Seulement 60 millions de boîtes vendues chaque année, sur un marché privé estimé à 200 millions Leur part dans les ventes à progressé de 19 à 30% seulement en dix ans Les professionnels réclament la mise en place d'une politique du générique. Le débat sur le développement du médicament générique ressurgit. L'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (Amip) a consacré, il y a quelques jours, une réunion à ce sujet, et, mardi 15 avril, l'Association marocaine des pharmaciens du secteur public (AMPSP) a organisé une conférence débat sur le thème : «Le générique en tant qu'outil d'amélioration de l'accès aux soins et de maîtrise des dépenses de la santé». Le problème du générique a été abordé à maintes reprises durant ces dernières années, notamment au moment des négociations de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Mais, aujourd'hui, dit-on dans le milieu pharmaceutique, «aborder la problématique des génériques revêt un grand intérêt surtout si le débat débouche sur la mise en place d'une politique du générique.» Celle-ci s'impose actuellement en raison des multiples chantiers en cours concernant l'accès aux soins, notamment la mise en place des nouveaux régimes de couverture médicale (Amo, Ramed, Inaya), la réforme hospitalière, ou encore la réforme du Code de la pharmacie qui prévoit des nouvelles conditions pour l'enregistrement des génériques. L'objectif actuel, selon certains spécialistes du dossier, est d'informer l'opinion publique sur la situation du générique au Maroc et d'encourager son utilisation. Trois facteurs militent pour la mise en place d'une politique du générique. D'abord, c'est un médicament qui coûte moins cher que le princeps tout en ayant les mêmes propriétés et la même qualité que la molécule mère. Ensuite, il améliorera l'accessibilité financière au médicament. Enfin, le générique permet une maîtrise de la dépense et un maintien de l'équilibre financier des organismes de prévoyance sociale. Pourtant, le taux de pénétration des génériques au Maroc reste limité. Au cours de la dernière décennie, il est passé de 19 à 30% à peine du marché privé des médicaments, estimé à 200 millions de boîtes vendues annuellement. Ce qui correspond à 60 millions de boîtes vendues sur le marché privé, soit 1,3 milliard de DH en valeur. Des groupements de fabricants pour l'export Dans les commandes du secteur public, la part des génériques représente certes 90% des médicaments consommés et le ministère de la santé a même augmenté de 300 MDH son budget médicaments. Il n'empêche que, dans l'ensemble, la part de marché des génériques ne progresse que lentement, malgré un prix inférieur de 30% à celui du princeps. La vingtaine de laboratoires qui travaillent dans le domaine a donc du mal à rentabiliser ses investissements. Pour remédier à la situation, ils se sont mis à exporter, notamment vers l'Afrique subsaharienne et le Maghreb. Si les exportations globales de l'industrie pharmaceutique représentent 8% du chiffre d'affaires global du secteur, qui avoisine les 5 milliards de DH, on ne dispose d'aucune estimation pour les exportations de génériques. Dans la profession, on avance qu'il y a d'importantes opportunités sur ce créneau. Que faire alors pour accroître les ventes locales et à l'international de génériques ? Une question sur laquelle doivent plancher les diverses parties impliquées. Pour le marché local, on préconise l'élaboration et la mise en place d'une campagne nationale de communication ciblant aussi bien les professionnels (notamment les prescripteurs) que le grand public. Pour les consommateurs, il s'agit d'expliquer que le générique, contrairement à ce que l'on croit, dispose des mêmes qualités thérapeutiques que le princeps. Pour ce qui est des prescripteurs, l'accent sera mis sur la notion d'accessibilité au médicament pour une large partie de la population qui ne dispose toujours pas de couverture médicale. Sur le plan international, une réflexion est menée au niveau de l'industrie pharmaceutique en vue d'encourager la création de groupements d'exportation pour faciliter l'accès à des marchés étrangers.