134 millions d'unités écoulées en six mois. Les Marocains dépensent 330 DH par habitant et par an en médicaments. La part du générique reste faible,à peine 25%. Les industriels estiment qu'elle peut passer à 70% grà¢ce à une politique plus contraignante à l'encontre des médecins et pharmaciens. Augmenter le taux de pénétration des génériques sur le marché du médicament: tel est l'objectif de la campagne de sensibilisation à l'utilisation des génériques lancée depuis quelques semaines par le ministère de la santé et l'Agence nationale de l'assurance maladie (Anam). Cette initiative a été applaudie par les industriels qui estiment cependant que des mesures d'accompagnement sont à prévoir pour inciter une plus grande consommation de ces produits. Pour l'heure, disent-ils, la demande de génériques provient essentiellement du secteur public, tandis que le marché privé du médicament reste dominé par les princeps. Sur les dix dernières années, la part des génériques n'a que faiblement évolué et se situe aujourd'hui autour de 25%. Une part que les industriels, essentiellement les fabricants de génériques, voudraient faire passer à 70%. «Cela est tout à fait possible car les génériques, grâce à leur prix bas, peuvent répondre à une forte demande des couches au pouvoir d'achat limité et sans couverture médicale», indique le patron d'un laboratoire de la place. Le cas français mis en exergue Parmi les mesures d'accompagnement, il est suggéré de s'inspirer de ce qui se fait sous d'autres cieux, où les médecins refusant de prescrire des génériques s'exposent à des sanctions disciplinaires. Pour les pharmaciens, on propose d'adopter le système de marge dégressive qui consiste à accorder une marge de 30% sur les génériques et de 10% sur les princeps. Pour les patients, le refus des génériques peut entraîner la perte au droit du tiers payant. Ces mesures sont appliquées en France et leur transposition au Maroc peut être rendue difficile en raison des spécificités du pays. Toutefois, il est utile, soulignent certains industriels, de mener une réflexion dans ce sens. La volonté de chercher à augmenter le taux de pénétration des génériques est pleinement justifiée, explique Ali Sedrati, président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (Amip), si l'on considère qu'un large pan de la population n'a pas accès aux médicaments. La consommation de médicaments se situe autour de 303 DH par an et par habitant. Cependant, estime-t-il, «il ne faut pas oublier que c'est le médicament nouveau qui a permis le développement des génériques. Et, de ce fait, il faut soutenir et encourager les laboratoires qui font de la recherche et développent des produits nouveaux, permettant de soigner les nouvelles pathologies, et augmentent par là même l'espérance de vie des malades». Toutefois, à l'Amip, on demeure conscient du coût du médicament et de la réalité du marché qui se caractérise par un accès limité aux médicaments et l'impossibilité d'une large prise en charge, même dans le cadre de l'Amo, des médicaments nouveaux et coûteux. Les ventes de médicaments ont atteint 3,6 milliards de DH au premier semestre 2008 Malgré ces contraintes, les dernières statistiques de l'Amip laissent apparaître une évolution de 12% du marché pharmaceutique au cours du premier semestre 2008 par rapport à la même période de l'année précédente. Ainsi, le marché – privé, il faut le préciser – des médicaments est passé de 119 millions d'unités (boîtes, flacons…) écoulées durant le premier semestre 2007 à 134 millions au cours de la même période de l'année en cours. Le chiffre d'affaires s'est quant à lui situé à 3,6 milliards de DH au cours des six premiers mois de l'année 2008 contre 3,2 au premier semestre 2007. La hausse du chiffre d'affaires n'est pas seulement due à l'augmentation du volume (grâce, notamment, à l'effet de l'Amo qui se fait sentir) mais s'explique, selon certains industriels, par l'arrivée sur le marché de produits nouveaux au prix coûteux. Selon l'Amip, le secteur terminera l'exercice 2008 avec un chiffre d'affaires de 7 milliards de DH contre 6,1 milliards en 2007. Une prévision que ne partagent pas certains laboratoires, qui considèrent que le deuxième semestre 2008 a plutôt mal démarré en raison d'une faible demande, spécialement depuis le début septembre. Pour ce qui concerne le marché public, les industriels soulignent que les appels d'offres ont augmenté depuis le début de l'année. Ceci s'explique par le fait que le secteur public de la santé se prépare à l'entrée en vigueur du Ramed. Le marché public représente 10% de la consommation nationale et les appels d'offres sont passés, durant les trois dernières années, de 300 à 700 MDH en 2007. A partir de l'année en cours, ils sont portés à 900 MDH pour faire face aux besoins des populations démunies. Les achats portent essentiellement sur les génériques, ce qui permet à l'Etat de faire une économie de 4%.