Ils affichent des performances de 2% à 4% depuis le début de l'année. Les OPCVM obligations moyen et long terme accusent le coup avec des contre-performances allant jusqu'à -7%. Gérants et investisseurs manquent de visibilité quant au comportement du Trésor et optent pour un risque réduit en misant sur le court terme. Avec des fluctuations inédites, la Bourse de Casablanca attire sur elle toute l'attention. Pourtant, de l'action, les autres marchés n'en sont pas dépourvus. Preuve en est la situation des placements obligataires et monétaires. La récente révision à la hausse par Bank Al-Maghrib (BAM) de son taux directeur, entre autres événements, redistribue les cartes sur ces marchés, et plus particulièrement pour les OPCVM (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières) qui y investissent.Comment, justement, se portent ces fonds ? Sur quelle catégorie faut-il miser actuellement ? A l'examen des performances des OPCVM obligataires et monétaires, il ressort que ce sont surtout les fonds dont l'horizon d'investissement est court qui tirent leur épingle du jeu. De fait, au moment où l'ensemble des fonds obligations court terme (OCT) et monétaires connaissent une évolution favorable de leurs valeurs liquidatives depuis le début de l'année, les OPCVM obligations moyen et long terme (OMLT) affichent des performances plus mitigées. Néanmoins, dans cette dernière catégorie, l'éventail de variation d'un fonds à l'autre demeure large : de -7 à +4% de variation depuis début 2008, avec une forte concentration autour de 2%. En revanche, le monétaire et le court terme affichent invariablement des progressions allant jusqu'à 4% et d'au moins 2% (voir tableau des OPCVM page 53).L'explication de ces écarts entre long/moyen terme et court terme s'explique essentiellement par l'augmentation enregistrée sur le marché des taux. Tendancière jusqu'à avril 2008, la hausse des taux a fini par devenir plus affirmée au-delà de cette date, comme le pressentait l'ensemble des intervenants sur le marché. Le relèvement par BAM de son taux directeur a profité aux fonds à court terme C'est que toutes les conditions étaient réunies pour cela. Il y a d'abord eu l'effet de la morosité mondiale. «Le désengagement des investisseurs étrangers, qui ont eu à faire face aux effets de la crise internationale, et la détérioration de la balance des paiements ont accéléré l'assèchement des liquidités déjà en cours», explique Rachid Zraigui, directeur général de la société de gestion Orange Asset Management. Ensuite, le relèvement du taux directeur de 3,25% à 3,50% est venu bouleverser le statu quo.Son annonce s'est répercutée immédiatement sur le marché monétaire, et par à-coups sur le marché obligataire. «La hausse a d'abord influé sur les maturités de 3 à 6 mois pour ensuite gagner l'ensemble des maturités», fait savoir un intervenant sur le marché. «Toutes maturités confondues, et après répercussion intégrale des effets de la hausse du taux directeur, les augmentations enregistrées vont de 10 à 30 points de base», justifie-t-il. Partant du principe qu'en contexte de hausse des taux, les fonds obligataires, notamment ceux orientés vers le moyen et long terme, voient la valeur de leur actif net se déprécier (les bons qu'ils détiennent déjà en portefeuille étant assortis de taux moindres), ce sont tout naturellement les OPCVM OMLT qui ont accusé le coup. A fin octobre, l'actif net détenu par ces fonds enregistrait une augmentation de son actif net d'à peine 7% depuis le début de l'année contre une progression de 24% pour les OPCVM monétaires sur la même période.La petite santé des OPCVM obligataires pénalise dans les faits l'ensemble du marché des taux. «Acteurs de référence sur ce marché, les OPCVM ont vu leur force de frappe considérablement entamée», fait savoir un gérant de portefeuille. C'est que 2008 commençait sur une fausse note pour les organismes de gestion collective orientés obligations vu qu'à fin 2007, déjà, un début de hausse des taux n'a pas manqué de tirer à la baisse la valeur de leur actif net. Le marché de la dette privée peine à décoller Heureusement pour le marché obligataire, les institutionnels sont intervenus pour minimiser les dégâts. «Cependant, ces derniers se rabattent de plus en plus sur d'autres instruments de placement», confie un intervenant.Et pour cause, ils sont de plus en plus échaudés par le manque de visibilité dont pâtit l'obligataire, et les agissements du Trésor y sont pour beaucoup. Ce dernier «a déserté à tort le marché primaire», juge un gérant de portefeuille.En tout état de cause, le retour du Trésor sur les longues maturités risque de fragiliser le marché en le poussant à sur-réagir. Pour l'heure, son absence contribue à creuser l'écart entre les taux du marché primaire et ceux du secondaire. A titre d'exemple, il y a actuellement 100 points de base d'écart entre les deux marchés pour les bons du Trésor de maturité 15 ans. Le problème est que, pour combler cette absence, les investisseurs ne peuvent même pas se rabattre sur le marché de la dette privée. Bien que florissant, notamment grâce à l'explosion des certificats de dépôt émis par les banques (contraintes par BAM d'augmenter leur ratio de solvabilité), ce marché ne décolle toujours pas. Les professionnels évoquent l'atonie du marché secondaire pour ce type de dette, l'inefficacité du mode de détermination des spreads (écart entre le taux dont est assorti l'emprunt privé et l'emprunt d'Etat) et le non-recours au rating des emprunts privés, pour justifier cet état de fait. Une chose est sûre, pour les professionnels : le reste de l'année confirmera la tendance déjà en cours, à savoir que le monétaire et l'obligataire court terme continueront sur leur bonne lancée alors que l'obligataire moyen et long terme connaîtra une régression d'autant plus marquée.