritime. L'équipement est certes important, mais encore faut-il rendre la Marine Royale pleinement et à tout moment opérationnelle. FOCUS De l'exercice et de la préparation Etats-Unis, France, Otan, Inde, Sud de l'Europe..., la liste est certainement longue. Il ne se passe presque plus un mois sans que la Marine Royale ne participe à des exercices militaires un peu partout, mais principalement au large des côtes atlantiques. Novembre dernier, la MR a participé à CHEBEC22, manœuvres navales franco-marocaines dont l'objectif est de faire progresser l'interopérabilité des équipages et la coopération entre les deux marines en Méditerranée et en Atlantique. En juillet, c'est avec l'Inde que le MR a organisé un exercice au large des côtes atlantiques du Royaume. En mai, le Maroc participe à l'exercice international Phoenix Express 2022, organisé par la sixième flotte des Etats-Unis et le commandement européen des forces navales américaines. Avec les USA, la Marine organise un autre exercice aéronaval, Atlas Handshake. En Méditerranée, le Maroc participe principalement à l'exercice maritime 5+5 SEABORDER, destiné à consolider l'aptitude des marines des pays membres de «l'Initiative 5+5» à opérer conjointement et à répondre à une situation de crise en mer. Le Maroc dispose d'un espace maritime très étendu, la Marine Royale doit être opérationnelle et doit surtout renforcer ses capacités d'action. C'est pour cette raison qu'elle multiplie les exercices pour faire face à la menace, mais aussi lutter contre le crime en mer, l'immigration clandestine, en plus du sauvetage maritime et la lutte contre les risques écologiques.