Pour un même trajet, le prix du billet peut, d'une compagnie à l'autre, se multiplier par 5. Plusieurs tarifs sont proposés sur un même vol, selon le principe du yield management. Les low cost, moins chères certes, se rattrapent largement sur les extras. Impossible de trouver une quelconque logique aux tarifs affichés par les compagnies aériennes quand on se met en quête d'un billet. Ces tarifs, qui ne semblent obéir ni au critère de la distance géographique ni à celui de la période choisie pour voyager, varient d'une compagnie à l'autre, d'un jour à l'autre et même d'une heure à l'autre. Cela vaut pour toutes les compagnies, qu'elles soient régulières, low cost ou les deux à la fois. Ainsi, pour prendre l'exemple d'une ligne très fréquentée par les Marocains, un billet Casablanca/Paris/Casablanca est commercialisé, en plein mois de juin, entre 200 et 500 euros, voire plus, selon des variables qui échappent au commun des mortels et surtout rarement expliquées aux clients. Pour le même vol, le tarif peut descendre jusqu'à 100 euros et même moins chez certaines compagnies low cost, si le billet est acheté plusieurs mois à l'avance. «Par les temps qui courent, le marché du transport aérien est devenu un marché sauvage, et la concurrence y est rude en raison du grand nombre de compagnies aériennes de par le monde et donc du nombre d'avions qui circulent», fait remarquer un agent de voyages qui connaît bien les ficelles de l'aérien. Dans la réalité, toutes les compagnies ont adopté le système du yield management. La tarification est ainsi gérée par des logiciels qui affichent des prix selon le taux de remplissage des appareils à un moment donné et le degré de monopole exercé sur certains trajets. Les retards atteignent parfois des niveaux inacceptables Pour illustrer cela, il n'y a qu'à voir les tarifs appliqués au départ de Casablanca vers des destinations des pays d'Afrique subsaharienne. En effet, après un tour fait par la rédaction de La Vie éco auprès des différentes compagnies en tant que simples clients, un billet aller-retour Casablanca/Dakar vendu 618 euros chez Royal Air Maroc est facturé par Air France 1 093 euros et 2 941 euros chez Tunisair. Cependant, aucune de ces deux dernières compagnies ne dessert directement Dakar à partir de Casablanca et, dans un même vol, on peut trouver différents tarifs. Les compagnies low cost n'ont pas permis de démocratiser le voyage par avion pour les Marocains même si elles ont mis le billet à la portée d'une tranche de la population pour laquelle il était inaccessible. Du reste, après l'euphorie du début, les attitudes ont commencé à changer par rapport aux compagnies low cost. La multiplication des retards qui atteignent parfois des durées inacceptables et les mauvaises surprises à bord font que beaucoup d'usagers préfèrent payer plus cher pour voyager avec une compagnie régulière, souligne un tour-opérateur installé en France. En réalité, certaines de ces compagnies low cost ne disposent pas de la logistique nécessaire pour s'occuper de leurs clients en cas de problème. «A l'occasion des dernières vacances de Pâques, j'ai dû vendre une centaine de billets de la RAM à des étudiants marocains qu'une compagnie low cost avait abandonnés suite à une panne», affirme-t-il. Ce même voyagiste affirme que, quand on additionne le coût des petits inconvénients et suppléments exigés par les compagnies low cost, on se retrouve avec un coût du billet presque équivalent à celui des compagnies régulières. Ces propos sont confirmés à la lecture des conditions générales de vente de certaines compagnies low cost. Exemple qui se rapporte au bagage du voyageur : chaque passager a droit d'enregistrer une franchise bagage de 20 kg vendue lors de la réservation au prix de 9,50 euro (105 DH) aller simple. Au-dessus de cette franchise, le kilo supplémentaire est facturé 8 euros (90 DH) lors de la réservation via internet et 12 euros (120 DH) à l'aéroport. Par ailleurs, une fois à l'aéroport tout bagage non enregistré avec le billet est facturé 20 euros (230 DH) pièce. Dans certaines compagnies, il faut également payer pour manger ou boire à bord. Il y en a même qui pensent facturer l'usage des toilettes. Tout a un prix !