Pour les céréales et les légumineuses, les travaux des sols sont bien avancés par rapport à la moyenne. L'humidité favorise cependant le développement de maladies pour la pomme de terre et la tomate. Le Maroc n'a pas connu de début de campagne aussi pluvieux depuis des décennies. Avec un cumul pluviométrique moyen de 203 mm au 28 novembre, on atteint le double de la normale (moyenne sur 30 ans) et le triple de la campagne précédente. Cette importante quantité d'eau a permis une précocité aussi bien dans le travail du sol (+ 66% par rapport à la campagne précédente et 41% de plus que la normale) que dans les semis céréaliers. Selon la direction de la production végétale (Dpv) au ministère de l'agriculture, les emblavements ont atteint, au 28 novembre, 3,3 millions d'ha, soit 3 fois les superficies enregistrées pour la campagne précédente (1,1 million d'ha) et 3,3 fois la moyenne (1 million d'ha). A l'instar des céréales, les légumineuses en ont profité. Avec 100 000 ha, les superficies cultivées sont 2,5 fois plus élevées que la campagne précédente et le double de la moyenne. Idem pour les cultures sucrières dont les superficies ont atteint 51 000 ha contre 45 000 la campagne précédente. Pour les légumes, les précipitations sont globalement bénéfiques, surtout pour les cultures en cours comme le chou, le chou-fleur (en production actuellement), ou pour l'oignon en bour mis en place dans les régions de la Chaouia et de Meknès. En revanche, elles «sont gênantes pour les travaux d'entretien (traitements phytosanitaires et autres opérations) des cultures de plein champ puisque l'accès aux champs est rendu difficile», relève Allal Chibane, chef du service des cultures maraîchères à la Dpv. De même, l'humidité élevée crée des conditions favorables au développement de maladies cryptogamiques, comme le mildiou sur la pomme de terre et la tomate, sans compter les dégâts occasionnés par le froid accompagnant les pluies (ralentissement de la croissance, difficultés de nouaison…). Du point de vue des agrumes, on est en pleine période de cueillette des clémentines et des premières navels. Ahmed Derrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes au Maroc (Aspam), signale quelques difficultés dues à des vergers impraticables et des fruits gorgés d'eau, d'où quelques avaries dues aux manipulations (conditionnement et transport) et la nécessité d'attendre le ressuyage des fruits. Ces contraintes se traduisent par des retards dans les exportations, difficiles à rattraper en raison de l'arrivée d'autres variétés. L'accélération de la maturité entraîne l'accumulation de tonnages. La chute des températures favorise les rosacées Cependant, M. Derrab fait savoir que les précipitations sont bénéfiques à moyen et long terme. Sur le plan de la production, elles permettront l'amélioration des variétés de demi-saison (sanguine, salustiana, entrant en production début février) et tardives (Maroc late, démarrant début mars). L'arboriculture fruitière, surtout les rosacées (pommier, poirier…), tire également profit de la situation, même si les arbres sont actuellement en pleine période de dormance. En effet, l'accumulation d'importantes réserves en eau du sol permet la préparation d'un bon état végétatif des arbres pour la campagne suivante. De même, la chute des températures leur est favorable car elle satisfait leurs besoins en froid, nécessaire pour la production. A signaler à cet égard que les besoins en froid sont exprimés en nombre de jours de basses températures. Olives : les rendements peuvent augmenter Enfin, concernant l'olivier, «les précipitations en période de cueillette sont bénéfiques pour l'augmentation du rendement à l'hectare et pour la préparation de la campagne prochaine», explique Noureddine Ouazzani, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture (Ena) et directeur de l'agropole olivier de Meknès. Cependant, en plus de la difficulté d'accès aux oliveraies, le manque d'équipement adapté de récolte entraîne des retards dans les livraisons aux unités de trituration. Ainsi, pour une bonne «extractibilité» de l'huile, il faut attendre 2 à 3 jours, ce qui accentue les retards et influe sur la qualité de l'huile. En tout cas, les agriculteurs sont satisfaits de ce début de campagne et espèrent aussi que les autorités veilleront à éviter le renchérissement des intrants (engrais azotés de couverture) que les spéculateurs provoquent artificiellement en pareilles occasions.